Autopsie d'une révolution
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Autopsie d'une révolution:
Nous voilà, en blouse blanche, devant un grand corps mort
Qui ne fait plus très peur à l'histoire.
Cadavre à la renverse, vert, sur une table révulsée,
Exsangue et froid comme la terre autour des tombes.
Et les deux grands yeux vides qui n'exigent plus sous les paupières.
« Voilà le Scandale, juste avant le tombeau, épinglé comme un papillon sous les scalpels. »
Pense tout le monde qui commence à douter des discours établis...
Le chirurgien demande en des termes compliqué la cause du trépas avec l'air de celui qui a toujours su.
Toute une assemblée très instruite s'arrache alors la réponse avec les contradictions réglées par l'usage. Puis on attend.
L'étudiant en médecine prend des notes, dans un coin.
« nous notons ici que le corps a subi de nombreuses contusions. Les os ne font plus structure tant ils ont été brisés. Si les forces vitales n'ont jamais été atteintes proprement, nous pouvons déduire qu'il a trépassé à cause de l'épuisement de ses forces ...»
« Vous croyez vraiment? Je crois au contraire qu'il était rongé depuis très longtemps de l'intérieur, qu'un cancer profond s'est lentement chargé de ses cellules »
« Absurde. Il s'agit d'un meurtre. Par empoisonnement. C'est bien clair à l'aspect des commissures... »
L'étudiant en médecine prend des notes, dans un coin.
« Un crime suppose un meurtrier, et un meurtrier doit être poursuivi »
« Absurde! » S'évertue à beugler le chirurgien, mais sa voix ne porte plus.
Et la salle en émoi se hérissa tout d'un coup. Autour du cadavre bourdonnant comme des mouches, les étudiants se pressaient avec leurs outils coupants pour vérifier le verdict. Le chirurgien aidé des infirmiers tentait de faire barrage, mais les membres volaient en éclat dans une belle profusion rouge. Sur le nez des autorités médicales, des poings s'abattaient violemment, et des pieds ronflants des intellectuels partaient très haut des coups. La salle silencieuse de la morgue était devenu un concert de mémoires. Lorsque le calme revint, le corps avait disparu.
Et l'étudiant en médecine referma silencieusement son carnet.