Bloody Reaper - Chapitre 3 - Le prix de nos actes

kaminomonogatari

La suite de Bloody reaper ! à voir après le chapitre 2... Enfin normal, quoi. Bonne lecture !

 

Le froid, et ce sentiment de vide : C'est ce que ressentait Drek depuis qu'il avait quitté cette forêt qu'il côtoyait depuis sa plus petite enfance.  La terre avait pris sous ses pieds un teneur de sable, et le peu d'arbres encore présent était dépourvu de toute vie, la faune… à l'état de crâne. Voilà ce qu'il lui était possible de voir, de là où il était posté.

Effectivement, le jeune mercenaire venait de recevoir son affectation, et tout en marchant, essayait de saisir l'organisation de tout le convoi. Tout d'abord, il y avait cinq de ses immenses charrettes alignés sur l'unique route, tirés par quatre chevaux chacune. Dans celles-ci, un cochet par rênes, le grand chef tout à l'avant, un docteur dans la seconde voiture, et six autres passagers, faisant un total de huit personnes. Puis, il y avait l'escorte. Quatre par voiture, un par coin, ils étaient là pour marcher au cotés des lourdes machines de bois et alerter le reste du groupe au cas du moindre danger. Parfois difficile, la marche semblais cependant envisageable étant donnée la lenteur de tout l'ensemble, ne dépassant la vitesse de deux pas par seconde. Drek était l'un d'entre eux, tout à l'arrière gauche de la troisième voiture, qui pendant qu'il rêvassait, avait déjà perdu de la distance sur sa position.

Il n'était pas triste, car n'avait rien perdu. Il n'était pas enthousiasme, car ne pensait rien y gagner. La vie l'avait guidé jusqu'ici, et il n'en avait que faire. Tout ce qu'il voulait, s'était en finir avec ça, et passer à autre chose. Il était fauché, et allait bien vite se faire de quoi tenir quelques temps en vagabondage après ça, et c'est là l'unique importance qu'il y voyait. Enfin… Il y avait ça, et… ce désir insurmontable. Insupportable. Pire qu'une maladie pouvant le ronger la chaire, celle-ci lui dévorait parfois l'esprit. Sans ça, il deviendrait fou. Voilà pourquoi il ne pouvait point lâcher son épée, pourquoi il ne chercherait jamais un travail ordinaire. Il lui fallait de l'action, voilà tout. Mais pour l'heure, ça allait plutôt bien. Pourquoi ? Il allait découvrir les ruines de son ancien peuple, en supposant qu'il en faisait partie, une motivation suffisante pour le tenir encore en éveil.

Dans cette satisfaction, il leva la tête vers la seule constante de tous les paysages, et l'aura enfin remarqué. De ces rencontres qu'on ne fait qu'une fois dans sa vie, il en avait fait deux, et cela en une unique journée.

 

-Quoi… ? Mais qu'est ce qu'elle peut bien faire ici… ?

 

A contrejour, il avait aperçu quelqu'un grimper habilement la toiture d'en face. Cette silhouette était fine, et possédait une longue chevelure. Il en avait donc déduit que c'était celle d'une femme, mais de quelle sorte ? Une mage serait-elle restée en leurs compagnies ? Elle n'en avait aucunement l'accoutrement. Alors pourquoi ? Que fait une femme ici ? Il y a déjà un docteur, et tout le monde ici devrait savoir se sustenter sans le besoin d'une cuisinière. A l'époque, il n'optait même pas pour la fonction la plus évidente, et pensait même d'un air débile à la prostitution. Quel idiot.

 

-Gamin. T'es pas vraiment du milieu, si tu ne la connais pas.

 

Hô grand dieu, que le gars de derrière venait d'enrayer ses arrières pensés grotesques. L'homme collectionnant les cicatrices lui avait posé amicalement sa main sur l'épaule, mais rien n'y fait, Drek la rejette immédiatement et enchaine.

 

-Oh ? Elle est aussi bonne que ça ? Dans ce qu'elle fait ?

