Audrey
Gilles Agnoux
Deux petites bulles qui
S'envolent en éclat
En haut d'un verre de muscat.
Deux petites filles qui
D'une danse, fabrique un jeu,
Complexe et sirupeux.
Deux petites mains qui,
Parcourant le clavier
Dessinent la plus douce des mélopées.
Puis vont comme elles s'en viennent,
Caresser en d'autres temps
D'autres joues et d'autres sangs.
Deux petites notes qui
Se prolongent, languissent et
Sonnent la fin d'une nuit d'été,
Sans lune et sans regrets
Deux petits pas sur le sable mouillé,
Deux petites traces laissées à jamais
Sur les pages noircies par une louve
assoiffée de viande et de chanson
Deux petites fées qui
Virevoltent au son du téhachessé
Deux petits chaussons chaussés
Par des mains si fines qu'on
Les aurait cru filées
Dans la soie d'un bon bourdon.
Deux petits vélos qui
Tournent dans ma tête.
D'un coup de pédale,
Les voici dans les tours dites de mon cœur.
Deux coups de bonheur et
Voilà deux petites souris.
L'une rousse et l'autre étourdie,
L'une grignote et l'autre ballotte.
Deux petites dame, de celles
Qu'on prend plaisir à regarder sans
Intervenir pour toutes
Les ivresses de la planète.
Deux petites photos que l'on
Encadrera, que l'on acheminera
Au dessus des brasiers où nous
lâcherons les plus belles bombes,
Celles que nos mains laveront,
Sur ces dentiers décollés par la tombe.
Quelques lettres griffonnées sur le papier
Quelques mots répétés, encore une fois,
Puis d'autres...
Jusqu'à ce que
La soif d'un destin
Plus entraînant
Plus éloquent
S'amuse à nous embrasser puis
Nous lâcher dans les plaines d'une
Amplitude telle
Que même mes yeux en crèveront
Et puis un jour,
Tout sera parfait.
Les deux enragés deviendront des forêts,
Les rats tiendront la barre du Hollandais,
Les danses atteindront nos doux sillons,
Les tornades insuffleront des rires aux papillons,
Et les chiens
Fumeront enfin.
Un jour, oui, tout sera parfait.
Ce jour viendra,
Où je chanterais ces deux mots là :
Au-Drey.