Bataille

franekbalboa

Dans un autre monde se trouvaient plusieurs guerriers au talent sans égal. Un jeune homme avait réussi à en défaire 7 sur les 8. La dernière était tout simplement la meilleure aux yeux du garçon, celle qu'il admirait depuis des années et dont le style de combat était définitivement sans commune mesure. Elle apprit qu'il avait défait les 7, et fut épatée, elle-même n'avait réussi à en défaire que 4. Néanmoins elle se dit que le style du garçon devrait être intéressant. Elle commandait une unité de la légion dans son pays. Son habileté lame à la main avait bien peu d'équivalents.
Ce garçon dont elle avait entendu parler finit par se mettre en route pour affronter celle qu'il avait tant admirée. Arrivant dans son royaume, il demanda à la rencontrer. Elle l'accueillit dans une cour assez grande pour le combat, il la salua:
"Bonjour Dame Alvilda.
-Bonjour.
-Veuillez pardonner mon impolitesse mais pourrions nous échanger un repas ensemble, je viens de loin."
Elle fut surprise de cette requête. Chacun des adversaires qu'elle avait affrontés lui avait sauté dessus sans aucun dialogue. Cet homme là était poli, courtois, élégant, et semblait étonnamment doux malgré la grande balafre qui lui barrait la joue et la lame qu'il portait à son flanc.
Elle accepta, souriant, il lui rendit son sourire et s'inclina poliment. Elle le fit accompagner afin qu'il puisse faire un brin de toilette, puis l'accompagna dans sa salle d'entraînement où elle déjeunait habituellement.
Il remercia la dame et avala sans parler sa collation. C'est à ce moment qu'un soldat entra catastrophé:
"Générale ! L'armée du sud attaque !
-L'armée du sud ? N'étions nous pas en trêve ?
-Ils l'ont brisée, ils ont détruit quelques avant-postes et se dirigent vers nous.
-Bien."
Elle se leva et enfila une armure sans même prendre la peine de dire au garçon de sortir. Elle ramassa son épée et se tourna vers lui :
" Navré mais notre duel devra attendre.
-Vous ne gagnerez pas.
-Nous n'avons pas encore croisé le fer et vous êtes si sûrs de vous ?
-Je parlais de la bataille à venir.
-Pardon ?
-Il s'agit du général Casar, il possède une force plus meurtrière que celle des 8 guerriers réunis avec son armée, ils sont parfaitement organisés, et chirurgicaux. S'il attaque c'est qu'il est sûr de pouvoir gagner.
-Je ne resterai pas sans rien faire.
-Emmenez-moi. Je serai le grain de sable.
-Le grain de sable ?
-Celui qui fait se bloquer l'engrenage, qui ruine son plan si méticuleusement préparé depuis des années, la donnée imprévisible qu'il ne comptait pas voir face à lui.
-Vous le connaissez ? "
Le garçon ne répondit pas. Il se contenta de hocher les épaules et caresse la balafre sur sa joue. Il fixa la générale de ses yeux gris-bleus, attendant sa décision.
" Accompagnez-moi alors. Peut-être pourrez vous nous être utile."
À leur arrivée sur une immense plaine, la bataille était déjà engagée, un des commandants salua la générale et l'informa:
"On recule sur tous les fronts. Leur puissance est impressionnante, même nos tactiques de rouleaux offensifs semblent sans effets sur eux. Ils contrent tout et nous repoussent avec une vigueur incroyable.
-On recule... Partout ?
-Oui générale.
-Ça n'est pas possible... Il doit y avoir quelque chose... Un moyen de se sortir de là... "
Elle analysa avec soin ce qui se trouvait devant. Elle vit un point faible, logique sur une formation portée vers l'offensive. Elle s'apprêtait à ordonner une attaque sur cette zone quand le garçon prit la parole:
"Je vous le déconseille, générale.
-Pardon ?
-Inutile. Il s'attend à ce que vous attaquiez à cet endroit précis.
-Quel endroit ?"
Le garçon montra exactement l'endroit qu'elle avait vu.
"Votre vision du champ de bataille est intéressante mais étroite. Il ne faut pas voir chaque formation individuellement, mais le tout comme un ensemble. Avez vous déjà entendu parler des phalanges ?
-Militairement ? Non.
-Ce sont des unités compactes dotées de piques relativement longues. Les hommes sont échelonnés afin de ne jamais laisser un espace à l'adversaire. Lorsque tombe la première ligne, les lanciers qui n'étaient pas à portée baissent leur pique afin de perpétuer le rouleau. Vos lanciers ont l'air expérimentés, je vous suggère cette tactique sur le point où vos troupes reculent le plus. Et sur le fameux point "faible", des tirs fournis d'archers et d'arbalétriers."
La générale le regarda. Malgré son air solitaire, il semblait rompu à l'art de la stratégie et à celui de la guerre. Elle hésita un instant et décida de lui faire confiance.
" Bien. Dites à nos meilleurs lanciers de former une phalange comme l'a expliqué... Euh...
-Svanto.
-Comme l'a expliqué Svanto.
-Bien madame."
L'homme s'inclina et fila au pas de course en direction d'une troupe de lanciers qui attendait les ordres. La générale était intriguée par ce garçon, et allait l'interroger quand il se mit en mouvement. Elle décida de le suivre.
Il se dirigea vers l'un des onagres et discuta avec l'un des soldat. L'homme fut surpris mais acquiesça et donna des ordres à ses hommes. Ils dévièrent la pièce, et Alvilda arriva alors.
"Que fais-tu ?
-J'vais me le faire.
-Qui ?
-Le général Connard !
-Y'a toute sa garde rapprochée ! Ils sont des monstres paraît-il...
-T'as qu'à venir!
-Je... Bon d'accord !"
Elle s'agaçait de voir le garçon faire n'importe quoi, d'autant que se propulser avec un onagre relevait de la folie pure… Il était royalement cinglé… Il l'interpella.