D'abord surpris, comprenant parfaitement le sous-entendu, se mis à sauter quelques pas en diagonale, jetant un œil anxieux sur le sujet de conversation dont il n'avait précédemment pas le visuel. Ci fait, il se plaque à l'ombre de la voiture dont il est en charge, non sans sueur. Recroquevillé, il murmure de toute ses forces ;

-… Mais qu'est ce que tu raconte, ESPECE DE MALADE ? Tu veux nous faire planter dès le premier jour, ou quoi ?! T'aurais fait quoi, si elle t'avait entendu ?!

-Où est le problème ? J'vois pas de quoi en faire un plat, c'est un métier comme un autre…

-Comment peux-tu être aussi insolent ?! Si il  y a bien une personnalité dont il ne faut JAMAIS se moquer, c'est bien ELLE ! TOUT LE MONDE LE SAIT !

-Et donc ? Qu'est ce qu'elle fait, ici ?... Ne me dites pas que c'est une mercenaire, quand même ?

-Mais bien sur que si ! ‘'La veuve noire'' ! Ça ne te dit vraiment rien ?

 

L'idée lui était saugrenue. Effectivement, il avait déjà ‘'vaincu'' des combattants de l'autre genre, guerroyer avec celles-ci dans des missions de régiment, et en était venu à une seule conclusion ; le physique féminin n'était absolument pas à leurs avantages.  Il était bien naïf.

 

-Absolument pas… C'est une archère ? Elle vise bien ?

-Non…

-Une pisteuse ? Le genre qui nous guide dans le pire des blizzards ?

-MAIS NON !... Raaah ! Dans tout les cas, ne parle jamais d'elle ! Je ne veux pas d'ennuis, compris ? Et surtout, ne lui manque jamais de respect ! Si elle te parle, tu baisse la tête ! Tu te couches !

 

Ça lui passait au dessus…

 

-Ah, si vous le dites… Au fait. Je n'ai pas été averti, quels sont les dangers ? Bandit ?

-Un peu. C'est tout ce que tu sais ?

-Ouais.

-Première mission, n'est ce pas ?

-Bravo de l'avoir deviné.

Il applaudissait gaiment, sans la moindre réaction du vieux.

- … Des morts vivants, il y en a partout… De ce qu'on dit.

-T'en sais rien en fait, mon bougre.

-Tss…

-Merci tout de même pour l'info…

 

Sans dire un mot, ils rejoignirent leurs points respectifs. Le jeune Drek avait fait mauvaise impression, pas uniquement sur l'homme, mais bien sur tout les mercenaires à distance d'oreille. Les nouveaux sont mal vus dans ce milieu, et cela ne tardera pas pour que Drek le sache.

 

Cette première journée de marche se termine à l'aube du crépuscule. L'expédition prend subitement des allures de campement extrêmement bien rodé, rien n'est laissé au hasard. A l'allure d'un pentagone, les charrettes ont été calées, jointe par des peaux très épaisses pour que nul vent ne traverse la zone de vie. La fourmilière s'active bien vite, hâté par le feu qu'il fallait démarrer au plus vite, aux tentes qu'il fallait dresser, à l'équipement qu'il faut replisser avant que le dernier rayon de soleil ne disparaisse. Cependant, quelqu'un semblait avoir oublié un détail important, un détail qu'il pensait ne pas devoir se soucier, pourtant fondamental.

- Qu'est ce qu'il y a, p'tit rouquin ? T'a oublié que t'étais pas à la maison ? Elle est ta tente, hein ?

Comme des hyènes, les mercenaires s'étaient attroupés sur le jeune bizuté. Le hasard fallait que le dernier lit de camps disponible ait subis quelques dommages, le rendant sous peu inutilisable. Drek a beau avoir l'habitude du froid, ce genre de temps tuerait le plus fort de tous, et les railleries de ses camarades n'arrangeront pas les choses. Seul au monde, il ne pouvait qu'ignorer, en espérant qu'il s'en laisserait.

- …Oh, le pauvre ! T'as qu'à faire un trou et dormir dedans ! Comme ça on n'aura même pas à t'enterrer quand tu seras RAIDE demain !

