Ça m'énerve !

Jean Louis Bordessoules

Ça m'énerve !

Jean-Louis Bordessoules

(bordessoules@orange.fr)

Monologue

(1 h environ)

Tout public

Synopsis

Coup de gueule d'un personnage seul qui parle de sa vie et de ce qui l'agace prodigieusement dans le contexte actuel.

L'actualité va rendre caducs certains passages : ne pas hésiter à contacter l'auteur pour actualisation !

Personnages

Un homme assez jeune (20-25 ans)

Décor

Rien

Costumes

Rien 

Ah, vous êtes venu ! Ça me fait plaisir ! Vous aussi ? Comme c'est gentil... Bonjour ! ... Bonjour ! ... Salut, ça va ? ... Ça fait plaisir, je vois que vous êtes tous là ! C'est vraiment sympa d'avoir fait le déplacement. Je sais que ce n'est pas toujours facile... Le travail, les gosses, la bonne femme... Hum... ou le bonhomme, bien sûr. Excusez-moi, madame. Les corvées de la maison, sortir le chien, la paperasse, les enfants, les devoirs, bref. Il faut faire un bel effort pour sortir le soir au lieu de regarder la télé, pas vrai ?

Tout ça pour dire que je vous remercie sincèrement de votre présence...

Même moi, j'ai eu du mal. Deux heures de route, les embouteillages, une crevaison, et pas moyen de trouver une place de stationnement en arrivant...

Comme fait exprès, il n'y avait pas de place à côté de la salle de spectacle... Alors je me suis mis en stationnement interdit, me disant qu'en ma qualité d'artiste... (à une personne du public) ben quoi ? En ma qualité d'artiste, disai-je... je pourrais bénéficier de l'impunité de la maréchaussée. Tu parles ! Sitôt sorti de la voiture, me voilà nez à nez avec Shrek ! Mais pas vert, celui-là, bleu ! Le genre de gars recruté pour son physique mais pas pour son quotient intellectuel ! A mon avis, il est entré dans la police municipale parce qu'il s'est fait jeter de la police, de la SNCF et de la Poste... D'abord, il me regarde sans me parler. Comme si j'étais une merde sur sa tartine au petit déjeuner... Alors vu le gabarit du gars, je recule un peu, m'attendant à un passage à tabac en règle, on sait jamais. Mais non, Shrek s'est mis, contre toute attente, à parler. Enfin quand je dis parler... ça donnait à peu près ça (mimer et changer de voix) : « Pas stationner là ! ». Alors je me suis mis à lui expliquer que je suis un artiste... (à la même personne du public) Oui, bon, ça va... Que je suis un artiste, disai-je, et que j'avais besoin de laisser mon véhicule à côté de la salle de spectacle. « Pas stationner là ! ». Après en avoir habilement déduit que son vocabulaire était très limité, je lui ai alors montré le programme avec mon nom, ma carte d'identité, espérant qu'il allait comprendre, avoir une étincelle... « Pas stationner là ! » dit Shrek une troisième fois en commençant à sortir son carnet de contraventions. Signe que, bien que son cerveau ne comprenne probablement qu'un seul hémisphère, non seulement le pithécantrope sait parler, mais aussi il sait écrire. Comme le montant de l'amende risquait d'être supérieur à mon cachet (regard appuyé vers les coulisses), je n'ai pas poursuivi plus longtemps cette intéressante rencontre ethnologique, je suis remonté dans ma « béhem (bmw) »... (regard vers le public) oui, bon, dans ma Ligier, et je suis allé me garer loin. Très loin. Si loin qu'avec ces conneries j'ai failli arriver en retard. Franchement, hein, quelle ville de merde ! Avec en plus une espèce en voie d'apparition, un schtroumph grognon géant qui traîne dans les rues et terrorise les automobilistes ! Ah vous pouvez me remercier d'être là ! Si, si, vous pouvez...

