Bien le silence partout

virginiet

Un diastème, c’est un peu les dents du bonheur. En musique, c’est un peu de silence. Bien le silence partout, crie-t-il. Ecrit-il. On ne voit pas ses dents sur les photos, on voit son allure de baroudeur, ses yeux colorés de noirceur. On voit surtout un grand cœur, plein de trous et de reprises, qu’il tâche d’encre, et de malheur. Diastème, est un auteur amoureux, qui écrit, mais qui se demande pourquoi on lit des histoires  d’amour, puisqu’au final, nous sommes toujours malheureux en les lisant.

Assise dans un train, fuyant un trop pâle quotidien, je fuis Paris et je pleure dans le wagon, face aux visages statues qui m’entourent. Mon cœur est en berne. Je cherche dans mes valises bien le silence partout de Diastème, comme antidote, comme médoc, comme béquille.

C’est l’histoire d’un homme qui veut toujours garder les fins pour plus tard, la fin de Belle du Seigneur, pour après, pour des temps meilleurs, comme une praline sur une brioche. C’est l’histoire d’un être qui ne veut jamais voir la fin de l’amour. Pourtant, sa praline est partie. L’auteur nous accompagne dans sa souffrance, mais aussi dans la nôtre. Nous lisons et nous nous serrons les coudes, auteur-lecteur, je lis et je me dis que moi aussi, ça m’arrive parfois de taper dans une bouteille de whisky. J’ai lu pour comprendre que, nous non plus, nous ne comprenons  pas pourquoi nous faisons le contraire et agissons la tête à l’envers. Ce livre retourne, secoue, attrape les tripes, compresse les artères, remue l’intérieur. Nous en avons pour des heures, mais dans tout ce malheur, dans cette belle opacité, il y a des reflets.

Une claque, ça peut se prendre très tard.

Moi, en revanche, je ne voulais pas garder cette fin pour plus tard, pour des temps meilleurs, car celle-ci m’a presque guérie de mes malheurs. Elle peut sauver d’autres âmes en peines, par la justesse des maux.

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