 

Malheureusement, le flot ne semblait pas ce tarir si simplement dans un milieu si difficile. Rien à voir avec l'armée, ici la méchanceté n'a pas de limite… Ce ne sont que des collègues, pas des frères d'armes. Eliminer toute potentielle concurrente est essentiel dans chaque corps de métier, Drek utilisait cette pensée pour garder la tête froide, malgré quelques dents grinçantes.

-  Même si on le retrouve dans de la bouillasse, on ne remarquera même pas qu'il fait dessus. Parfait pour un BLEU.

 

Subitement, il se retourne sur le type le plus proche, lui assenant une droite en pleine face. L'homme tombe, les sinus ensanglantés… Sa conscience venait de sauter, tant bien qu'il insiste en se jetant sur le sans défense, l'étranglant de toute ses forces. La tendance c'est inversé, Drek, fou de rage, avait désormais toute l'attention qu'il méritait.

 

- Quoi ? Tu voulais dire ‘'comme ça'' ? Je ne vois pas de boue, alors explique moi ! MONTRE-MOI COMMENT ON FAIT POUR FAIRE TA FOUTU BOUILLASSE !

- MAIS FERMEZ LA, BANDES D'ABRUTIS !...

 

La voix provient d'une bouche de femme, et nul ne doute que celle-ci n'était pas de forte bonne humeur, et c'est un euphémisme. Ainsi surpris par le ton employé, Drek lâcha sa proie, repris ses aises, debout, les mains dans les poches. Le pauvre mercenaire devenu bleu ne perdit pas plus de temps pour détaler au plus loin, le reste c'était évader face à la tempête humaine qui s'approchait. La jeune femme trônant jusqu'alors au dessus de ses appartements s'était relevé un instant, scrutant d'un air haineux cette scène dans le bas monde, avant de les rejoindre d'une agilité sans pareille. C'est la première fois que Drek pouvait vraiment l'observer : Cette jeune femme à l'allure sauvage et aux traits fins, au teint pâle et aux yeux de jade. Elle n'était pas grâce malgré la tenue ample qui rendait difficile un examen plus approfondi, mais très honnêtement, n'avait d'une guerrière que son regard. L'ambiance est alors si grave que le vent même semblait avoir disparu pour laisser la dame aux yeux de jade s'exprimer.

 

- Ecoutez-moi bien, bandes de vauriens. J'en ai rien à foutre que vous brutalisiez un gosse, tant ce n'est pas une femme. MAIS ALLEZ PLUS LOIN DANS CE CAS, BON SANG !

-Veuillez-nous excuser, madame…

 

Toutes têtes se baissèrent, les regards sont graves. Au contraire, seul l'un d'en eux la regarde encore dans les yeux, et celui-ci n'est pas encore calmé, mais elle n'y fait pas attention.

 

-J'ai pas entendu ?

 

L'un d'entre eux s'exprima alors ;

-Je vous prie d'accepter nos plus plates excuses, mademoiselle la ‘'Veuve noire''… On ne recommencera plus, je le jure…

 

Presque satisfaite, elle posa alors un regard en coin vers le dernier récalcitrant, et a son grand désarroi, n'obtient pas la réaction voulu. Elle qui souhaitait la peur, trouva un homme impétueux.

-J'ai pas entendu ?

-Entendre quoi ?

 

Drek ne faiblissait pas, bien au contraire, exprimait de mieux en mieux la colère qui le rongeait. La frêle femme, bien que n'ayant aucun rapport avec la situation, allait prendre pour tout les autres.

 

-C'est à cause de toi que tout à commencé ?

-Oui. J'ai oublié d'acheter du matériel avant de venir, d'où les railleries de tout à l'heure… Ne me dis pas que tu voulais que je te remercie, quand même ?

 

Ses yeux s'écarquillèrent. Elle ne sembla pas le moins du monde impressionné, mais bien agacé par la fougueuse bravoure du plus jeune élément du groupe.

- Veux-tu mourir ?

-Cela ne regarde que moi.

