Brille et pétille
aile68
Faire les fonds de tiroirs à la recherche de pièces dorées, de lettres doucement parfumées, d'une bague ancienne, il y avait tout cela dans la maison de ma grand-mère, j'ai découvert avec un ample plaisir un parfum joliment parfumé, ça sentait une odeur enveloppante, un peu vieille comme un sirop au fond d'un verre de cristal, une liqueur cent ans d'âge. Tout là-bas était un trésor, ineffable, brillant de l'aura du sacré et de l'ancien, digne de figurer dans un magasin d'antiquités, cossu, feutré, solennellement silencieux. Le toucher, le caresser avec soin était un privilège parfait, il renfermait le mystère d'un passé lointain, inconnu. D'où provenait-il, comment se trouvait-il là?
Dans la chambre du haut, il y avait une trappe, je n'ai jamais osé l'ouvrir, la peur, qu'aurais-je déniché là-dessous, quelle trouvaille poussiéreuse m'aurait intriguée ou épouvantée? L'étage sous les toits était encore plus mystérieux, énigmatique avec sa petite fenêtre carrée, ses dalles épaisses, de la couleur du pain qui a bien cuit, non pas dorée, je n'arrive pas à trouver le mot, couleur d'étain, de ces casseroles de cuivre accrochées au mur d'une grande cuisine, chez nous tout était grand, la cuisine, le couloir, le salon, même la salle d'eau était un terrain de jeux pour moi et mon grand-frère. On se donnait rendez-vous le soir après le dîner dans la grande cuisine, et on jouait à se brosser les dents, enfants tout était jeu pour nous les enfants, sauf les moments de drame et de confidences, chagrins en tout genre bienvenus!
Le jour s'est levé dans mon espace de vie, ma salle de séjour où je me trouve le plus souvent, dehors on entend les employés des espaces verts, que font-ils, que coupent-t-ils, qu'élaguent-t-ils? Ils soufflent sur les feuilles mortes avec leur gros tuyau d'alien, c'est encore la basse saison malgré le soleil qui brille, les températures douces. J'ai des mots qui m'échappent de bon matin, je les retrouverai peut-être dans le courant de la journée, au cours d'une promenade ou d'un tour chez ma mère. Terminer ma balade littéraire ici, ce n'est pas de la grande littérature, juste quelques mots couchés sur le papier, j'ai des choses à faire aujourd'hui, une chose assez urgente, ce matin précis. Faire les choses, les accomplir, et même si je ne fais rien ce n'est pas pour autant que je ne vis pas. Voili, voilà. J'ai surtout envie de me lever et de me mettre en train pour une nouvelle journée. Aujourd'hui c'est mercredi, il y aura des enfants dans le parc, ils trouveront eux aussi des trésors, et dans le meilleur des cas, ils les inventeront de leurs petites mains potelées et de leurs jolis babillages dorés, tel l'aura du soleil qui brille et pétille.