Au pays de la caféine.

majorelle

Et ma tasse de café noir,
Tournoie lentement et se marre.

Sûrement de mes yeux posés sur elle,
Aussi ternes que mes cauchemars.
Elle rigole, pince sans-rire, intérieurement, à mes dépends;
Je pose mes lèvres et son sourire amer se répand,
Sur ma langue d'abord, qui s'embrase sans extase,
Sur mon palais ensuite, anesthésié déjà par trop d'amertume,
Dans ma gorge pour finir, il reste bloqué, stoppé net dans sa course par un embouteillage d'hypocrisie et d'âpreté.

Je m'étouffe sans un bruit,

Maudissant mon addictologue de ne m'avoir prescrit,
Un cachet destructo-efficace de plus afin de soigner,
Ma passion dévorante pour ce liquide caféiné.

Tout autour de moi ça pue la fausseté,
Les bons gens sont bien heureux et bien portants,

Gloussent à qui peut le mieux et se pavanent merveilleusement.
Mes tympans se sentent agressés par une geignarde chansonnette de fin d'année,
Ma vue, elle, obstruée par les lumières criardes et féroces semblables à des gyrophares effrénés.

Mais qu'est-ce que je fous là?!

Avec lassitude je replonge dans ma tasse de café,
J'ai toujours l'espoir d'y trouver refuge mais c'est vrai,

J'comprends mieux son air narquois,
Elle doit se demander pourquoi je ne piaille pas,
Comme une dinde pré-farcie d'idéaux matérialisés.

Madame, sachez que votre affront ne m'atteint nullement !

Et sur ces belles paroles je prends mon envol,
Me lève élégamment et quitte la tête haute
La basse-cour outrée par ma sortie digne d'une dramaturgie chirurgicale.
Mais blanche-colombe s'étale de tout son long,
Achevant l'Aventure sur le carrelage souillé,
Aux pieds de Mesdames les gallinacées,
Ne voulant en perdre une miette, se mettent à picorer...
Ce qu'il reste de mon humanité.

Et ma tasse de café noir,
Se fend carrément la poire.

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