Une osculation débute. La mercenaire aguerrie passe par la gauche de Drek, le détourne, scrutant le moindre détail de son armure sans que l'autre ne bouge. Un tour passé, son attention est tournée vers son visage.

-Pourquoi ne fait tu pas comme les autres ?

-Pourquoi le devrais-je ?

-Il y a quelque chose d'anormal, chez toi. Je crains qu'il y ait un problème avec ta santé mentale.

-On me le dit souvent.

-Serais-tu ignorant ? Ou aurais-tu un surplus de courage ?

-Je ne sais pas ce qu'est le courage.

-Peut être es-tu aveugle ? Ou au moins, à moitié…

-Où veux-tu en venir ?

 

Sa main se leva, montrant du doigt la chevelure rousse, plus précisément sous celle-ci. La main saisie par l'intéressé, le doigt pénètre dans la mèche située au dessus de l'œil. Elle se retira alors…

 

-Cet œil ne fonctionne pas.

 

Il balaya le bras d'un coup vaniteux…

 

-Serais-tu fière de cette fabuleuse découverte ?

 

Et elle poussa alors le jeune homme au niveau du torse avec une pointe d'irritation.

-Pendant un instant, j'ai cru voir quelque chose de différent. J'ai mal vu, tu es juste trop arrogant pour survivre. J'en ai vu à la pelle, des misogynes persuadés que tout est dans le muscle… Bien que tu n'aies pas grand-chose, toi non plus.

-Et qu'est ce qui me ferait croire que tu as ce quelque chose de plus ? Désolé, mais je ne crois que ce que je vois, et là je ne vois qu'une ‘'célébrité'' qui joue un peu trop de sa réputation.

 

Si beau soit-il, le visage de la mystérieuse femme ne montrait qu'une haine noire et froide envers son analogue. Si puis dire, Drek compris en partie le sens de ‘'Veuve noire'', et n'allait pas l'oublier de sitôt.

-Tu veux en découdre ?

- J'aurais l'air d'un trouillard si ce n'était pas le cas.

-Je n'ai pas l'habitude de me retenir. Si on y va, c'est sérieux.

-Evidement.

-Si tu meurs, toutes tes pauvres affaires sont à moi. Et si tu vie… Oh, ça ne risque pas.

-Fait ce que tu veux.

-Alors je vais m'appliquer un handicap. Sinon, je vais me sentir trop avantagée. Si tu me fais tomber, je m'avoue vaincue.

-Et puis quoi, encore…

Mieux encore qu'une prestidigitatrice et d'un seul mouvement uniforme, ses mains et ses pieds échangèrent de place. La jeune femme, tête en bas, arrivait à se mouvoir librement de cette manière, et sans risque de ne dévoiler quoi que ce soit grâce à des vêtements amples adaptés.

Elle se permit même un rapprochement jusqu'à sa portée, et se laisse tenir avec seulement la force de ses cinq doigts.

-Mon corps est ma fierté. Je ne te laisserai toucher rien d'autre que mes semelles et, qui sait, ma lame. Dans un duel, il n'y a pas de place pour le sexisme, alors n'hésite pas à être le premier à lancer un assaut.

 

Cela semble évident pour Drek, qui comptait déjà sur cette idée.

-Très bien ! Alors, je commen-

 

 

Elle se retrouva subitement totalement figée, défiant  la gravité même, le corps à l'horizontal tout droit au niveau de mon torse. L'appui sur son torse se fait dans la seconde, le jeune homme n'avait pas encore compris dans quelle situation il s'était fourré. Le corps féminin s'étend alors, propulsant le malheureux dans l'action prémédité. Ça à eût l'effet d'une bombe de force brute, réprouvant totalement la créature qui frôlait juste ses bottes par cet irréel mouvement. Alors qu'elle retombait avec légèreté sur ses deux pieds, même pas ébouriffé de la manœuvre, le mercenaire quand à lui traversa quelques mètres en vol plané, projeté sur l'une des charrettes en bois constituant cette arène improvisé, rompant par la même occasion les deux cordes qui soutenait les peaux voisines, unique façade contre le froid frigide.

