Bleu klein

vadim

Je revois l’été en regardant dans mon verre. Saouls dans l’avion à coups de porto et de whisky, le cagnard brûlant, partout, les nuits en caleçon sur la terrasse en pierre à regarder les étoiles en buvant doucement de la bière ou du vin blanc ou rouge, le sable et les mégots enfoncés dedans, les peaux brunies en maillot de bain, les barbecues dans le jardin à l’herbe jaunie, brûlée comme nous, les maisons blanches et bleues sur le ciel uniforme et les églises orthodoxes qui sentent l’encens, les journées à la plage à nager jusqu’à la bouée et à lire, une paire d’enceinte sur une serviette, le feu d’artifice sur la marina, les cocktails et les bières et le whisky et la glace que nous achetons par sacs pour nous rafraîchir le soir et les sorties en voilier à plonger dans l’eau turquoise et chaude depuis la proue ou la poupe sous le cagnard encore et les jambes agitées pour faire du surplace dans la mer avec le fracas doux de l’eau contre les rochers, avec le vin blanc le midi et le souffle des vagues et les criques avec des rochers couleur sable et l’eau transparente et les bancs de sable, les lunettes de soleil inamovibles et Stereo Love à pleine puissance partout où nous allons et la petite voiture avec laquelle nous parcourons l’île et ses routes pleines de poussière en hurlant, les jeux de cartes stupides et les informations à la télévision grecque avec le son coupé et les nuits en club avec les bouteilles volées, encore plus de rires que d’habitude et les bagarres qui explosent presque et les filles, toujours françaises, et les cris et les cendres et les baffles assourdissantes et les dry martinis mal dosés et puis la brune aux cheveux courts et bouclés et la bouche narquoise en marinière, juste avant de partir, réticente, prise, dit-elle, qui change d’avis très vite quand je l’embrasse et qui me tire en courant vers la plage où nous couchons ensemble et puis Pierre et son air de chien mouillé et le sourire de Claire quand elle est contente et Dorian, saoul, qui danse en portant une chaise, et Malcolm qui roule les joints que nous fumons affalés dans les chaises longues et les courses poursuites dans les rayons du supermarché avec les caddies plein d’alcool et de tomates et de concombres et de tatziki, les parties de football ridicules sur la plage, et les dernières gouttes de bière qui bouillent au soleil sur les tables en bois posées à côté des transats à 4 euros l’après-midi et encore Stereo Love et puis la vue sur les ferries le matin en buvant le café sur la terrasse et les bougies, le calme bleu, du ciel et de l’eau et le mien, et la crème solaire dans les dos délicieux et les bretelles qui tombent, et puis le retour triste, et plus d’alcool encore dans l’avion.

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