AU MATIN

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Pauvre...

 À quoi penses-tu lorsque tu regardes la mer ? Aux marins disparus, aux bateaux crevés par des lames monstrueuses ? Tes yeux sont gris et toujours humides, ce sont des yeux de petite vie, de petite femme fragile. Ici, il pleut souvent et le vent est fou. Pourquoi as-tu l'air si triste lorsque le soir tombe ? Moi, je te serre dans mes bras et je voudrais t'offrir l'Amérique, tout là-bas de l'autre côté de l'horizon. Tu verras, nous y arriverons. Un jour, je te ferai un enfant et tu n'auras plus les yeux d'une mendiante de l'amour, mais ceux d'une femme libre d'aimer. Parce que moi, je t'aime, tu le sais, n'est-ce pas ? Tes mains sont froides, tes pieds sont froids, tu n'as jamais eu de chaleur en toi : ce n'est pas de ta faute, pas assez de nourriture, trop de mauvaises nuits avec la peur de le savoir englouti lui aussi ! Ton père qui partait pêcher la sardine par tous les temps. Tu étais petite, tu craignais de ne plus le revoir. Tu ne dis rien ? Qu'est-ce que tu dis ? Juste ce souffle inerte et tiède entre tes lèvres. Ma pauvre femme, tu m'as abandonné, je te laisse dormir.

AMISDESMOTS

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