 

-Désolé, mais ne j'aime les hommes soumis. Enfin, si on peu appeler ça des ‘'hommes''… J'ai traversé les tentes, et fracturé une des caravanes par sa faute. Vous êtes tous témoins ? Bien. Vous n'aurez qu'à réparer les dommages… et sortir les morceaux pour l'inhumer… Vraiment qu'une grande gueule, ce type.

 

En ce jour, Drek venait de changer totalement de point de vue sur les femmes, et n'allait en aucun cas sous-estimer l'une d'elle, peu importe son apparence. Il avait trouvé un adversaire insurmontable dans cette créature au physique parfait. Il n'allait pas en rester là…

 

-Qui c'est, la grande gueule ?... On n'a pas fini.

 

Ainsi, dans l'obscurité soudaine, il venait de manquer de perdre de connaissance, et pourtant se releva d'entre les décombres, manquant à plusieurs reprises de s'ouvrir les paumes tant les prises en sont devenues acérer. Le sang lui rubicelle derrière l'oreille, sa nuque était dans le même état, mais il s'en moquait. Avec nonchalance, il crache rouge et se relève comme à chaque matin.

Un instant, la jeune femme perdit les mots pour exprimer sa surprise : Ce n'est pas comme si la chute était banale, la caravane était effectivement éventré, les armes dans sont dos n'aurait pas suffit pour tout amortir, bien au contraire.

-Eh… Je… Tu plaisante ? J'ai bien entendu craquer ! J'suis quand même pas sourde ! T'étais censé être mort même avant de toucher le sol !... Tu respires vraiment ? T'est pas devenu un zombie, entre temps ?

-Evidement que non.

 

Et pourtant… L'homme crachait, crachait, mais cela n'entamait en rien sa détermination. Il voyait rouge, quand elle le voyait blanc. Sur le choc, la Veuve en venait à perdre toute son agressivité, son sang froid. On aurait dit que quelque chose d'irréparable pour elle venait de se produire, quand bien même le coup en valait la peine.

 

-Tu dois avoir des côtes brisées. Si tu bouge encore plus, tu risque percer un organe… On reste sur une égalité ? Le doc est juste là… Fais toi soigner, ok ?

 

Elle se dirigea en diagonale vers la personne en question, mais il était déjà trop tard. Drek ne revenait jamais sur ces propos, retirant simultanément les deux lames qui recouvrent en permanence son dos.

-EN GARDE !...

 

De ce fait, elle retourna sur sa position, plongeant sa main dans les replis de sa tenue, sortant une courte dague du niveau de son cœur. La lame n'était ni usée, ni même aiguisé, le sentiment d'infériorité de Drek s'en retrouva exalté.

 

-…TU TE FOU DE MOI ?!

 

Le guerrier chargea sans la moindre retenu, plantant sa lame directement et sans le vouloir, dans le sol. Il répéta, et toujours rien. Encore, encore… Le fer ne se croisa guère. Pas le moindre tintement ne se fit ressentir, et ce n'est pas l'envie qui manqua, elle était simplement trop vive. Le niveau des deux duellistes était simplement trop différent ; Quand l'un joutait, l'autre esquivait sans problème. La mercenaire ne faisait tout simplement pas attentions aux lames, et se contentait de lire dans son œil. Tout était là, et il ne pouvait rien y faire, ces armes ne sont pas adaptés ni même ses capacités barbares.

 

Peu à peu, Drek perdais son souffle et son ardeur. La partie était déjà terminée…

-Tu attends quoi pour me planter ?

 - L'évanouissement.

 

Une idée émerga alors de l'ancien soldat en déroute, qui fini par volontairement remuer la terre à chacune de ses vaines attaques. Une tempête de sable localisé vint rapidement le jour, un nuage bloqué par les mêmes caravanes arrêtant tout vent, rendant ainsi la chose bien plus aisée.

Pris par la cécité, la mercenaire émérite s'éloigne. Plus rien ne bougea, ce fut le temps d'un court calme. Il s'efforça de rire.

- Quoi, tu n'aimes pas le sable ? 

