Bas les masques

ivy

Peut-être que tu avais raison. Peut-être que j'ai peur pour toujours. Peut-être que je ne peux aimer quelqu'un qui ne soit pas en train de mourir aussi. Cela fait tellement d'années maintenant que je me bats, que j'en ai perdu le sens. Je ne sais plus si je me bats contre lui, contre moi, contre les autres. Je ne suis même pas certaine de le faire pour moi. 

Je crois qu'au fond, il n'a jamais été question de me sauver. J'ai toujours su ce que serait ma fin. J'ai toujours su que le trou qu'il a creusé dans ma poitrine serait mon repos éternel. Je sens encore ses mots me lacérer le torse, ses doigts m'écarter les jambes, son souffle d'éthanol me paralyser. Rien n'a jamais été aussi certain que le fait que je le retrouverai dans tous mes songes et à mon dernier souffle, comme il me l'avait promis. 

Me battre contre lui, je n'ai jamais su le faire. Comment se battre contre ce qui nous définit ? Contre ce qui nous a construit, ce qui nous a nourrit ? 

Se battre pour soi, dans quel but ? Il a annihilé mon être, a imprégné chacune de mes cellules. Se battre pour les autres à la limite, pour les faire sourire, les rendre heureux. Se mentir à soi-même pour se fondre dans la masse. Bien-sûr que je suis comme les autres, je rigole, je sors, je m'enivre, je travaille, je gagne ma vie, j'aime. Évidemment que j'en suis capable. Ce n'est pas plus compliqué qu'un joli sourire sur un corps dynamique et une voix enjouée, le tour est joué, la performance a convaincu, les rideaux se ferment, bas les masques. 


  • Merci Ftero, votre texte est magnifique. Il me parle beaucoup en effet.

    · Il y a plus d'un an ·
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    ivy

  • Merci pour ce texte dans lequel je me reconnais
    Si c’est un témoignage, si ce sont vos pensées alors sachez qu’ici vous avez une alliée
    Ça m’a inspiré un texte que j’aimerai vous partager

    · Il y a plus d'un an ·
    Img 0567

    Fterò Asterioù

    • On se bats pour les autres
      Les autres se battent pour nous
      On accepte notre sort
      Eux le refuse pour nous

      L’horreur figée jusque dans les cellules
      C’est le renouvellement
      Qui prend du temps
      Invisible trace indélébile
      Que l’on cache derrière
      Le masque de la sympathie
      Joie de vivre forcée
      Qui fait encore plus mal
      Quand il n’y a plus personne
      Pour nous le faire porter
      Au final c’est ce masque
      Que l’on hais

      Pourtant nous
      On a rien demandé
      On paye plus cher
      Que celui qui nous l’a fait
      Alors cette injustice
      Est trop lourde à porter
      Serons-nous un jour libérés

      Je suis forte
      Tout cela c’est du passé
      Mais la vrai moi au fond
      Dans quel état elle est

      · Il y a plus d'un an ·
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      Fterò Asterioù

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