“ Tu sais comment on fait pour bloquer un élan aussi fort ?

-Je… Non…

-Tu balances un sort brasier au max de sa puissance en face de toi ! FEU !”

L'onagre le projeta avec une puissance incroyable. Il souriait et s'envola en direction des airs. Elle vit au loin une gigantesque flamme jaillir et s'écraser autour de la garde du commandant ennemi, quelques secondes plus tard, des hommes furent projetés et elle sentit une onde de choc remarquable faire vibrer l'environnement autour d'elle. Elle trembla pour la première fois depuis des années, elle était certaine que c'étaient ces deux types qui avaient provoqué l'onde de choc… Elle était montée dans l'onagre.

Elle hésita.

“Madame..?

-Je…

-Descendez, vous n'avez pas l'air bien…

-Feu.

-Pardon ?

-FEU C'EST UN ORDRE !”

Elle fut projetée avec une force incroyable et s'envola aussi aisément qu'un oiseau. Après des secondes aussi courtes qu'elles furent longues, elle projeta un brasier à pleine puissance face à elle, le combat s'approchait, elle sentait l'animosité et les coups des deux combattants. A son atterrissage elle constata que tous les gardes avaient été vaincus. Plus loin le garçon se battait contre le commandant ennemi avec vigueur.

“On faiblit petite frappe ?

-Fumier ! Tu vas voir ! Noir absolu !”

Le général Casar fit jaillir une lumière totalement noire, et l'environnement fut totalement obscurci, le garçon s'arrêta et sourit, il attrapa un pan de sa veste et l'arracha, puis il se banda les yeux.

Le général hurla de colère, furieux que son adversaire semble se foutre autant de lui.

Il chargea, sa guandao à la main. Les coups furent très facilement évités par le jeune garçon, après quelques minutes d'esquive il envoya un coup d'épée qui fit sortir le général de l'obscurité. Aveuglé par la nouvelle lumière, il ne vit pas le garçon foncer de nouveau l'épée à la main. La générale était effarée par le combat tout comme les soldats autour. Le coup porté fut exceptionnel de puissance et de précision. Il ouvrit la moitié du cou et trancha un bras, le général ricana et fut nimbé d'une onde noire. Une lame noir surgit de son bras tranché, et il fonça sur le garçon. Il attaqua avec une célérité et une vigueur démultipliée, le garçon avait plus de peine à esquiver mais le fit sans problèmes. Après quelques instants le général s'arrêta et son corps pencha étrangement vers l'arrière il tourna la tête et croisa le regard d'Alvilda. Elle fut saisie d'un instant de terreur en sentant son envie de meurtre, et l'instant d'après, Svanto était devant elle et avait protégé la dame. Le général s'était transformé en une créature ténébreuse, et elle était terrifiée, ce garçon l'avait défendue, et une lumière émanait maintenant du garçon.

“T'es prêt ? C'est le moment.

-Meurs vermine !”

L'aura de ténèbres fut tranchée par la lumière du garçon, puis il fit un simple geste vers la droite. Après quelques instants, le rire du général laissa place à des cris répétés, quelque chose était en train de le découper avec vitesse et force, à de multiples endroits et de plus en plus vite.

Le garçon ne bougeait plus et son adversaire tomba en lambeaux. Puis il se détourna afin de retourner vers les troupes alliées, la générale le regarda stupéfaite et ébahie, et terrifiée malgré tout, elle devrait défaire ce type qui venait de découper en morceaux un adversaire avec une force et des pouvoirs qui la dépassaient, alors qu'il allait lui parler il s'arrêta net. Quelque chose n'allait pas. Son regard exprimait une peur et une douleur inquiétante, la générale le vit légèrement tourner la tête alors qu'une lame d'un violet ténébreux lui transperçait le torse. Elle fut prise d'une colère noire et fonça vers la créature, elle envoya son attaque la plus puissante, un estoc lourd et incroyablement vif, devant son attaque, les contours de la créature semblaient perdre de leur sombre éclat et une lumière pure en jaillissait. Elle ne laissa même pas à la créature le soin de répliquer. Elle trancha encore et encore et encore, la lumière prenant le pas sur l'impureté ténébreuse du monstre, elle finit par l'achever, l'ayant découpé à de multiples reprises, bien qu'elle ne comprit pas pourquoi ses attaques avaient plus d'effet que celles du garçon.

Elle regarda la lumière dissoudre son opposant de général et se tourna vers le garçon dont le torse était sanglant, elle vit ce visage qui était crispé et endoloris, ne se posa pas plus de questions que ça et l'installa sur ses épaules.

La défaite eut un effet étonnant sur le champ de bataille. La vigueur des troupes avait été réduite en miettes et les forces d'Alvilda prenaient maintenant l'avantage un peu partout. Elle se dépêcha de retourner au château afin de soigner celui qui devait l'affronter. Elle voulait comprendre ce qui s'était passé, mais ce Svanto resta de nombreuses semaines dans un état critique et sous une surveillance constante des médecins qui le soignèrent aussi bien qu'ils le purent, mais la profondeur de la blessure et l'intense fatigue n'arrangèrent rien.

Elle attendrait patiemment.

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