A chaque jour suffit sa haine

A chaque jour suffit sa haine. Et la mienne est à mon image : elle est lâche. Elle se cache et dans la noirceur de mes tripes, elle hiberne. La Haine vient de soi, la haine nait de soi, la haine n'aime haïr que soi. 

Elle est garce la haine. Elle guette. Elle trépigne de sortir, de s'injecter dans l'œil, de suinter par les pores, de couler aux lèvres comme la bave à la gueule d'un molosse. Elle aime l'ego la haine. Plus il est grand plus elle a de place pour se complaire. Plus il est piqué et plus elle se renforce. Parce que la haine qu'il t'inspire n'est que le reflet de ce que tu t'inspire. 

Eloge de la fuite. On planque, on entasse, on couvre en oubliant que ça bout toujours plus vite a couvert. Sifflement. Ca commence a deborder mais on ne regarde pas, on ne veut pas lever le couvercle de peur que la boite de Pandore ne se révèle plus pleine que ce qu'on est près à tolérer. 

Être la salope de l'un et la sainte de l'autre. Être la généreuse de l'un et l'égoïste de l'autre. Être l'un ou l'autre, être l'un et l'autre. Etre ? Est-on seulement ? Trop de paradoxes et de contradictions pour y voir clair, pour se voir clair. 

Le clair devient glaire, la peine devient haine et on ne peut plus se voir, on ne se digère plus, on glisse dans le gouffre de notre propre Soi, le vrai, celui qu'on craint, la bête noire qu'on a toujours tenue en laisse mais qui rompt les liens. Comme on rompt avec sa raison, quand les ficelles craquent et que le pantin s'emmêle avec lui même. 

Je n'ai pas de fin ou de conclusion. Quelques mots lâchés sur l'écran. Accepter le pire et le laisser cracher quelques bribes de rage faussement contenue. Ça apaisera peut être la haine.