Un poème des âmes éteintes : bifurcations et fondations
rechab
Il n'y a qu'à suivre les bifurcations,
les accents aigus, les hésitations
que l'on trouve très profondément
enfouis sous le ciment,
le parcours des moisissures,
les convulsions obscures
d'anciennes canalisations,
l'éventail sournois des failles,
on devinera que la maison
a de ces desseins obscurs
le souvenir de couches de peinture,
qui lentement se délivrent
en révélant les entrailles
vert de gris
des tuyaux de cuivre
pour nous livrer ses secrets enfouis.
Il y a encore quelques fluides
qui utilisent ce parcours:
on ne sait pas exactement
d'où proviennent des bruits sourds
les tremblements, les ronflements,
au sein même de l'humide:
ils sont comme le début d'un discours
où les paroles s'encanaillent ,
encore indistinctes
un poème des âmes éteintes
qui ondule sous la tapisserie
ou quand on ouvre les robinets,
- qui n'est pas encore traduit
mais qui se libère de l'étreinte
des soudures de plomberie
voire quelques pets ( sauf votre respect )-,
le tout défiant la censure :
il ne vous a pas échappé que même la peinture
prend quelques libertés
avec le décor standardisé
et les pierres de taille :
comme la tuyauterie
elle a quelques écarts de conduite
on la surprend qui s'écaille
change de teinte à la moindre fuite:
une façon d'affirmer avec quelque fantaisie
une réponse aux courants d'air.
N'en doutons pas, cela ferait quelque peine
aux portraits des ancêtres
suspendus de travers,
notamment celui de la châtelaine
n'étant pas encore prête à admettre
les conséquences de l'évolution,
qui sape lentement ses fondations...