Burqa, burquera pas ?

Le Bruit Et La Harpie

Il fallait que ça arrive, depuis le temps que tout le monde rumine la question. Le gouvernement vient d’annoncer qu’une loi interdirait très prochainement le port de la burqa.

Dossier épineux. Ce sujet me fait l’effet d’une plante carnivore que l’on voudrait cueillir et qui se referme sur notre main dès que l’on l’approche. Sous couvert de l’argument “manque d’égalité des sexes“, les “enburqabés” seront bientôt des criminelles. Certains applaudissent, d’autres scandent leur indignation. Face à tout ce tapage, je reste malheureusement coi, et arrive difficilement à me prononcer.

Il est évident que certaines femmes souffrent de l’obligation d’un tiers, souvent masculin, et portent la burqa comme un fardeau social et personnel. D’autres affirment avoir choisi de la revêtir. Dans cette histoire où rien n’est tout noir ou tout blanc, il est normal de constater des divergences au sein des classes politiques.

La burqa dérange et les images qu’elle nous renvoie nous terrifie. La burqa gêne le regard lorsque l’on croise ces ombres déambulant dans les rues. La burqa fait exploser la religion aux yeux de tous dans notre État soit-disant laïque. Mais la burqa en France n’est pas la burqa en Afghanistan. La transposition de contexte fait avancer dans des voies beaucoup trop délicates, qui ne peuvent qu’échapper à des lois rigides lorsqu’il s’agit d’êtres humains et donc d’hétérogénéité.

Égalité, mais liberté ? Ce qui me fait froid dans le dos, c’est bien la fenêtre de non-liberté qu’a ouvert le gouvernement avec cette proposition de loi. Au nom de quoi peut-on décréter qu’une personne ne doit pas porter tel ou tel vêtement, religieux ou non, dans la rue ? Comment le gouvernement compte-il mettre en place cette mesure ? Et comment ne pas prendre en considération ces jeunes filles qui déclarent avoir choisi la burqa ?

Passer le pas d’une interdiction est d’une dangerosité sans fond et soulève un autre problème : les femmes portant la burqa se verront certainement obligées de se cloîtrer chez elles pour éviter contrôles policiers, amendes et interdictions.

Burqa ou pas, là n’est finalement pas le problème. Nous marchons d’un pas ferme vers une société uniforme où les libertés personnelles seront de plus en plus bafouées, quoiqu’on en pense. Si la rue doit devenir propriété gouvernementale, prenez garde à vos kippa, vos voiles, vos strings dépassant du jean. Mais a priori, vous pourrez continuer à regarder la messe sur France 2 le dimanche matin, car aucune loi n’est prévu à ce sujet-là.

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