Et pour être tout à fait franc, c'est dans ces moments-là que j'apprécie d'habiter à la campagne. Chez moi, au moins, pas de problème. Je me gare devant ma maison ! Sans payer et sans risquer que Shrek ne vienne me coller une contredanse...

Vous savez, c'est chouette, la campagne. Pas de stress, l'air pur, des paysages, le silence... la tranquillité... le calme... la solitude... (un temps) Oui, je sais, des fois, ça fait un peu trop, la solitude, le calme, le silence... on aimerait bien un peu d'animation ! En fait, l'idéal ça serait d'être comme à la campagne, mais en ville. Mais ça coûte cher, faut être riche ! Bref, à la campagne, on est tranquille comme les riches en ville, sauf qu'on se fait chier. Bon. Enfin, je suis venu de ma campagne jusque là, et vous pourriez me remercier... (devant le silence du public) Mais vous n'êtes pas obligés... De toute façon il fallait que je vienne parce que je voulais vous parler de... Qu'est-ce que je voulais vous dire, au fait ? ... Ah oui ! Je suis super heureux, j'ai trouvé du travail !

Je sais, ça peut sembler surréaliste, aujourd'hui de dire "J'ai trouvé du travail", on a l'impression de voyager dans le temps. De se retrouver dans les années 60, à l'époque des «Beatles et de l'essence pas chère»... Nous, c'est plutôt «Sarkozy et de la pollution» – pléonasme... Enfin c'est vrai, j'ai trouvé du travail... Moi... Si, si... Sans diplôme, sans qualification, sans expérience professionnelle, j'ai trouvé du travail !

Pourtant, c'était mal parti. Tout petit, figurez-vous que j'ai commencé par redoubler mon CP. Alors, pas plus con qu'un autre, en copiant sur mes copains et avec des anti-sèches, j'ai réussi à passer en CE1, puis en CE2 et finalement, en CM1. Là, c'est devenu difficile. Les instituteurs... pardon, les professeurs des écoles avaient des doutes et me surveillaient de plus en plus. Ils m'ont tellement fliqué que j'ai dû redoubler CM1 et CM2. Mais je les ai quand même eu à l'usure !

Tiens, je me souviens d'une histoire en CM1... J'étais en train de faire de l'enthomologie... enfin... je regardais des mouches voler, quant tout à coup, l'institutrice, mademoiselle Lepinsec me réveille sans s'excuser et s'adresse à moi : «Michel, répète ce que je viens de dire ! ». Alors je prends le temps de me lever, lentement, histoire de gagner du temps, j'essaie de me concentrer sur ce que j'ai pu entendre, je bredouille un « Heu... » hésitant... « Michel, tu rêvais, comme d'habitude ! Alors, qu'est-ce que je viens de dire ? ». C'est alors que mon voisin de table me souffle sournoisement : « fellation ». Alors moi, sans réfléchir, soulagé, je répète : « Heu... vous parliez de fellation, m'dame ». Vous imaginez la tête de mademoiselle Lepinsec ! C'était le genre de vieille fille, toujours tirée à quatre épingles, tous les matins à la messe avant d'aller à l'école, le dimanche elle faisait la quête et le mercredi le cathéchisme... Je la soupçonne même d'avoir fait son thé à l'eau bénite. Oui, oui, figurez-vous que je l'ai vue un jour prendre de l'eau dans le bénitier. J'ai eu chaud ce jour-là d'ailleurs, c'était justement le jour où j'étais venu mettre de l'encre dedans... Bref, quand je lui ai parlé de fellation en plein cours, elle est devenue toute rouge, a suffoqué, s'est appuyée sur le bureau, a fait son signe de croix cinq ou six fois (on peut mimer la scène), jai bien cru qu'elle allait avaler son crucifix et c'est tout juste si elle ne m'a pas jeté l'anathème... Finalement, elle s'est souvenue qu'elle était dans une école laïque, et elle m'a dit, faisant preuve d'un self-contrôle admirable : « Petit misérable ! Jeune dévoyé ! Eh bien tu vas me copier sur une feuille la définition du mot... enfin de celui que tu viens de prononcer, et le faire signer par tes parents pour demain ! ». Je me suis rassis sans trop comprendre... À la récré les copains m'ont expliqué, et là, j'ai commencé à paniquer dur... J'imaginais la tête de mes parents et la punition qui va avec. Finalement, j'ai été sauvé par le premier de la classe qui m'a soufflé le moyen de m'en sortir. Voilà ce que j'ai écrit : Fêler, action de fendre un objet sans en séparer les parties. Verbe qui aurait été employé la première fois par celui qui a cassé le vase de Soisson et qui se serait exclamé : « Il eut mieux valut que nous le fêlassions ». Mes parents n'ont pas trop compris pourquoi je leur demandais de signer ça, mais c'est passé... Quant à mademoiselle Lepinsec le lendemain... elle a grommelé des mots du genre « petit voyou », m'a menacé des flammes de l'enfer si je récidivais, mais n'a pas insisté ! Du coup, j'avais quand même appris l'imparfait du subjonctif...

