Au devenir d’« Elle »

mallice

« elle » coiffe la longue chevelure dorée d'« Elle », assise sur son petit tabouret de velours rose, ses grands yeux bleus s'admirent dans le miroir et dans l'ombre de son beau visage apparaît la figure triste d' « elle ». « elle » arrête soudains son geste répétitif et passe délicatement ses doigts entres quelques mèches d' « Elle », qu' « elle » noue d'un ruban bleu.

« elle » se regarde aussi dans le miroir et leurs regards se croisent, « elle » est aussi belle qu' « Elle » mais la richesse offre aux traits ce que le peuple définit comme la beauté. Ce n'est que sous le regard d'« elle » et par contraste avec elle, qu' «Elle » brille. La noblesse détient le monopole du beau ; sans « elle », « Elle » n'est qu'une luciole au soleil, invisible.

 « Parfumes – moi » ordonna t-« Elle », car ces joues rosées ne peuvent être qu'accompagnées d'un parfum de Grâce. C'« Elle » qui a le choix de son odeur remarquable ne sentira jamais ce que c'« elles » autres dégagent quotidiennement. « Oh comme l'argent sent bon » pensa-t-elle. « elle » et sa jalousie, « Elle » est sa prétention.

Née pour devenir « Elle », par cet ordre « Parfumes – moi », la jeune fille répond à cette injonction. Le costume d'or et de dentelle qui pare ses chairs d'enfant s'assemble à son esprit devenu supérieur simplement par ce qu'« Elle » possède de matériel.

« elle » lui présente une robe de satin bleu pâle, un chapeau de même teinte ; l'éclat des tissus rejaillit dans la glace et ressort sur l'arrière-plan noir et blanc du tablier qu'« elle » porte de manière uniforme.

L'éclat de l'originalité, la couleur, comme les odeurs ne sont pas à « elle », en plus de ne rien posséder « elle » ne s'appartient pas, « elle » est à « Elle » ce qu'« Elle » est à la définition de la beauté, soumise entre les mains de « Lui » : fermement, « elle » ressert nœud après nœud les rebords du corset de la b'« Elle » aristocrate.  

Signaler ce texte