 

Une pointe ironique de la part de Drek, dans ses derniers retranchements. Il allait tout donner, et cela commençait maintenant.

 

- C'est aberrant. Tu va juste te vider de ton sang, pendant que moi… 

 

Couvert par le sable, il retourna sa lame, calcula d'un coin d'œil et, de toutes ses forces, la lança à la manière d'une lance. Cependant, le projectile ne semblais guère atteindre sa cible, car envoyé bien trop haut.

-Sais-tu pourquoi tu vas perdre ? 

 

Il réitéra la position sur sa seconde main, mais en ligne droite. Peu à peu, il reprit son souffle…

- Comment ?... Tu délires… 

- C'est parce que tu as trop l'habitude de regarder les gens de haut… 

Puis, il exécuta son plan. Le fer forgé scinda une partie de la poussière sur le public aveuglé et força  droit devant, non pas vers la Veuve, mais tout droit sur sa caravane. La dague est enfin utilisée, non sans précipitation et l'objet vois sa trajectoire dévié de 90° pour finir sa courte planté dans le sable. Dans son déséquilibre, la guerrière soupira, trépigna d'exacerbation…

 

- … Que tu ne regardes plus vers le ciel ! 

Un second objet approche, cette fois par les cieux. L'autre lame, la première éjecté transcende le ciel en direction de la Veuve, encore dans l'impossibilité de se mouvoir.

Prise au dépourvu, elle leva une nouvelle fois sa dague … Le fer se fendit presque immédiatement, l'épée s'effondra en poids mort sous le choc tandis que les fragments de la dague se joignaient à la chute. Jusque là, tout semblait calculé pour la faire perdre pied, mais rien n'y fait, elle tenait bon… C'est alors qu'il entra en scène. Lui-même, fit corps à corps. Il fendu de sa masse les restant de poussière, chargeant d'un œil déterminé, à moitié dans le vide. Avant qu'elle ne s'en rende compte, il l'avait déjà saisi par la taille, et l'entrainait avec lui dans sa plongé. Son poing serré, elle ne pu malgré sa situation difficile se résoudre à assener le coup. Ainsi, ils tombèrent, lui et elle, chute terminant sur des cuisses fermes,  les bras enlisés dans le sable. Ce duel insensé, il avait finalement gagné…

 

 

- Regardez, il revient déjà à lui. Je n'ai jamais pu observer une si grande résistance. Oh, une telle envie de vivre, ça me fait vibrer l'âme !

 

…Probablement. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Désormais, il n'était plus sur le sol, mais bien sur des planches. Les secousses étaient incessantes, et le lieu était ici complètement clos. Il était allongé en face d'un homme doté d'un monocle, qui le fixait dans toutes ses coutures d'une manière quand bien même saugrenu. Derrière lui, la Veuve le scrutait dans toutes ses coutures, installé confortablement sur la couche d'en face.

 

-OH, DU CALME ! Je ne t'ai pas autorisé à te lever.

Le docteur n'était pas bien gras ni très musclé, alors quand celui-ci a tenté de l'empêcher de se relever, cela n'a pas vraiment affecté Drek dans son action. Ainsi libre de voir ce qu'il entoure, il trouvait multiple article lié à la médecine du simple livre à la scie à dent. Il n'en avait que faire, son obsession était ailleurs.

 

-QU'EST QUI C'EST PASSE ? QUI A GAGNE ?!

 

Il en devenait fou, elle était impassible. Où bien même exaspéré en entendant les cris du patient. Calmement, il prit pied à terre, et s'engagea vers la sortie.

-A quoi tu t'attendais ? T'a failli crever…

 

Le vent s'engouffra le temps d'une sortie derrière les rideaux. Elle venait que quitter les lieux dans un ton de voix les plus moroses. Il ne venait seulement de le réaliser en regardant son torse, recouvert de bandage. ‘'Oui, j'ai encore été à ça…'' pensait-il. Cependant, il n'éprouvait aucun remord, aucune peur sur la chose. Il avait trop l'habitude, maintenant. Non, désormais, il mixait entre frustration et admiration, sentiment qu'il n'exprimait que très rarement,  mais qu'il ressentait aujourd'hui pour la seconde fois : S'était une première.

