Bye Bye Jim

Sophie Marchand

truites, grizzly, biches, coyotes et tutti quanti

…je fais griller mes gambettes à côté d'une noire de Crimée sur laquelle court une coccinelle.
Le fond de l'air est animé, musique latino qui s'échappe d'une fenêtre, coqs qui s'égosillent malgré l'heure plus qu'avancée, paraît que ça annonce la pluie ? bêlements, tourterelles, klaxons et timides cigalons. Tout baigne !
Et cerise sur le gâteau, je lis ce livre comme on déguste un bon vin, à petites lampées pour faire durer le plaisir. Quelques lignes et mon esprit file comme la maille d'un bas … par exemple du côté de San José ou de Puntarenas au Costa Rica, les images qui naissent au fil de ma lecture se superposent avec d'autres images, réminiscences ou pensées glanées ça et là. Comme d'habitude chez Harrison, il est question de nature (la grande, la sauvage avec truites, grizzly, biches, coyotes et tutti quanti), de cuisine (pas nouvelle), de bons vins, les femmes y sont plutôt « libérées », fantasques et les hommes victimes consentantes, sans oublier… des chiens ou chiennes compagnons omniprésents.
L'auteur Jim Harrison ne mâche pas ses mots avec son propre pays, il fait dire par exemple à son héros à propos de la pauvreté aux USA « On lit aujourd'hui ceci dans nos journaux : les nantis refusent tout bonnement de reconnaître la malnutrition. Ils nient le phénomène en bloc, car ils ne se sont jamais donné la peine d'entrer en contact avec les gens différents d'eux même. (…) Aucun de ses gros enculés de Washington ou de Lansing ne devra jamais servir une tasse de bouillon-cube à ses mômes en guise de dîner pendant tous les jours de la semaine. C'est couru d'avance car tous sont avocats, et les avocats pensent que tout est affaire de langage. Soixante pour cent des dommages et intérêts de l'amiante sont passés en frais de justice. »

Jim Harrison, on le voit, a l'air d'écrire comme il pense, son style n'est pas époustouflant mais certaines de ses histoires m'attrapent et ne me lâchent plus. « Faux soleil » en fait partie.

L'histoire ? deux hommes se rencontrent, l'un (sorte de alter ego de l'auteur ?) vient interviewer un autre, un bâtisseur de barrages et autres ouvrages d'art. Cet homme, Strang va peu à peu lui raconter sa vie qui nous embarque du Michigan avec une enfance en pleine nature, ses chantiers au Kenya en passant par l'Inde, le Brésil jusqu'au Costa Rica pour finir dans ce chalet du Michigan, retour aux sources et arrêt obligé, victime qu'il est de l'Aristolochia medicanalis, plante qu'il a imprudemment consommée pour lutter contre l'épilepsie.
Strang pour garder sa liberté devra s'enfuir, il choisira le fleuve…



« Le "faux soleil" ou "parhélie" est un phénomène optique, lié à celui du halo solaire, consistant en l'apparition de deux répliques de l'image du soleil, placées horizontalement de part et d'autre de celui-ci. Le terme est également utilisé, dans un sens figuré, pour décrire le pâle reflet, le double amoindri, de quelque chose ou de quelqu'un. En anglais "Sundog" peut-être littéralement traduit comme le chien du soleil, et le livre traite beaucoup de cet animal, que l'auteur affectionne particulièrement, et qu'il a pris comme nom indien "Chien Brun", étant très proche de cette culture. Le titre décrit totalement le phénomène qui va avoir lieu dans la rencontre des deux personnages principaux, ils sont la reflexion l'un de l'autre. Ils vont comprendre leurs vies dans le miroir du passé de chacun. » cf. http://www.esseclive.com/livres-litterature/livres/litterature-contemporaine/014
606-Faux-soleil-de-Jim-Harrison.htm


mai 2011

  • je ne connaissais pas cet auteur qui vient de disparaître, mais c'est par Faux soleil que j'ai envie de découvrir, belle chronique!

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

    • coucou julia, je ne sais pas si c'est le meilleur d'Harrison, j'ai aussi aimé "une odyssée américaine", pas été attirée à priori par "Légendes d'automne" ou "Dalva" portés tous les 2 au cinéma mais ce n'est pas dit qu'un jour, je ne les ouvre pas...

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Hotel9

      Sophie Marchand

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