Bye bye blackbird

linsolente

C'est écrit noir sur blanc, Nelson Mandela est mort et enterré. N'en démord au nostalgique, ce grand homme s'en est allé. Ceux qui servent de noirs dessins se servent un verre de blanc pour fêter ça, d'autres, blancs comme neige, boivent un café noir pour avaler cette triste information. L'Afrique noire fait une nuit blanche pour célébrer l'enfant du pays, Madiba. Barbara peut chanter son soleil noir d'une voix blanche, le symbole de la tolérance a éteint la lumière sur le monde. Il fait nuit noire, même la lune se cache pour pleurer. Monsieur Mandela, de son lumineux vivant, a contracté un mariage blanc avec la prison, pour que le drapeau blanc de la paix flotte sur l'Afrique du sud. Du fond de son cachot noir comme un corbeau, une colombe s'est échappée. Elle a mis 27 ans c'est vrai, mais l'essentiel c'est qu'elle n'ait pas fait chou blanc. Elle est montée si haut dans les airs, qu'on a cru un temps qu'elle travaillait au noir.

Renoir aurait pu faire le portrait de cet ardent défenseur des droits des noirs, lui qui n'utilisait jamais de couleur noire pour représenter les ombres, plutôt du bleu sombre, et pas de couleur blanche pour les touches de lumière, encore du bleu ciel. Sous un ciel noir de douleur, de toute la planète les personnalités politiques et culturelles blanches d'émotion se sont succédées pour saluer la mémoire de ce grand homme. Avec cette peau d'ébène, ses cheveux blancs, ses yeux scintillants d'intelligence et de vraie gentillesse, 95 ans au compteur, oui, c'est bien Mandela qui a fait tomber le rideau noir sur l'apartheid. Pas de film noir mais une page blanche sur laquelle il a écrit l'Histoire avant d'y entrer à son tour, sans détours.

C'est sans mélodie que Nelson a rendu l'âme, lui qui avait mis, par bonheur, un coup à l'arme blanche dans les préjugés, la bêtise et le racisme. Avant son combat, on pensait que noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir, on ne pouvait que déposer un bulletin blanc dans l'urne de la ségrégation. C'était sans compter sa ténacité, son courage, sa bonté. Il n'était pas blanc bleu, il était aussi rouge, vert, jaune et noir, les couleurs joyeuses de l'Afrique du sud, les couleurs de la liberté et de la dignité, qui l'accompagnent sur son cercueil à jamais. 

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