Au lieutenant des taglaïs

midona04

Il se souvient de son enfance, mais ne raconte que les bons souvenirs, du moins, il les imagine bons.
Il avait six ans en 45.
Il se souvient de la pension, pour l'éloigner des jupes des femmes lui disait on.
Nostalgiquement, il repense à l'Algérie, le Tchad, le Centre Afrique ; A ses frères de légion.
La cicatrice de cette balle l'a emmené vers l'enseignement. Cette école du bled et cette ribambelle d'élèves lui criant "Taleb !".

Il se rappelle de tout ces enfants, et de ses hommes tombant sous ses yeux.

Le retour en France, la fuite vers l'Espagne, le régime de Franco.
Une femme, puis deux.
Le retour en France, encore une fois, l'enseignement puis l'exil dans l'Ardèche profonde avec des moutons, avec une femme. Qu'il essaie de quitter depuis des années.

Les fouilles archéologiques, et l'enseignement, et l'amour, encore, cette fois ci c'est le bon.
L'Argentine, le Perou, les demandes d'adoption...
L'arrivée d'un enfant, le sien.

Tout cela il s'en rappelle, chaque jour, en dépoussièrent un de ses livre du XVIIIe siècle.
Les photos sont dans sa tête, le bonheur aussi.
Alors, une énième fois, il se rappelle une branche du périple de sa vie.
Coincé dans une époque où les femmes ne sortaient qu'avec des gants blancs, il cherche à raconter pour ne pas oublier.

Dans son souvenir le plus joyeux, il tient la main d'une petite fille blonde comme un petit garçon tout fier.
A l'instant, il y repense, tout à l'heure il en parlera, mais personne ne l'écoutera.
"Non je ne radote pas" dira t'il.


Au lieutenant des Taglaïs.

Signaler ce texte