Bloody Feather / Chapitre 8: Et puis sonne la 13ème heure...
Caïn Bates
Le poignard dans la manche, je me retourne lentement tandis que l'homme s'approche pas à pas. Bien que son visage soit dur, il ne semble pas en colère et marche d'un pas lent mais confiant. Une fois presque à ma portée, il croise mon regard et me souris.
"Bonsoir cher voisin."
Je me rends compte de ma stupidité, j'ai presque failli poignarder un innocent par instinct. Cette ville nous transforme peu à peu en animaux. Après nous avoir gardés aussi longtemps en cage, elle nous relâche par plaisir de nous voir nous entre-dévorer. Je repense aux exécutions sur la place, je suis parti sans savoir ce qui aller se passer, j'espère juste ne pas m'être fais remarqué. Après avoir verrouillé la porte de mon appartement, je me dirige vers mon bureau et me positionne derrière la fenêtre. La ville est plongée dans l'obscurité, seul le brasier clignote au loin.
"Citoyen, sortez immédiatement et rendez vous. Si vous coopérez, aucun mal ne vous sera fait."
`Quelqu'un tambourine violemment à la porte, je me déplace sans un bruit et verrouille le bureau. Les coups s'intensifient au fil des secondes, ma seule issue reste la fenêtre. Seul problème, j'ai volontairement brisé le mécanisme pour qu'elle ne s'ouvre pas avant de m'absenter et si je brise la vitre, je serai repéré. Au dessus de moi, j'entends des hurlements et des objets sur le plancher du voisin d'au dessus. Au même moment qu'un coup de feu est tiré chez lui, la porte de l'appartement cède. Je pousse le bureau afin de barricader la porte et sors une page du tiroir.
"Les cloches sonnent la treizième heure, le silence s'empare du monde et les âmes errantes laissent place aux démons de la nuit. Armé d'un simple revolver et d'un fleuret, j'arpente les pavés des rues possédées par le Mal. La réflexion n'est plus de mise, il me faut tuer pour survivre. L'innocence n'existe plus, quiconque sera de sortie devra accepter l'étreinte glaciale de ma sœur, la Mort. Il ne connaîtront ni l'enfer, ni le paradis. La Folie aura été leur Eden, je me dois de les chasser sans relâche. Les cloches sonnent toujours, la trotteuse de ma montre hurle son ronronnement aux ombres qui m'entourent, au treizième coup, mes assaillants se mettront à brûler, transpercés par des milliers de lames parcourant leurs entrailles."
La porte craque sous les coups de l'escadron, laissant passer les cris de la Milice et les flammèches qui dévorent leurs écorces de chair noirâtres. Un rire d'enfant accompagne les plaintes étouffées des derniers gardes suffocants. Les cloches sonnent minuit de leurs voix caverneuses. Cette nuit sera celle de la petite tarée aux allumettes.