Ballast

Christian Lemoine

La prochaine gare, le prochain train, ce sera toujours mieux. Les temps accumulés, les expériences positives. L’écoute exercée sur des morales absconses. Le prochain quai. Et la correspondance renouvelée, ouvrant sur des couloirs, des voies exploratoires où arpenter les devenirs joyeux. Le prochain port, après que la tempête en aura balayé les vieilles carcasses ossifiées, vestiges vermoulus, fossiles ensablés. Le prochain quai repris de lames, tendu vers des îles soudain surgies de la mer, à l’envers des présages, quand on croyait que les banquises défaites engloutiraient des archipels idylliques. Le prochain train, la prochaine gare, pour le prochain voyage où la voie ne craint plus l’effondrement du ballast, l’écroulement du tunnel, l’échappement du pont, ni même les arguments brutaux d’une guerre. Le prochain pas de tir pour des planètes neuves. Et pourquoi pas ! Le prochain train, avec ses voyageurs sanglés de porte-bagages surannés, comme une assurance d’atteindre le bord de l’océan.
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