Bitches brew

Damien Nivelet

J'aime le bruit, la fureur. J'aime également le silence. Les deux me sont nécessaires.
Pour exprimer ce qui me sert de créativité, j'écris en écoutant de la musique. Et pas forcément "une chanson douce que me chantait ma maman". J'aime la folie, le chaos, le désordre (mais pas que...). Ce soir, mon âme brouillonne bouillonne. Elle me réclame "Bitches Brew" du grand Miles Davis, un monument sonore complètement barré. Je mets donc le disque.
Ça part dans tous les sens. Ça vaut mille pastilles de LSD, je vois des couleurs que je ne croyais jamais voir, les arc-en-ciels paraissent bien fadasses à côté. Tout bouge autour de moi, à commencer par les murs qui apparaissent et disparaissent. J'ai la tête qui tourne, où est l'envers, où est l'endroit? Parlons-en de l'endroit, je ne suis plus si sûr d'être là où je pensais. Peu importe! Je suis en voyage dans les méandres de mon cerveau qui a l'impression qu'il va exploser. Le seul repère est la musique, tantôt calme tantôt énervée. On s'accroche à un instru, et un autre prend sa place. Les musiciens partagent leur folie et leur créativité. Ils sont libres, vivants !!! Je flotte dans un environnement incertain, entouré de ces sons fantasmagoriques. Certains prendraient la fuite, pas moi, en tout cas, pas ce soir... Miles, le génial Miles jouait le dos tourné au public. Beaucoup croient que c'était par timidité, ou alors par mégalomanie. Non, il se cachait du démon qui possédait son âme. Démon, prends-moi moi aussi, emmène-moi loin de ce monde de fous. Si l'Enfer ressemble à ce que je perçois ce soir, je veux y aller et ne plus revenir. La musique est la clé pour y parvenir peut-être?
Le disque s'arrête. Retour au silence... Retour au réel... Retour chez les fous... Peut-être est-ce mieux ainsi...

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