Bernar Venet à Cergy-Pontoise

Yves Schwarzbach

Préface

Territoires de méditation

 

Un catalogue, me direz-vous, encore un catalogue : Bernar Venet en 6 sculptures, 68 pages et 20 euros…

Un beau livre sur un artiste célèbre, bourdieusement alangui sur une table basse (Knoll ?) entre canapé (Cassina ?) et fauteuils (Perriand ?) images du bon ton contemporain comme ils l'étaient du bon tableau selon Claude Monnet. Un centimètre de reliure qui voisinera les catalogues de Beaubourg, de la FIAC ou du MOMA ?

Plus que toute autre, l'œuvre de Bernar Venet essouffle le commentaire qui prolifère en matière d'art contemporain. Elle exige une anatomie clinique rigoureuse comme la construction mentale et matérielle des œuvres. Le pari est réussi : tandis que dans les « lieux de monstration » ou sur les écrans s'exhibe la représentation de la représentation, ce livre nous rappelle qu'un art peut être matière et émotion, ni image ni langage, et n'avoir d'autre sens que sa présence.

D'emblée, François Barré, ancien directeur de Beaubourg et des Arts plastiques au ministère de la culture, réfute l'anecdote. En deux pages sobres comme l'acier des sculptures ou du scalpel, il pose la « règle du jeu » d'un artiste dont la quête vise à s'affranchir du symbolique.

Dans l'essai qui suit, Jean-Pierre Plundr, artiste valdoisien, se penche au chevet des œuvres présentées à Cergy-Pontoise. Décrit, analyse. Et conclut à l'inquiétude – diagnostic qu'on peut ne pas partager tant paraissent sereins le portrait de l'artiste et les œuvres elles-mêmes.

Le très sobre travail photographique de Lionel Pagès nous vaut aussi des images d'autant plus « parlantes » qu'elles sont libérées de leur statut d'illustrations. A travers l'objectif, l'œuvre donne l'échelle de l'espace, macroscopique et microscopique. La richesse de la matière se déploie, dans ses harmonies et ses ruptures. Et l'oeil reconstitue la contemplation de tous les sens.

A voir, à lire et à méditer…

 

 

 

Bernar Venet à Cergy-Pontoise

Catalogue illustré – éd. Jean-Michel Place – avril 2005

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