"Avance, laisse-les klaxonner"
uris
Le père d'Hugo était un aventurier. D'abord, les problèmes de la vie l'avaient défini ainsi, puis son propre parcours en avait fait une de ses principales caractéristiques. Abandonné par sa famille du fait de son aversion pour la religion, il avait quitté le foyer à l'âge de 16 ans. Durant près de 2 ans, les réverbères de la gare ont illuminé ses nuits, et les grammes d'alcool ont assombri ses jours. Puis, le Dieu de la curiosité avait fait tomber des mains d'un jeune étudiant pressé un court extrait des Raisins de la Colère de Steinbeck. Le chapitre 14 pour être précis. Le punk à chien qu'il était devenu avait laissé son regard pour quelques instants à l'abandon sur ces feuilles de papier. Nous ne parlerons pas de déclic, mais plutôt d'envies, d'attraction. L'envie d'évasion et de réflexion suscité par ce court extrait lui servirai à chercher un horizon, à agir, pour ne plus se croire ortie mais devenir rose, sans l'aide d'un rosé chaud, presque cuit. Aidé par son frère, il avait repris sa vie en main. Je ne parle pas ici d'assimilation, mais d'un espoir retrouvé, d'un rapport de force rééquilibré avec les autres acteurs de ce monde. Il travailla aux récoltes de pommes, de cerises, aux vendanges de maïs, en Espagne, en France, en Nouvelle-Zélande. Puis il s'installa en Auvergne pour fonder sa propre exploitation agricole, y eut deux enfants, avec la meilleure amie de sa mère. Oui, dans chaque histoire il y a des détails...
Percuté par un poids lourd, sa moto ne fit pas le poids, et il ne devint plus que le cauchemar d'un chauffeur détruit par une seconde d'inattention.
La solitude, l'alcool, les drogues, la littérature, le travail, l'amour. Hugo devenait aujourd'hui pupille de l'attraction.