Finalement mes efforts ont payé et je suis quand même parvenu en 6e... avec en prime une solide expérience de la fraude scolaire. D'autant plus que j'avais compris la quintessence de la philosophie de l'éducation nationale : l'essentiel n'est pas de raisonner mais de recracher ce que l'on a appris par coeur. C'est d'ailleurs à cela que nous devons la nullité de notre classe politique qui fait rire le monde entier ; nous, moins... Et ils entretiennent la tradition, bien sûr, histoire de pouvoir continuer à magouiller en paix. Imaginez qu'ils changent les règles du jeu et apprennent aux gens à réfléchir : ils ne feraient pas long feu... Mais je diverge... Non, madame, ne soyez pas offusquée, je ne fais pas une plaisanterie salace. Quand je dis que je diverge, je ne dis pas verge, mais je dis que je m'éloigne du sujet, de « di-verger »... Mais non, madame, je ne parle pas non plus de culture fruitière, quand je parle de diverger, il ne s'agit pas de deux fois cinq vergers, mais du verbe diverger, changer de direction... Bref, revenons à nos moutons. Mais non, madame, je ne veux pas non plus parler d'élevage ! Laissez-moi parler, à la fin. Pour une fois que ça commençait à devenir intéressant ! Je reviens donc à ma scolarité. Je me suis débrouillé, bon an mal an, à passer de la 6e à la terminale en ne redoublant que deux fois... et sans rien apprendre ! Au bac, par contre, pas question de tricher. Ou si peu... Si bien que j'ai eu 23 ans, pas le bac... et pas non plus les félicitations de mes parents.

Oh, je sentais bien que malgré les bonnes paroles (« mais non, mon chéri, tu seras toujours ici chez toi, tu ne nous déranges pas »), il n'avaient qu'une hâte, c'était que je parte. Je m'apercevais bien aussi qu'ils avaient un peu honte, quand il recevaient des amis (« vous connaissez Michel, notre grand fils. Il vient juste de terminer ses études et cherche activement du travail, mais c'est dur, vous savez ») ; sans en avoir l'air, ils me mettaient la pression. Mais qu'est-ce qu'ils imaginent ? Moi aussi, j'avais honte, quand je recevais des copains (« faites pas attention, les gars, mais mes parents habitent encore chez moi... »). C'est pas facile à vivre non plus, ce genre de situation.

Mais bon, puisque mes parents ne semblaient pas vouloir prendre leur indépendance, j'ai fini par me dire qu'il fallait que ce soit moi qui fasse l'effort.

Direction le centre d'orientation. J'ai rencontré un conseiller d'orientation.

C'est bizarre, d'ailleurs, ce mot : orientation. Ben oui... Pourquoi pas occidentation ? Pourquoi nous envoyer vers l'Orient ? Un coup d'Al Quaïda ? Et pourquoi pas le Sud ? ... Non, là, c'est pas possible, la sudation, c'est un mot qui est déjà pris. C'est une marque déposée de la transpiration. Pas de ma faute. Mais on pourrait aussi rester rester chez nous, tout simplement, on appellerait ça la sarkozytation... Non, finalement, c'est pas une bonne idée, vaut encore mieux l'orientation.

