Black metal

Lili Ridenow

Une petite envolée qui tente de décrire ce qu'est pour moi le black metal, j'ai hésité à le publier car je m'approche un peu du mysticisme et cela plait rarement, alors je vous prie, soyez objectifs.

Quand il fait froid et sombre, il est possible de faire le choix de s'inonder de lumière pour oublier sa peine c'est ce que beaucoup choisissent, mais il y a une autre voie, celle d'accepter cette situation et de l'apprécier. Se plonger entièrement dans l'obscurité glacée permet de comprendre et d'accepter la douleur, se plonger dans le black metal c'est ça.

C'est cette totale union, cette acceptation absolue de la souffrance, de la noirceur, de l'horreur de ce monde et c'est s'y abandonner en rompant ainsi toutes les barrières morales.


L'écoute du black metal nécessite un certain état d'esprit, pour pouvoir l'apprécier dans toute sa plénitude.

Ecouter l'album In the nightside eclipse par une belle journée d'été à la plage risquerait d'ôter la profondeur qu'ont les chansons. Si vous écoutez ces musiques alors que la nuit tombe, en regardant les froides étoiles apparaître une à une dans le ciel assombri, vous ressentirez jusqu'au tréfonds de votre âme ce son.

Quand j'ai écouté pour la première fois Emperor j'étais très jeune et cela m'a fait peur. Je me suis retrouvée recroquevillée dans un coin de ma chambre terrorisée à l'idée que des monstres sortis des profondeurs de l'Enfer viennent me trouver. Puis, peu à peu j'ai apprivoisé cette musique.

En moi s'est ouvert un monde différent, un souffle nouveau s'est élevé de mes poumons, une force gigantesque partant du creux de mon ventre et remontant jusqu'à mon âme m'a emportée vers un océan de noirceur et de pouvoir. Soudain, je n'avais plus peur des monstres car le monstre c'était moi.

Cette musique m'a permis d'accepter pleinement mes démons intérieurs et d'en faire une force et non pas une faiblesse que je projetterai hors de moi et qui m'effraierais. J'étais forte, gigantesque, puissante. Pendant des années, alors que je rentrai chez moi le soir en passant par un petit bois peu rassurant, je mettais Emperor à plein volume et j'aurai pu affronter toute une armée.


Toutefois, l'amour que je porte au black metal est né d'une rencontre, une rencontre musicale bien sur avec un des anciens chanteurs du groupe Mayhem, Dead.

Si j'étais croyante je dirais que ce jour-là j'ai rencontré dieu. Cette voix m'a transpercé l'âme et je n'ai jamais cessé de la chérir. Chaque fois que je ferme les yeux en écoutant Freezing Moon, je suis transportée dans mon petit sanctuaire qu'est cette plaine enneigée. Je ressens au plus profond de moi-même ce froid qui me glace le cœur et je sais alors, que jamais je ne serai seule.

Il est pour moi le symbole du black metal dans toute sa grandeur et son obscurité, mais aussi dans toute sa simplicité. Et surtout, personne ne fera plus de concert comme lui en faisait. Il est celui qui a donné au black metal son âme, et en a fait non seulement une musique bien particulière mais aussi une mise en scène unique au monde.


Cependant, il est mort depuis bien longtemps et le black metal perdure même s'il se dégrade beaucoup.

Pourtant, il reste aujourd'hui une incarnation du black metal, le dernier blackeux… Gaahl.


Je n'ai jamais été une grande admiratrice de Gorgoroth, ni de la voix de Gaahl, j'ai toujours préféré Immortal, Dissection ou Darkthrone. Pourtant j'ai toujours été fascinée par ce personnage. Cette sobriété, cette grandeur, ce regard impénétrable, et bien sur parce qu'il est le dernier à faire de véritables concerts de black metal.

En juin 2013 j'ai assisté pour la première fois à l'un de ses concerts, j'attendais beaucoup de ce concert et j'ai été comblée au-delà de mes plus folles espérances. J'ai vécu une heure de transe totale. Sa voix, sa prestance, sa présence, j'ai été éblouie. C'était une expérience presque ésotérique, mon âme s'est éveillée, mon être a été transcendé, il n'y a pas de mots suffisamment forts pour décrire cette sensation.


Le black metal est bien plus qu'un simple style de musique, c'est une façon de vivre, de penser, presqu'un dogme. Je ne pense jamais que j'aime le black metal mais toujours que j'ai foi en lui. Le black metal est ma religion, ce qui est amusant car le black metal est tout le contraire d'une religion puisque c'est la liberté.

Pendant cette heure qui m'a semblé durer si peu, j'ai connu l'extase que vivent certains mystiques. J'ai touché du doigt ce que nul ne peut atteindre, j'ai connu ce sublimement de l'être qu'est le ressenti de la Liberté Absolue.

  • J'avais peur que ce texte tombe dans les clichés, mais heureusement non, je trouve que tu as bien exprimé ton ressentiment sans tomber dans les stéréotypes. Bravo !

    · Il y a presque 10 ans ·
    Imageldd1

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  • très beau point de vue sur ce qu'est le métal, et le black métal, au delà de ce que pense les plus touché par les stéréotypes, tu montre que ce n'est pas le cas, bravo ! :)

    · Il y a presque 10 ans ·
    Fingerpaintmagic 20140709132605

    globi

  • Le black métal c'est pas ma came mais ton texte oui;-) Tu as bien fait de le publier car il défend très bien ce style musical et nous fait comprendre ce qu'il t'apporte. J'ai bcp aimé la phrase ''tout le contraire d'une religion puisque c'est la liberté'' car je pense la même chose sur les religions en général. A bientôt!

    · Il y a presque 10 ans ·
    Unnamed

    Mélanie Courtois

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