Bestiale condition
Jean Claude Blanc
Bestiale condition
Fine araignée tisse sa toile
Un papillon, elle a flairé
Entortillé le misérable
Par distraction pris au filet
Dure condition à cogiter
Il se débat, agite ses ailes
Mais à beau faire, l'araigne cruelle
Elle l'a piqué, poison mortel
C'est sa nature, cette rebelle
Prend son temps pour le torturer
Fait des chichis, pour l'exciter
Attend le moment de le hisser
En sa tanière le crucifier
La tarentule, la nuit discrète
Quand le quidam songe à dormir
Fait son marché, toujours en quête
D'un bon client à se farcir
Le papillon, libre comme l'air
Pas habitué à toucher terre
Car s'il ose, pas de pardon
Pour les rampants, son compte est bon
Ne bouge plus, git sur le dos
A renoncé à batailler
De toute façon pris au lasso
Par l'araignée frêle mais futée
S'approche doucement pour s'enquérir
S'il vit encore ou s'il est mort
Mais la hideuse, ça la fait rire
De voir faiblir ce pauvre corps
Glisse le long du fil d'Ariane
Cette acrobate, athlète géniale
Hésite encore, se méfie
De ses réflexes inassouvis
Finalement, c'est la curée
Se précipite, toute la famille
Beau papillon vite dépecé
Comme un gibier qu'on déshabille
On s'imagine le monde des Hommes
Qui font semblant, d'être les plus forts
Pour les sauver, y'a plus personne
Ça rend modeste connaitre nos torts
Papillonner, si c'est votre cas
Pour séduire des tas de nanas
Choisissez bien, selon votre goût
Pourriez trouver, plus fort que vous
Quelle noble vertu, d'être solidaire
Quand on est riche, ça coûte pas cher
Mais l'inconnu, que vous aidez
Pourrait un jour vous dépasser
Le doux rêveur d'un monde parfait
Passe sa vie à l'espérer
Sûrement maso, souffre-douleur
De ses pulsions, bourreau des cœurs
Philosopher sur l'univers
Sur nos galères de cette Terre
Ça sert à rien, on est soumis
A supporter nos ennemis
A définir la société
Comme un ensemble de sujets
Qui se soutiennent, bon gré mal gré
On met de côté, les moins gâtés
D'une chenille, qui se prélasse
Lui pousse des ailes, gagne l'espace
Mais elle ignore la menace
De la bébête, race vorace
Le fier à bras, ce gros bêta
Gonfle ses muscles, donne de la voix
Passant par-là, le moindre virus
Lui ronge les sangs, comme une sangsue
Tout ça pour dire ma compassion
Pour l'agonie d'un papillon
Le sort des mites souvent bestial
Celle des Etres, pas plus enviable
L'existence n'est qu'une aventure
Les animaux aussi se battent
Jamais par haine, cools créatures
De triompher jamais s'en flattent
Sage leçon pour les humains
Mauvais ou simples citoyens
Qui se laissent guider par leur destin
Se cassent les reins en clandestins
Les bêtes n'agissent que par instinct
S'entredévorent quand elles ont faim JC Blanc mai 2015 (fable, l'araignée et le papillon)