Bref, j'ai rencontré un conseiller non pas de sarkosytation, mais d'orientation. Le genre qui sait pas grand chose mais qui se donne des airs et veut donner des leçons... « Eh bien voyez-vous, mon jeune ami, il faut se rendre à l'évidence, vous ne semblez pas fait pour les études. » Tu parles ! Je m'en étais un peu aperçu. « Vous pourriez vous présenter à nouveau au bac en candidat libre, mais commencer des études supérieures à 24 ou 25 ans, cela vous amènerait à prendre votre retraite à 80 ans, ce que je ne vous conseille pas. » Et en plus, il se fout de ma gueule, le conseiller ! « Compte tenu de vos compétences et aptitudes, tout ce que je pourrais vous conseiller, c'est de vous lancer dans la politique, mais vous êtes un peu jeune. » Alors là, il m'a soufflé, le gars. Je n'y avais pas pensé, mais avec mon sens de la magouille et de la fraude, j'ai toutes les qualités requises. Mais il avait raison, je suis un peu jeune. « Finalement, le seul conseil que je puisse vous donner, c'est de vous présenter au Pôle emploi. Au revoir, jeune homme. » Les boules ! C'est que je n'avais pas envie de travailler, moi ! J'étais bien, au lycée.

Bon, c'est vrai que bien que très jeune d'esprit, je commençais à me sentir un peu en décalage avec mes copains qui n'avaient que 17 ou 18 ans. Je me suis donc résolu, la mort dans l'âme, à aller au Pôle emploi.

Il faut que je vous explique. Avant, il y avait le pôle nord et le pôle sud ; deux zones très froides en haut et en bas de la planète. Et depuis Sarkozy, on a un troisième pôle, le pôle emploi. C'est sa manière de lutter contre le réchauffement climatique... Merci saint Nicolas. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de trouver du travail au pôle nord ou au pôle sud, mais c'est coton. Eh bien au pôle emploi c'est pareil. Des fois ceux qui vous accueillent, c'est des vrais ours, au boulot c'est des manchots, et vous, vous faites le pingouin... Non, je déconne, c'est pas vrai ! Enfin, des fois, quand même...

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais c'est bien une idée à la Sarko. Avant, on avait d'un côté l'ANPE qui ne vous trouvait pas de boulot. On ne peut pas vraiment leur reprocher, du boulot, y en a pas. Ou alors faut aller en Chine travailler 16 heures par jour 7 jours sur 7 pour 100 € par mois, et fabriquer des jeans à 1 € qui seront revendus 100 € pièce en France ! Non merci. Et à côté on avait l'Assedic qui versait du chômage à ceux qui avaient le droit. Ça marchait à peu près. Mais il faut croire que ça marchait trop bien, alors il a tout cassé.

Parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais notre bon saint Nicolas a tendance à foutre en l'air tout ce qui est en faveur des pauvres, et inversement... Résultat c'est le bordel au pôle emploi.

Alors moi quand je suis arrivé avec mon CV, et que j'ai vu la tête de la conseillère du Pôle emploi quand elle l'a lu, j'ai eu un sacré coup de blues... C'est pas gagné, je me suis dit. Elle m'a regardé comme Jean Valjean a dû regarder Cosette dans Les Misérables, je me suis ratatiné sur mon siège et j'ai attendu. En guise de réponse, je l'ai vue faire son signe de croix... Je ne suis pas croyant, mais elle m'a foutu la pétoche la conseillère du Pôle emploi ! Déjà que je n'étais pas rassuré en arrivant... Pour tout vous dire, j'avais jeté un oeil aux offres d'emploi, et ça, je n'aurai jamais dû le faire. Ça vous fout le moral à zéro vite fait. Allez, je vous donne un exemple d'offre, juste pour rire... enfin, pour rire... : Recherche, niveau bac + 5, compétences et expériences d'au moins 3 ans exigées en comptabilité, électro-mécanique et chirurgie. Temps partiel, rémunération smic. Il y a quelqu'un que ça intéresse ? Y a-t-il un comptable-mécano-chirurgien dans la salle ? Autre exemple : Recherche thanatopracteur, diplôme et expérience exigés, CAP boucherie accepté. Temps partiel 12 heures par semaine, déplacements à la charge du salarié sur Lille, Nice et Bayonne, rémunération smic. Sympa...

