Bords de mer.

mariondit

Description d'un paysage de bords de mer.
   La fenêtre de la chambre donnait sur la plage. Très matinale, j'ouvris les persiennes en bois clair. Assise sur le rebord plat, je contemplais la splendeur du paysage qui s'offrait à mes yeux. La lune, qu'on devinait pleine et ronde semblait transparente, comme dissimulée à présent derrière les premières lueurs de l'aube. L'heure était trop avancée maintenant pour qu'on puisse encore distinguer les étoiles. Chaque matin, elles mourraient pour laisser place au soleil et renaitre à la nuit tombée. Le jour se levait, c'était mon moment favori.


   Les nuages cotonneux au loin arboraient des teintes rosées, bleues claires, blanchâtres et semblaient parfois se métamorphoser en trainées de voiles orangées et lumineuses. On pouvait entendre le cri des mouettes qui survolaient l'océan, le roulis presque imperceptible de l'eau, ou encore le fracas des vagues lorsqu'elles se brisaient et dont l'écume mousseuse laissait des traces sur les rochers, venant troubler à rythme régulier ce calme matinal. Des morceaux de bois flottés étaient éparpillés un peu partout sur la plage de galets gris, noirs et blancs, saupoudrés de débris de coquillages nacrés ou bruns. Tout cet assortiment de couleurs semblait coordonner ensemble et se fondre dans le décor sauvage et naturel de l'univers marin. Une corde enroulée avait été laissée par un pécheur et semblait pourrir, imbibée d'eau salée, décolorée et devenue rêche par le soleil et usée par le temps. La dentelle précise des rochers noirs se détachait sur le bleu de l'océan, tranchante comme des lames de couteau.

   Souvent, pendant mon enfance, je m'étais écorchée les pieds avec mon frère sur ces roches dures et piquantes, lorsque nous chassions des crabes malgré les interdictions de ma mère. Elle les réitérait à chaque fois qu'elle désinfectait nos plaies sanguinolentes et brûlées par l'eau salée mais nous y retournions pourtant dès le lendemain.

   La brise marine vint me tirer de mes souvenirs en me chatouillant le visage. Cette odeur familière et réconfortante à la fois déposait le goût du sel sur ma peau. Mon regard se perdit encore une fois à l'horizon. On devinait presque la courbure du globe terrestre. Sur le rivage, l'eau était claire, presque turquoise, limpide. En revanche, plus mes yeux s'éloignaient, plus celle-ci devenait sombre, inquiétante, telle de l'encre, seulement illuminée par les reflets du ciel sur les flots.
   Les premiers rayons du soleil d'un jaune d'or éclatant arrivèrent en quelques minutes pour miroiter dans l'océan et le faire étinceler, comme si des milliers de diamants flottaient à sa surface. La scène avait une dimension magique, mystique presque, qui gonflait le cœur de rêve et d'émerveillement. Plus loin là-bas, vers la droite, un bateau de pèche s'animait et se préparer à partir en mer.
   L'océan était un paradoxe à lui seul, calme, lisse, à l'image de mon esprit, mais également synonyme de vie, de renouveau, et de renaissance. J'aurais pu rester des heures, chaque jour, à contempler ce paysage merveilleux, ce petit coin de paradis qui me ressourçait. Malheureusement, l'aube était éphémère et il allait falloir attendre le lendemain pour la revoir.

   Bientôt, la plage fourmillerait de monde, accueillant touristes voulant éviter les endroits habituellement fréquentés, pécheurs solitaires, joggeurs, en même parfois couples d'amoureux égarés.
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