Bout de piste
petisaintleu
Comme tous les quatre ans, les menstrues olympiques font leur apparition. Pour le téléspectateur, quinze jours d'orgie où les dieux du stade mouillent le maillot. C'est oublier le deus ex machina qui œuvre pour que tout se passe dans le meilleur des mondes sportif. Hommage.
Organiser un événement planétaire demande une organisation dantesque. En effet, durant des mois œuvre dans les bas-fonds de l'Olympe une ribambelle d'acteurs tous plus diaboliques les uns que les autres. À tout seigneur tout honneur, commençons par Dionysos, sans qui rien ne serait possible. Avec les pots de vin, la fête est plus folle. Par des media que les pauvres mortels que nous sommes ne peuvent pas connaître, l'argent coule à flot. N'allez cependant pas croire que l'objectif est de renflouer les caisses du pays hôte qui se vident comme le tonneau des Danaïdes. D'obscurs émissaires se chargent de détourner la manne, dérivant les liquides subsides tel Héraclès et les eaux des fleuves Alphée et Pénée pour nettoyer les écuries d'Augias.
Si cela ne suffit pas, on peut toujours compter sur Cerbère, le chien aux trois têtes, certainement dopé à des stupéfiants sur lesquels ne cracheraient pas les athlètes russes. Il n'est jamais avare de mordre les mollets des adeptes de Morphée, des doux rêveurs qui ont construit leur mythe sur la non-discrimination, l'égalité hommes-femmes et le développement durable. Allez donc demander ce qu'en pensent les petites mains ou allez faire un tour du côté de Sotchi au milieu de zones naturelles protégées et balafrées d'obscènes autoroutes au bord desquelles se déversent des monceaux de déchets toxiques. Et si cela ne suffit pas, une Thémis aux ordres se chargera de les envoyer dans le Tartare, avec la noble mission d'y étudier la faisabilité d'y organiser une olympiade à l'horizon des calendes grecques.
Hestia, la divinité du feu sacré et du foyer est assurément logée à bonne enseigne. Elle est épaulée par les délires mégalomaniaques des travaux titanesques à la gloire d'une Babylone éphémère qui laissera en souvenir des éléphants blancs.
Du pain et des jeux, comme au bon vieux temps. Du blé et des artifices qui laisseraient à penser qu'une quinzaine suffira à nous duper quand les loups rodent autour de l'arène.