Brouillon
Gilles Agnoux
Tous l'espace entre les poèmes et la réalité.
Le désir est une pute, une pute lourdement armée.
Elle est à des milles de là, riante avec un taré
Tu étais la plus grande invention du mon jusqu'à ce qu'on tire la chasse
Elle s'est mise du rouge sans regarder à la dépense
Mon taux d'alcoolémie se mesure à la lisibilité de mon écriture
Elle a sur les mains le sang des abricots que je portais matin jusqu'à l'extase de mes tors, et voici, ami, les dernières rimes de ces phrases car aucune règle écrite par un moine saurait magnifier mes paroles. Je vous ai parlé des abricots, que je ne chéri pas. Laissez moi parler sandwich
Laissez moi voir l'une des dernières lueur de l'aube où, affublé comme un mulet, je me chargeais consciencieusement du ravitaillement de mes pères. L'être droit et hagard que j'étais n'eurent suffit à la caissière pour refuser pareille caresse que porte en son sein mes mains et notre... Sur le retour, un livre accueillant me contraint à le lire. Et, remerciant, lui offrait de quoi vivre. Une heure, peut être, de plus qu'il n'aurait pu. Un appel que j'ignore, sans que je le fasse exprès. Puis une main m'arrachant de l'opale, sertie par nombre de geai. L'ombre ou nombre, je ne sais plus. Me voici par la main assis, dans ce lieu jamais quitté. Ma mémoire filtre les merci. L'on ne s'est jamais quittés.
La fille du Chili n'est plus, d'ouest en est la voici devenue le cul autour duquelle les garçons rôdent. Les garçons et les filles de mon âge savent très bien ce que trembler veut dire. Et elle roule sans roue, métaphore nulle de route et vie, ta bouche pas assez près de la mienne pour te regretter.
Poème court d'une nuit un peu plus et y'aurait plus de lacrymal. Trois ans Nelly c'est long, à nos âges où jouer seul redevient primordial.
Je relis ma prose, la trouve à chier, le poète en moi est parti sur les chemins d'un roman.
Peu importe la suite, le reste ne sera qu'une longue suite de vers, accordée telle une opprobre à celui qu'on appelle Charly.
Mes seuls amies sont des mouches, elles, je pourrais pas, enfin, comment pourrais les tromper? C'est des mouches.
Nous naissons avec en notre bouche tous les mots de la terre
Puis un qui s'impose un peu plus que ses frères
Il se met à tourner dans toutes les langues
Et nous le répétons, le collant de plus en plus à lui même,
S'interrompant peu pour s'occuper moins des cons sorts.
Puis une seule langue s'érige, une seule culture.
Elle squatte notre sac, prend toute la place.
Voici que l'oiseau de mort nous repère et fond sur nous comme une bougie dans le vent
Les lumières ordinaires, même les chiens te regarderont de travers, même les pierres s'accouplent entre elles
Suivre le cul des filles, se caler sur leur rythme, poésie parlementaire à l'odeur de New Wave
Une pintade roucoulante dont le ramage est à chier, arroser la floraison des verbes
L'épiderme qui manque à toutes mes plaies
Je suis là, incapable de ça, je me ramone le gosier à propos de devine quoi. J'ai chaud, mais ça vient pas du cœur. Je me sens gai comme un saule qui pleure. La grâce la graisse s'avine abîme. Jusque dans les cinq heures du mat' sur un rebord de fenêtre. On se risque à la brise et plus, jamais plus, envie d'écrire lancée en l'air, elle s'est brisée dans un éclair