Bloody Feather / Chapitre 9: Le policier et l'enfant...

Caïn Bates

        Une fois le calme revenu dans l'appartement, je m'approche lentement vers la porte, intrigué par le rire presque inaudible de la petite. Au sol, une légère brume claire flotte au dessus des corps sans vie. En balayant la pièce du regard, j'aperçois la gamine debout, immobile, me fixant avec un grand sourire. Elle est silencieuse, toutes ses paroles semblent communiquées par ses yeux.
               Soudain, elle s'approche d'un pas décidé, fronçant les sourcils. Elle chuchote avec un visage sévère tout en continuant à me fixer. Je m'éloigne de la porte quand elle tente de passer à travers l'orifice. Le bois abimé lui entaille le visage mais elle continue à essayer de passer sa tête avant de se figer lorsque les pics lui entaillent la gorge. Je continue à l'observer, pétrifié par la peur de devenir sa victime, témoin du massacre qui s'est déroulé juste derrière le mur. Elle se remet à sourire nerveusement, ses yeux semblant au bord de l'explosion. Notre jeu de regards s'arrête brusquement lorsque qu'un second coup de feu retentit. Celui-ci provient de la rue juste devant l'immeuble. La gamine cligne des yeux, se mordant la lèvre inférieure avant de s'extirper le visage de la porte, laissant apparaître ses plaies profondes, et redescend bruyamment les escaliers, oubliant l'appartement saccagé.

              De la fenêtre du bureau, j'aperçois une petite silhouette courir sur les pavés. Probablement un enfant prenant la fuite, il finit sa course contre le sol. Un policier éclairé grâce à sa lampe le rejoint quelques secondes plus tard et lui entrave les poignets et les chevilles.  Puis une voix rauque résonne à l'extérieur:

          "Tu le connais ce gosse?!"

        La voix est étranglée et méconnaissable. Le policier se redresse et cherche le propriétaire de la voix avec sa torche, tremblotant.

        "Alors, tu le connais ce môme?!
-C'est... c'est un criminel. Ne vous mêlez pas de ça, circulez!
-Moi, je le connais ce gosse.
-Mais, vous êtes qui?!
-Chuuuuuuut!!!!!!"

          Un troisième coup de feu me fracasse les tympans. L'homme est projeté vers l'arrière et se frappe la tête contre un réverbère. Une fine lueur s'approche de quelques centimètres puis disparait. Convaincu par le silence, je décide de quitter mon antre, de toute façon le bruit va finir par attirer la garde et je ferai mieux de m'éloigner des cadavres de leurs collègues. Avant de m'enfoncer dans les ruelles, je m'approche de l'enfant qui se vide de son sang dans le caniveau. Je le déplace et l'assois contre le mur du bâtiment, le détache puis le recouvre avec un drap mité qui trainait là. Le policier émet un grognement en gardant ses yeux fermés.

            "Transporte le vers la place, je te libère la voie."

             Toujours cette voix démoniaque. Je préfère lui obéir, je m'approche du flic qui, à ma grande surprise, n'est pas blessé mais juste sonné.  Je l'attache par les épaules après lui avoir recouvert la tête pour ne pas qu'il puisse me reconnaître. Je me suis déjà attiré trop d'ennui. Une fois soulevé, je marche aussi vite que son poids me le permet afin de me soulager le plus rapidement possible de ce fardeau. Les rues sont désertes, c'est flippant. j'aperçois ci et là des traces d'affrontements sur le sol. L'ère de paix est déjà fini apparemment. Enfin, voilà la grande porte de la grande place. La même porte où je me suis mis à dos la milice. En touchant le bois pour signaler ma présence, des images me reviennent. Le gosse mort devant chez moi, c'était l'enfant malade que j'avais aperçu lors des exécutions!!! Je lâche le prisonnier et fais demi tour en entendant les gonds grincer quand une main m'agrippe la gorge par derrière. Une lame vient me caresser le flanc gauche tandis que ma gorge est serrée, je perds connaissance lentement.

         "Voilà, biiiiiiiien, endors toi mon petit, je prends le relais."

        En reprenant connaissance, je suis aveuglé par une vive lumière orangée accompagnée de crépitements.

           "Installez ça bien au milieu, notre nouveau roi se doit d'avoir le trône le plus flamboyant possible."

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