BARADOM, deux dents contre qui ?

« Vises un peu ça ! » Fit Clément à Aline. Il poussa avec son majeur et son index sa lèvre supérieure laissant apparaître ses prémolaires en argent. 
«  Haaa ! Comment tu t'es fait ça ? Questionna Aline.
- Chez le dentiste. 
- T'aurai mieux fait d'aller chez le bijoutier ! »
Répliqua Aline, l'aire fière de sa vanne. Clément fit un rictus. La commissure de ses lèvres s'éclata en vapes de fumée blanche qui s'écoulaient entre les murs d'argents qui lui servaient de dents. 
« Je n'ai pas un look hip-hop, pas de bling theeth pour moi. » Poursuivit-il. Il plissa les yeux. Aline l'affronta du regard. 
« Non … Tes dents te donnent un air de requin, coutumier du larcin ! » fit Aline. Clément, non déconcerté, crocheta sa lèvre du haut avec son index révélant sa gencive écarlate. Des veines pressurisées semblaient faire le lien entre sa chaire élastique et ses prémolaires statiques. Dans sa position improbable, Clément parla :
« C'est aseptisée, tu le vois, c'est clean. Quand j'étais jeune, je fumais pas moins d'un paquet de cigarette par jour, une bonne dizaine de joints, et quand je ne fumais pas de l'herbe, je buvais du café. J'avais pour coutume de dégoupiller des bières avec ces deux là ! À la dur. Puis, je me gavais
de sucreries : des roses moelleuses aux odeurs de fruits rouges et à l'acidité tenue. Mes dents fermes les pressaient, et ma langue avide recueillait la mouille qui en découlait. Mais ce qu'elles veulent, c'est une matière plus consistante, vivante, grasse, aux joues écarlates, qui se tient béate face à moi et dont le regard ne dit pas non. »
D'un éclat Clément lâcha sa lèvre pendante. Le son net et fort poussa d'un sursaut Aline et tout son corps, le poing fermé à l'assaut de la joue gauche de Clément. Ce dernier voltigea de sa chaise, emportant dans sa chute les tabourets alentours. Au sol des dents blanches éclatées se noyaient dans le sang. 
« ça te fera une nouvelle histoire à raconter pour tes prochaines fausses dents. Porc !» s'exclama Aline, fière de sa droite.