Avril 2012

matthias-desmoulin

Chamberet du 14 au 23 avril

Machine à remonter le temps

M’arrachant aux griffes de l’antique cité

Filant à travers le printemps vert tendre

Je sais qu’un piano m’attend

D’abord la grande Bibliothèque

Puis très vite des pavillons

Des cheminées-cigarettes

Et enfin des arbres, des prés verts

Dans la machine une fraicheur

Une brune fraicheur à côté

Des collines aux contours flous

Une grisaille comme laine

Je revois instantanément

Le parfum des champs

Celui du pain dans le vieux four

Du sang chaud du porc

Qui gicle sur la terre affamée

Tout l’univers dans une motte

Tout le cosmos dans une goutte

Aucun vide dans nos espaces

Le Néant n’existe pas

Celui qui cultive sait

La terre nourrit tout

Et le sang nourrit la terre

Orange et souriant

Emprunté d’ivresse

Combien oublions-nous

Ombragé des processeurs

Etourdis

Nous ne sommes ni ici

Ni ailleurs

Prisonniers des temps infinis

Dans l’espace

Le sang de la prêtresse

Dans ces forêts sombres

S’écoule sur nos bras

Dans nos gorges avides

Tout est déjà là

Nous ne sommes ni d’ici

Ni d’ailleurs

Comme l’insecte bleu-noir

Nous gambadons dans le vide

Combien de fois

Franchissions-nous ce ruisseau

Aveuglés par l’autre rive

Nous effleurions ce gué

D’un pas de gigue

D’un équilibre horizontal

Et revenir

Arbres

Poils de la terre

Si minuscules

Pourtant clef de tout le vivant

Aller à la campagne

Chez Pauline

À la campagne on passe toujours

Des heures innombrables à discuter

Sur un banc de chêne

Autour d’une table monumentale

Près de l’âtre  

À manger la vie puisée dans le jardin

A rire à boire du bon vin

Toujours autour d’un piano généreux et indulgent 

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