Bonjour Monsieur.

mlovesw

« Bonjour Monsieur. Voila, je suis devant vous mais je n’ai rien à vous dire, rien à développer sur votre question, aucun commencement, aucune conclusion. En effet je n’ai pas révisé, j’ai fait toutes les fiches, relus tous les chapitres mais cela n’a pas suffit, je n’ai donc rien à vous dire.

J’ai passé une semaine à apprendre, mais pas vraiment de l’histoire, pas vraiment de la géographie. J’ai passé mon temps à regarder des films sur le racisme des ethnies, la discrimination  génétique, la pitié, l’abus, la maltraitance, le non respect des femmes, le mensonge ; j’ai appris sur la nature humaine et ses vices, la société, sur l’horreur du monde.  J’ai vu des rêves, de l’amour, de l’amitié, du courage, de la force, cette volonté de vouloir accéder à son but ; j’ai vu des larmes de douleur et des sanglots de joie. Et j’ai alors compris que la vie c’est ni noir, ni blanc ; que personne n’est fatalement méchant et personne n’accomplit que des choses biens.

J’ai passé une semaine à écrire, pour me vider de tout ce que j’avais sur le cœur, toute cette colère, cette haine, toutes ces larmes, mes incompréhensions, mes douleurs, mes faiblesses. J’ai écris des textes dont je suis fière, je n’ai pas peur de le dire, c’est tout ce qu’il me reste. Ecrire c’est une forme d’intelligence supérieure, écrire c’est savoir réfléchir, savoir s’exprimer, s’exprimer c’est exister aux yeux des autres ; comme d’autres savent dessiner, jouer de la musique, danser, après tout il y a tellement de façon d’exister. Et la encore j’ai compris que ma vie, avec ce qu’elle m’a accordé et ce qu’elle m’a refusé, ce qu’elle m’a donné et tout ce qu’elle m’a repris, n’est pas la pire des vies. J’ai compris que ce qu’il m’a fait n’est pas à pleurer comme je l’ai fait. Qu’après tout personne n’est ni noir ni blanc, n’est ce pas ? Alors je devrais reconnaitre que son choix était le plus honnête, qu’il a choisi ses sentiments, il a choisi l’amour, ça devrait faire de lui quelqu’un de bien, non ? Bien sur que oui, mais malheureusement comme dans tout acte il y a une façon de l’effectuer, et c’est la qu’il noircit le tableau. Mais je ne crains rien, il s’apercevra un jour ou l’autre que les sentiments ne sont pas toujours la bonne solution, comme je l’ai déjà compris.  

Alors non je n’ai pas passé la semaine le nez dans mes feuilles en papier à apprendre comment les Etats Unis sont arrivés au premier rang mondial, à étudier l’espace européen,  comment Hitler a envahit  le monde, et quels accords ont été signé pour arrêter tous ces carnages. Mais j’ai compris tellement d’autres choses, j’ai ouvert les yeux sur ce monde qui nous entoure, ce monde que je voulais quitter il y a moins d’une semaine, cette vie qui n’avait plus de sens, plus de saveur, plus d’odeur, je ne pensais qu’à disparaitre et pourtant aujourd’hui je ne demande qu’à en voir plus, je ne demande qu’à croire en l’avenir aussi incertain et dangereux qu’il est. Bien évidemment je suis consciente que le discours qu’on attendait de moi n’est pas celui que je viens de donner, que ma note ne sera pas celle que j’aurais pu avoir en travaillant sur les sujets de la liste du Bac, que je repasserais surement l’année prochaine pour le hors sujet que je viens de faire ; mais j’ai compris en une semaine bien plus quand une année pourquoi je reste, pourquoi j’y crois, j’ai enfin compris qui je suis.

Excusez moi, Monsieur de vous avoir fait perdre votre temps, de vous avoir fait subir ce discours qui ne vous intéresse en aucun point, je suis persuadée; et je vous signale d’ailleurs que je n’ai même pas respecté le temps qui m’était accordé pour un seul des deux sujets obligatoires.

Au revoir. »

Signaler ce texte