Besoin de toi...
Caïn Bates
J'ai besoin de toi comme d'une infirmière quand je me demande ce que je fous ici et que je colle ma tête pendant des heures sur l'oreiller, tétanisé, assommé, incapable de rien. J'en ai marre de faire semblant, j'en ai marre de faire comme si tout me glissait dessus, j'en peux plus d'entendre les sirènes même à travers le double vitrage, on prend les mêmes et on recommence. Je m'étais décidé à sortir parce que je ne supportais plus d'être chez moi, je suis allé rejoindre des gens dans un de ces pubs irlandais merdiques qu'on trouve sur les grands boulevards. À une table sur ma gauche, il y avait un groupe de filles dont une qui m'a tout de suite plu. Elle était un peu mate de peau mais avec des cheveux châtains clairs ou blonds foncés, je sais jamais. Mais surtout, elle avait l'air douce, bienveillante et sereine comme si elle n'avait renoncé à rien, comme si elle avait jamais douté de la beauté du monde, ni de celle des Hommes. Je me suis fait quelques films, osés mais jolis, restait tout de même à établir le contact ce qui est impossible à faire en réalité, on nous le fait croire dans les films mais c'est une vaste arnaque. Ça m'est retombé dessus d'un coup, je me suis senti seul, triste et fatigué. J'y arrive pas sans toi, j'arrive plus à encaisser. Comment est-ce que ça va se finir?! Comment est ce que je vais faire?!
J'ai besoin de toi comme d'une infirmière, que tu répares ma tête et mes sentiments qui ne fonctionnent plus bien. Que tu refasses mes stocks de sérotonines, que tu me dises que c'est rien... J'ai compris que tu voulais pas de moi pour l'instant mais je me force à croire qu'avec du temps tu changeras d'avis et dans mes nuits, je rêve encore que tu m'emmènes danser jusqu'au matin. Sur la musique, on va on vient, on s'éloigne et on revient puis tu t'élances et je te tiens, je te retiens du bout des doigts pour te ramener contre moi. Corps contre corps, main dans la main, plus rien n'existe.
Je me suis fait tirer de mes pensées de la pire façon possible, une grande claque sur l'épaule, le truc que je déteste, envoyée par un genre de rugbyman pas très discret, un gars que je connaissais un peu. "Alors ça va l'artiste?!" il me dit, "Les amours, tout ça?! D'ailleurs aux concerts tu dois bien te faire plaisir, mon salaud!" Le genre de choses qui met tout de suite super à l'aise, qui te rapproche encore un peu plus de l'eunuque dans son harem. Je lui réponds que ça, c'est soit un mythe complet, soit c'est moi et mes petits camarades qui sommes des manches. Évidemment, il se met à me charrier, me dit que c'est pas possible, que j'ai un problème, que je suis pédé. Pauvre vieux, si tu savais combien de fois je me suis posé la question.
Sincèrement qu'est-ce qui déconne chez moi?! Pourquoi dès qu'il y en a une qui est gentille je me barre en courant?! Ça m'est retombé dessus d'un coup, je me suis senti seul, triste et fatigué. J'y arrive pas sans toi, j'arrive plus à encaisser. Comment est-ce que ça va se finir?! Comment est ce que je vais faire?!
J'ai besoin de toi comme d'une infirmière, que tu me dises que je suis hors de danger, que mon état va s'améliorer. Que tu passes ta main dans mes cheveux, que tu prennes ma vie pour en faire quelque chose de mieux. J'ai compris que tu voulais pas de moi pour l'instant, mais je me force à croire qu'avec du temps tu changeras d'avis et dans mes nuits, je rêve encore que tu m'emmènes danser.
J'ai besoin de toi comme d'une cigarette ou d'un verre à chaque fois que je dois sortir dans la foule. Je me dis que ça peut pas être comme ça, qu'il doit y avoir autre chose. Jusqu'ici j'ai pas trouvé des tas de raisons d'exister mais j'ai besoin de croire en quelque chose de profond, de solide, j'ai besoin d'être porté par un espoir. Je voudrais faire l'effort permanent et sublime, je voudrais être à tes côtés, simplement, pour que la vie ne puisse jamais nous mettre à genoux.
J'ai besoin de toi comme d'une infirmière, que tu m'aides à trouver le sommeil, qu'on se réveille dans des draps blancs, que tu me dises que ce n'était qu'un mauvais rêve, que tout ça c'est derrière moi maintenant.