Borgia

Anthéa Claux

A mes heures perdues me voilà écrivant des idées qui me passent par la tête. Ici, Octavie Medicis est mariée à Giovanni Medicis et retrouve son amant à savoir Cesare Borgia

Elle était restée là. Debout devant la fenêtre à contempler la tâche qui gagnait du terrain sur sa douce petite main. Les rayons du soleil qui se reflétaient à travers le verre venaient réfléchir le liquide couleur vin. Il avait beau avoir la couleur du bordeaux, il n'en avait pas l'odeur. L'effluve dégagée par le liquide était loin de celle aromatisée et forte du vin. Mais au contraire, le parfum qui émanait du liquide était plutôt métallique et ferreux.

Elle ne bougeait pas et analysait avec une profonde attention le reflet de la lumière sur sa main tachetée. Clair au-dessus et plus sombre sur les côtés, la clarté changeait à chaque geste gracieux qu'elle faisait. Comme si elle tenait dans sa paume, un objet des plus précieux, elle bougeait doucement sa main et observait l'évolution de la tâche.

Tel une armée de cavalier chargeant devant l'ennemi et amenant la mort, le liquide aux couleurs vermeil atteignit vite son poignet et le début de sa manchette, contrastant avec le blanc nacré de sa robe.

Un ruisseau se forma alors sur son bras, mais aucun poisson ne vivait dans ce dernier. Avant que le ruisseau ne se transforme en rivière, elle remit sa main à la lumière, dans la même position qu'il y a dix minutes.


Perdue dans ses pensées, elle ne l'entendit pas arriver. Pourtant, le talon de ses bottes résonnaient sur le plancher de la chambre. A chaque fois qu'il entrait dans une pièce, il amenait avec lui ce sentiment de terreur qui s'accrochait à sa peau depuis sa naissance. Depuis qu'il était nourrisson, tout le monde le craignait et maintenant encore plus d'autant qu'il était à la tête de la plus grande armée d'Italie.

Mais contrairement aux autres, elle ne le craignait pas, elle n'avait pas peur de lui. Elle savait lui tenir tête et se faire plus cruel que lui et cela lui plaisait. Ainsi, la peur était le ciment qui les liait l'un à l'autre.


Il s'approchait d'elle mais ne la touchait pas. Un mètre les séparait et aucun ne bougeait. Pendant deux minutes, un silence de mort régnait dans la pièce vide d'âme, jusqu'à ce qu'elle lui posa une simple question. Sans perdre de vue la tâche grandissante, elle lui demanda de sa plus belle voix '' Dis-moi, le rouge est-elle une couleur qui me sied au teint ? '' Et sans aucune hésitation, il lui répondit '' Oui, certes. Mais le sang est la couleur qui te va le mieux. '' Elle se retourna et le regarda avec passion. Elle réduisit la distance qui la séparait de lui et approcha son visage du sien. Chacun pouvait sentir le souffle de l'autre et entendre les battements rapides de leur cœur encore palpitant. Elle lui sourit, pas sa main tachetée sur sa joue et la glissa doucement jusqu'à son cou. Il arborait maintenant cette même tache rouge sur son visage. Il était resté muet mais même si sa bouche refusait d'émettre un son, on pouvait lire dans ses yeux la même passion qu'elle avait elle aussi dans son regard. Elle prit une profonde inspiration et lui dit '' Le sang est la couleur qui fait le mieux ressortir tes yeux. ''. Il était vrai que la couleur rouge du sang mettait en avant ses grands yeux couleur amande.

Il lui sourit à son tour et pris d'un élan fougueux, il lui empoigna la gorge et la serra doucement. Son but n'était pas de la tuer. C'était un jeu entre les deux jeunes gens qu'elle appréciait. Elle rapprocha ses lèvres de celles du jeune homme et dans un dernier élan, les referma sur les siennes. Comme sous l'effet d'un charme, d'un poison, il retira ses mains du fin cou de la jeune demoiselle et les posa à un endroit plus généreux de chair, ses hanches.

Le baiser qui était au départ tendre, devint plus intense. Les deux corps s'unissaient à n'en former plus qu'un. Un seul être, une seule chair. Ils voulaient se donner l'un à l'autre.

Elle sautait sur le jeune homme et enroulait ses jambes autour de sa taille, tout en l'embrassant. Lui, la tenait fermement, laissant glisser par ici et par là, ses mains rugueuses sous sa robe, sur ses doux mollets puis sur ses douces cuisses. Leur respiration ainsi que les battements de leur cœur ne faisaient qu'un. Il la portait jusqu'au lit où il la posa délicatement, de la même manière que l'on pose un bébé dans son berceau.

Ils continuaient à s'embrasser. Elle délassait son corset pendant que lui enlevait sa chemise. Une fois débarrassait de tout vêtement, il lui recouvrait le corps de baiser. Il caressait ses longs cheveux blonds, embrassait ses épaules, ses seins, ses hanches, ses cuisses, ses mollets et ses pieds tout en passant par ses parties les plus intimes. Elle rigolait et aimait ce qu'il lui faisait. Il était à présent au-dessus d'elle. Elle lui agrippait fermement les bouclettes de ses cheveux noirs et poussait de temps en temps des petits cris sourds.

D'un élan, elle le fit se retourner et il se retrouva alors dans une position d'infériorité. Elle aimait être au-dessus de lui, pour la raison suivante c'est qu'elle se sentait plus forte. Entre deux baisers, elle regarda la trace rouge sur le visage de l'homme et la compara avec la sienne sur sa main.

Cette tache rouge, cette trace de sang qui unissait désormais les deux amants.


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