Bébé volé

Lieu : Place de Catalogne, Paris 14^ème arrondissement.

Bébé volé, bébé volé,

Je suis un bébé volé, sans identité.

Je suis américain, un homme aujourd’hui, né en 1973.

Victime du franquisme,

Officiellement adopté en Espagne, mes parents m’ont acheté.

3 millions de pesetas, je valais 3 millions de pesetas.

Mes parents m’ont acheté pour le prix d’une maison.

Une maison qu’ils avaient, qu’ils ont vendu, pour acheter un enfant.

Désespérément tristes, seuls, stériles, un enfant amène la vie.

Transaction, hôpital, une religieuse, mon père me prend dans ses bras contre une valise de billets.

Le bonheur enfin trouvé, je suis choyé.

Enfance insouciante, adolescence troublée,

Des rêves, des rêves d’une autre vie,

Conflits, chocs des âges, des visions de la vie,

Des cauchemars, des bébés morts, une femme qui pleure.

Je cherche une réponse à ma souffrance intérieure.

Révélation. Diego, mon ami, m’annonce que mes parents ne le sont pas

Un soupir, son père sur son lit de mort, lui révèle qu’il a été adopté comme moi

Révélation, enfin, lumière dans mon cœur, cataclysme dans ma vie

Tourner la page, oui, tourner la page d’une vie entière

Ma femme, mes enfants, mon divorce

Expliquer ma quête d’identité

Internet, témoignages, test ADN, réunions

Une rencontre, un groupe de parole, un appel

On a retrouvé ma mère

Luz a 60 ans

Les mêmes yeux, la même bouche, le même sourire

Enfin tout expliquer, un échange de regards, ses bras pour me soutenir

Un torrent de larmes, des mots échangés

Mère célibataire, elle s’est retrouvée à l’hôpital avec des religieuses

Elle m’a pleuré 40 ans, elle m’a toujours su vivant quand on me disait mort

La faute à qui ?

Ils ont joué avec ma vie, l’ont totalement changé

Aujourd’hui Je réunis ma famille

Grand-mère, Luz rencontre ses petits-enfants pour la première fois

Tout aurait pu être  si différent

Luz, une lumière dans la nuit, s’est éteinte aujourd’hui.

La tristesse m’envahit mais une certitude m’habite

Seul, je ne serai plus jamais seul.