Bienvenue à la Maison

ake

Le soleil se couche sur une île aux belles eaux.

Assise dans sa chambre elle essaie de ravaler les larmes qui grondent, il ne faut pas qu'elles coulent, non il ne faut pas. Si elle s'abandonne alors les souvenirs reviendront et elle ne peut pas, elle ne veut pas se rappeler.

Se rappeler c'est mal, et ça fait mal

Se rappeler c'est prendre le risque d'ouvrir une porte derrière laquelle sont tapis des démons, ses démons.

Elle grogne, les mots ne sont pas percutants pas assez originaux, essayer de trouver une métaphore différente, se concentrer sur ce qu'elle écrit pour ne pas penser à la porte fermée de la chambre de sa mère derrière laquelle elle doit sûrement boire un verre ou deux.... ou trois.

Cette porte qu'il ne faut surtout pas ouvrir sans frapper son peine de se faire vertement engueuler et d'être frappé de plein fouet mais par le mélange alcool menthe. Pas de l'alcool à la menthe non la menthe que l'on suce pour cacher les odeurs mais qui ne fait que les exacerber.

Elle regarde cette porte close et essaie de ne pas penser à ce qui se cache derrière. Ne pas se rappeler, fermer fort les yeux, essayer d'oublier. Ne pas lui permettre de venir. Non, pas lui, pas le souvenir de ces mains, de SES mains dans son sexe, de son regard coquin, pendant qu'il la touchait, oublier cette gêne. Oublier avec quelle voix posée il lui avait demandé de sentir ses doigts après l'avoir surprise à se masturber pour soit disant prouver que ce n'était pas ce qu'elle faisait. Oublier sa honte quand, surprise devant un film porno, un des siens, il avait voulu lui expliquer comment les gens faisaient. Ne surtout pas y penser pour se pas exploser en sanglots, ne pas y penser pour ne pas s'effondrer.

NE

PAS

PENSER

A cet aveu douloureux qu'elle avait fait à sa mère, cette même mère qui se cache derrière une porte fermée, et à sa tante, à ce dossier ouvert et si vite refermé.

Oublié. Enseveli. Aucune d'elles ne sentait sa gêne face à lui, aucune d'elles ne comprenait. Elles la laissaient y aller, passer du temps avec lui. C'est normal non de passer du temps avec son père ?

Ne pas penser au regard de son père, ne pas penser à celui qui l'a brisée en morceaux, de petits morceaux, des morceaux d'elle qui devaient rester assemblés.

Ces morceaux d'elle qui avaient tendance à vouloir s'échapper à chaque fois qu'elle posait le pied sur son île bien aîmée.

  • http://www.welovewords.com/documents/reflexion-sur-la-journee-detude-sur-la-pedocriminalite-dans-une-relation-dautorite

    · Il y a presque 12 ans ·
    Gants rouge gruauu 465

    eaven

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