 

-…Il n'empêche ! Cette structure osseuse est incroyable ! Non, mais franchement ! Les os se sont fracturés net ! C'est la meilleure façon de guérir.  Même les muscles sont contractés constamment pour que les fragments s'emboitent. A te voir comme ça, personne ne croirait que tu avais TOUTES les cotes brisés !

 

Le docteur possédant un monocle faisait tout pour happer l'attention du guerrier qu'il venait de sauver, multipliant de grand geste devant ses yeux vides.

 

-‘'Avais'' ?

 

Rien n'y fait. Il se contenant de répondre passivement.

 

-J'ai déjà tout soudé. Et ça ne m'a pris qu'une nuit, je ne te demanderais pas un sous !

 

‘'Toute la nuit''… Subitement, Drek se rendit compte du temps passé. Des deux semaines, il venait de perdre une journée entière dans un lit de fortune. Un jour payé en moins.

 

-Merde…

-Tu dois être perdu, temporellement parlant. Cela fait maintenant vingt-quatre heures exactement que nous avons quitté Austrélia… Ah, mais on ne s'est pas encore présenté ! Je suis Bird, le médecin de bord. Enfin, j'aspire à devenir docteur ! En réalité je ne suis qu'un mage soudeur manipulateur du liquide rouge de la vie. Si recoller un os m'est chose aisée, guérir d'une maladie n'est pas encore dans mes cordes. Désolé d'avance…

 

Sa dernière phase avait coupé à Drek l'envie de lui causer plus. Il semblerait qu'il avait quelque chose à lui demander, mais se contenta de lui sourire d'une manière fort peu naturelle.

 

-Merci…

- Par conséquent, tu dois comprendre que je n'ai fait que remettre en place ton corps, tu n'es pas encore guéri. Tes ‘'pièces'' doivent encore se fixer durablement… Il te faudra une semaine pour bouger librement. Tu dois comprendre que tu est un miraculé, face à un tel adversaire… C'est du jamais vu, un homme non abattu par la Veuve...

 

Il cru mourir une seconde fois.

 

-…Et ma paye ?

-Bah ! Tu pourras toujours marcher !… Un peu. Pas trop… Reste allongé, de préférence. Du coup, sur ce… J'ai, euh… Un truc à faire.

 

Il se dirigea alors lui aussi vers la sortie, ouvra la porte…

-Attendez un instant. J'ai une dernière question.

Avant de fuir, le docteur se retourna une dernière fois.

-Qui a t'il ?

-Qu'est qui est si miraculeux ? C'est vrai qu'elle est extrêmement… habile, mais en quoi le fait que je sois toujours là…

 

Subitement, le pseudo-docteur marque une pause, saisissant ainsi son monocle et un mouchoir de l'autre main. Il se met alors à l'essuyer assidument, veillant à occuper un minimum ses mains dans l'objectif de maintenir une parole grave. Sur ce point, il n'avait vraiment pas l'air de plaisanter.

 

-Je connais mieux que quiconque ici la réputation de la ‘'Veuve noire''. Cette appellation n'est pas fortuite. On dit que nul homme ayant dansé avec elle, nul homme étant tombé sous son charme, nul guerrier la défiant n'en est sorti la vie sauve. La Veuve était une légende depuis bien plus longtemps que tu le ne pense... Et aujourd'hui, ce surnom n'a plus lieu d'être… Tu es bel est bien vivant, aspirant Drek.

 

Son nettoyage terminé, il quitta l'étroite cabine en laissant notre faux héros à son sort. Ses paroles ne l'inspiraient guère, il n'y croyait pas. Crier haut et fort être la plus forte, écraser tout ce qui peut potentiellement te barrer la route… Personne ne se forge une tel identité dans un autre but que de se protéger soit même. Des gens, des hommes, des monstres… Elle n'en avait juste plus besoin. Il l'avait peu être fait passer un cap, lui qui n'a pu l'égratigner.

