Blessures de famille
Jean Claude Blanc
Blessures de famille
Un pote m'a confié, ses blessures de famille
En sa maison de pierre, bucolique trop vide
Y passe ses étés, patraque mais lucide
Personne à l'horizon, est devenu la cible
Des critiques intestines qui le rendent irascible
Alors fait de son mieux pour distraire ses journées
Bricolage et ménage, noircir ses cahiers
Je l'avais prévenu, tout seul resterait
S'il ose aborder de trop fâcheux sujets
Passe son temps à faire, la liste de ses copains
Sincères dignes et intègres sur les doigts d'une seule main
A l'écart de ses proches et autres cousins germains
Pourtant brave type sensible, de liens, il a besoin
Maudire sa parenté, c'est fuir ses racines
Et mettre à la poubelle, les souvenirs intimes
Sans la complicité, la confiance tombe en ruine
De s'en accommoder, se demande à quoi ça rime
A la fuite en avant désormais abonné
Ignore ses ainés, tellement désabusé
Malgré qu'il soit avide, d'un air de nouveauté
Craint d'entrer dans un monde, qui lui est étranger
Ne regarde plus au loin, faillir son destin
Ancré dans le présent, honore ses voisins
Qu'ils soient jeunes ou vieux, bons, mauvais citoyens
Ce qui compte avant tout, c'est se donner la main
On est souvent trahi, par nos plus chers Etres
De faux frères fiers à bras même qu'ils nous en promettent
Versant des larmes factices, de joie et de misères
Se prévalant altruistes, bien gentils, solidaires…
Ce soir, c'est l'amertume, qui lui monte à la gorge
Pleurant son désarroi, comme un cochon qui grogne
Peut-être est-il un porc, par ses écrits, s'arroge
Le droit de plaisanter, sur ceux qui font la trogne
Pas brillant son moral, plaidoyer superflu
A trop se faire de bile, il s'est perdu de vue
« Pour les siens », si j'ose dire, est un hurluberlu
Mérite le châtiment, le goudron et les plumes
Dans le genre Lucky Luke, est le corniaud toutou
Dans la série Tintin, le fouille merde Milou
Faut de tout pour faire tribu, des fous et des filous
Lui est tout à la fois, mais ça fait des jaloux
En honnête camarade, je partage sa rage
Etant de cette lignée, de la race des sauvages
J'en dessine le portrait, en philosophe sage
Dans mon miroir n'y voit, qu'identique héritage
Bonne grâce pour sa mère, vieille dame sans manière
Même si précocement, elle a péché de chair
Son rituel, le connait, en deuil toujours amère
Lui attribue sans cesse, son sale caractère
C'est ainsi que bouda, ce pauvre gars « fouchtra »
En termes moins fleuris « fous le camp, bouge-toi de là »
Maternelle virulente, en témoignent ses éclats
Au candide habitué aux passages à tabac
Retour en sa chaumière, on fait trinquer nos verres
Car ça ne sert à rien, prêcher dans le désert
Mais ces scènes coutumières, par petites touches légères
Font perdre les repères, la chance d'y voir plus clair
A trop s'en raconter, devant sa cheminée
En perd la raison, ça devient un enfer
Juste pour le faire marrer, lui sers quelques pamphlets
Destinés à sa mère, aux colères ordurières
Ainsi culminent mes vers mais au second degré
Carburent mes humeurs, à la médiocrité
Mon pote, je l'invite, à bien se distancer
De ces indifférents, qui pensent qu'à leur nichée
Des fables de la Fontaine, retenu la leçon
Appris à être con, n'ayant plus d'opinion
Mon compère vieux renard, acquiert son savoir faire
Au son de mes poèmes, qui conchient cancanières
Flambante sa bicoque, dans ses baskets à l'aise
Qu'importent les boniments, la rogne de sa maman
De souffler sur les braises à contre sens du vent
Conseil à méditer, que ça plaise ou déplaise
Témoignage sur le vif, d'une saga familiale
De la même portée, filiation guère fiable
La nature s'ingénie, à montrer ce qui brille
Tandis que parmi les nôtres, y'a des lâches qui resquillent
Philosophie acquise à grands coups de battoir
Assénés par sa mère, d'une arrogance rare
A bien y réfléchir, ce n'est pas par hasard
Que mon émotive vieille branche, sombre dans le désespoir
Aussi clown humaniste, le pousse à faire l'artiste
Jouer les imbéciles, déserter les fumistes JC Blanc août 2015 (pour un ami cher…)