A moi de passer, le Passeur

gelau

« Jonas vit dans un monde sans couleur, et sans sentiment », c’est ainsi que commençait ma fiche de lecture de 6ème. Dans le livre, Jonas avait 12 ans, et moi aussi. Je me souviens du jour où l’on m’avait offert ce livre. Il était épais pour mon âge ; à 10 ans, je pensais ne jamais le lire. J’eus tort.


A mon entrée au collège, il fallut choisir un livre et en faire un résumé. J’aimais lire certes, mais je voulais étudier un livre particulier, un livre différent de ceux qu’auraient pu prendre mes camarades. C’est ainsi que mon attention se porta sur ce livre que j’avais délaissé quelques années auparavant. Je le dévorais d’une traite, et ma mère, appliquée à suivre mes devoirs le lut aussi. Notre conclusion fut commune : renversant.
« Le Passeur » me répétais-je… Un titre particulier qui pouvait cacher tout un tas d’histoires. Et ce livre n’en manquait pas.
Un monde en noir et blanc ? Un monde où la tristesse, la faim n’existent pas ? Un monde où tous sont égaux ? Oui, voilà ce que ce livre dépeint : une utopie. J’adaptais chaque lieu décrit à un endroit que je connaissais, et tout collait. Cet auteur dressait le tableau de ma ville ! Enfin, c’est ce que je croyais, jusqu’à ce qu’avec le recul, des années plus tard, je comprenne que chacun pouvait s’y retrouver dans ces écrits. Tout dans ce livre me faisait réfléchir : comment vivre dans un monde sans joie ? Mais j’eus tout de même un regret à la fin de ma lecture, je fus déçue d’avoir les yeux marrons. Pourquoi marrons et pas bleus comme le héros ? C’était aux personnages aux yeux bleus qu’il arrivait les aventures les plus palpitantes. Loin d’une idéologie politique, ce livre est passionnant et captivant. L’histoire, pleine de mystère, nous emporte à travers des sentiments simples et parfaitement décrits. Le Passeur, cet homme qui vieillit au fil des souvenirs me fait chaque jour penser à quel point les souvenirs sont importants. Le bonheur est important, et bien plus important que nos peines.
Je pensais ne jamais lire ce livre, et j’eus tort. A ce jour, il reste le livre que j’ai lu le plus grand nombre de fois, sans jamais me lasser. Chaque lecture m’offre une nouvelle version de l’histoire, une manière de la voir plus mature chaque fois.


Dans quelques jours, après des années de silence, je revois celle qui m’a offert ce livre magnifique. L’occasion alors de la remercier plus sincèrement que le jour où elle me l’a apporté.

Je vous fais part de mon expérience parce que je pense que ce livre est un incontournable. Lois Lowry, son auteur, exprime à merveille chaque détail. Je dois aujourd’hui tourner la page. Je pense avoir lu assez de fois l’histoire pour l’avoir explorer dans ses moindres mots.
Maintenant, à moi de passer, le Passeur…

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