En proie avec l'un de ses besoins fondamentaux, Drek quitta peu de temps après sa modeste chambre provisoire pour se soulager : Il était déjà tard, à peu près la même heure ou il s'est évanoui. On aurait cru un prolongement de cette même journée, mais ce n'était pas le cas. C'est alors, qu'ayant trouvé le coin parfait, il y remarqua une présence…Elle était là, assise à contempler le ciel ombreux. Il n'y avait personne d'autre, pas de témoin, elle aurait très bien pu l'étrangler sur place, que cela ne l'aurait pas surpris, et personne ne s'en saurait soucier. Mais peu importe, il décida une approche.

 

-…Tu lui ressemble.

 

La jeune femme l'avait remarqué sans problème, et s'obstinait à veiller les premières étoiles. Elle était étrangement apaisé, une vision totalement nouvelle l'individu, qui réussi avec succès à berner le jeune Drek, entièrement à sa merci.

 

-Puis-je savoir à qui ? Ou à quoi…

Elle eût un rire nerveux.

-Comment ça, à quoi ? Non, juste une vieille amie que j'aimais beaucoup. Elle était turbulente, insouciante, et complètement cinglée dans un sens… ça m'a fait un choc.

-…Elle est…

-Morte… Mais peu être pas, finalement. Je dois sûrement délirer, moi aussi… C'est quoi, ton nom ?

La question tout à fait banale l'avait surpris. Il n'avait vraiment pas l'habitude de ce genre d'échange si… normal.

-Drek. Drek… et c'est tout.

-Toi aussi, tu as un problème d'identité ?

-Bah….

L'ambiance s'y prêtait, il décida de se joindre à elle. Il s'asseyait, à un portée pourtant assez lointaine lors d'une discutions du genre amical. Comme quoi il se méfiant encore d'elle…

 -Ce… problème de cécité. Ça doit être compliqué, pour le milieu …

-Pas vraiment, qu'on y vie avec depuis toujours… C'est juste une façon de voir.

-Je vois…

 

Sitôt, le calme plat. Ils n'avaient pas vraiment masse à discuter, chacun d'eux n'était vraiment du genre sociable, alors… Il se contentait de regarder vers le haut, et parfois le regard dérivait l'un l'autre, mais rien de plus. Cependant, elle fini par silence, le courage en main.

 

-Dis…

-Quoi ?

- Tu dois comprendre que je ne vis pas vraiment dans le même monde que toi, que je suis une sorte de problème ambulant. J'ai une personnalité grotesque, une vie fade et ennuyeuse…. Mais je tâcherais de ne pas t'agresser, si tu viens à l'avenir m'adresser la parole. Deux semaines, sans parler à personne, ça risque être dure, même pour moi…

-Je ne vais pas devenir ton ami, si c'est ce que tu demande.

-Ce n'est pas ce que je demande… essaye d'être réaliste, jeune ‘'Drek''.

-Mais si tu me le demande si gentiment, je veux bien te causer. Si ça suffit pour te faire plaisir…

 

Bien qu'incontrôlé, elle sourit  le temps d'un éclair.

 

-Mon nom est Yuna.

 

Elle soupira, quelque peu soulagé. Puis, elle s'allongea de tout son corps,  creusant ses bras à la façon d'un ange dans le sable. On aurait dit qu'elle avait, elle aussi, fait un effort surnaturel pour échanger avec, bien évidement sans timidité, mais uniquement par renfermement. Les deux personnages avaient une carapace, une armure qu'ils s'étaient forgée de par leurs expériences, qui désormais rendait toute parole comme une véritable aventure dans le vide du sujet. En bref, elle s'exprima de nouveau ;

 

-Les étoiles sont superbes, aujourd'hui…

 

Malgré tout, le jeune homme scrutant le ciel, jetant un œil à l'horizon et y voyant toujours l'énorme astre synonyme de diurne resta surpris par la similarité de la réplique. Dans son esprit, il n'y avait qu'une seule réponse possible, et évidente…

 

-Il fait encore jour.

 

 

 

Signaler ce texte