Lettres à Arthénice - I -

 A N *** le mardi 19 février 2019 - 12.58 -

Je suis las de vous,

    Vous ne retiriez-pas mes lettres à la poste restante conduisant la Poste à me notifier l'ordre d'aller retirer le fatras de lettres en attente depuis des semaines,

  Je vous téléphone ce  matin alors que le jour commence à se lever, et je dérange madame, enfouie sous les couvertures, d'ailleurs je ne sais ce que vous fourragiez au fond du lit, sachant que vous n'avez point d'homme, mais si ! je le sais ...

  Vous me renvoyez comme un mal propre, et alors même que je souhaitais vous élever un peu, en vous  parlant de la grâce de Dieu... il n'y a pas d'heure pour la culture madame,

   Je sais que je vous énerve, oui énerve, que je vous pèle le jonc, oui pèle le jonc, oui je sais je suis vulgaire mais vous m'incitez à l'être,

  J'ai relevé aussi que vous aimiez, du moins que vous n'étiez apte qu'à comprendre les écrits bien construits, vous abhorrez le coq-à-l'âne, le tout venant, les choses en vrac, il vous faut des phrases courtes, évidemment Proust vous ne connaissez pas, si si je sais, - Souvenez-vous jadis vous m'avez raconté que vous étiez tombée - vous en aviez eu un bleu au genou -  sur une phrase de Proust, et qu'arrivée à la fin vous en aviez oublié le début ! - vous ne connaissez pas, il vous faut des transitions ...

   Quant au Jansénisme, je vais vous dire et j'abrège, ou vous avez la grâce ou vous ne l'avez pas et si Dieu ne vous en a pas doté, vous pouvez faire le pied de chêne , la roue, que sais-je, pas de salut pour votre âme...

   Peut-être que les gilets jaunes vont exiger un débat sur la chose, Grâce, prédestination, liberté humaine ...

   Allez belle Arthénice, vous savez que je vous aime, peace and love, mais je vous envoie désormais mes lettres en recommandé avec accusé de réception, puisque notre amie commune Marie-Chantâaal m'a donné votre adresse.

   La garce dites-vous ! Oh ! non ! un Amour ...

  Quand vous en aurez assez des avis de passage, puisque vous n'ouvrez votre thébaïde à personne, vous me consentirez peut-être un rendez-vous, galant, j'ai le souvenir de votre cheville, si déliée, et de vos petits doigts de pieds parfumés si délicats, et ce rouge à ongle qui leur seyait si bien ...  

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