J'explique, parce que thanatopracteur, je ne connaissais pas, alors j'imagine que je ne suis pas le seul. Thanatopracteur c'est la chirurgie esthétique pour les morts, avant l'enterrement.

A ce sujet, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'ai horreur des enterrements. Ça fait longtemps que j'y pense, et je n'ai vraiment pas envie d'infliger le mien aux autres.

Comme je suis un peu écolo sur les bords, ce qui me semblerait le plus simple, c'est de mettre ma dépouille – vous avez remarqué ? On dit pas cadavre, mais dépouille, ça fait moins mort... Défunt, c'est bien, aussi – je disais donc de mettre ma dépouille sur le tas de compost au fond du jardin. Mais bon. J'ai peur de ne pas être très décoratif. (vers le public) Qui a dit que ça serait pas mieux qu'aujourd'hui ? Vous savez que vous êtes vexants quand vous vous y mettez... Bref, je reprends au moment où le héros suggérait de mettre sa future dépouille sur le tas de compost au fond du jardin et qu'il disait que ce ne serait pas forcément très décoratif. Il y a aussi l'odeur et les mouches. Pas terrible au fond du jardin familial. Idée à rejeter.

Une petite digression pour ceux que cela pourrait choquer. Soyons rationnels. Concentrez-vous, c'est sérieux. Rigolez pas, merde...

Pour celles et ceux qui pensent qu'il y a une vie après la mort, on en conclut que le corps n'a plus d'intérêt. C'est comme quand ta bagnole est foutue : à la casse ! Plus rien à foutre. C'est logique ou c'est pas logique ? Donc, puisque nous sommes d'accord là-dessus, pas besoin d'enterrement avec le cérémonial et tout le toutim. Quand on dit qu'on croit en Dieu, on assume.

Et pour les autres, ceux qui pensent que tout s'arrête, même chose. La viande morte n'a plus d'intérêt, et autant s'en débarrasser de la manière la plus rationnelle possible. Quand on est libre-penseur et rationaliste, même chose, il faut assumer. Donc, pas besoin du tintouin autour de l'enterrement.

Après cette rapide mise au point pour les pisse-froid, je reviens au problème de l'évacuation de mon futur cadavre. Rien n'est prévu non plus en déchèterie. Un ou deux plombages ne justifient pas la benne à métaux. J'ai bien un peu de mycoses aux pieds, mais de là à me mettre avec les déchets végétaux… Le verre non plus, pour l'instant je me limite à leur contenu, le papier et les cartons encore moins, reste le tout-venant.

Le tout-venant, ça veut dire incinération. Et pour moins cher qu'avec les pompes funèbres, croyez-moi ! C'est au moins l'avantage. Mais écologiquement, c'est d'une connerie himalayesque. Franchement, utiliser du fuel ou du gaz naturel (notez bien que le meilleur, c'est quand même la cuisson au feu de bois, mais c'est très difficile à obtenir) du fuel ou du gaz naturel, donc, pour faire brûler un truc qui contient 70 % d'eau, faut être un peu con, non ? Et même franchement con ! Comme combustible on trouve mieux, quand même ! Bonjour la pollution et le réchauffement climatique ! Et avec le cours actuel du baril de pétrole, autant faire ça avec du Chanel n°5...

Ensuite, je suis franchement contre parce que je trouve que c'est une escroquerie pure et simple. Je vous explique. J'imagine mes enfants allant voir le mec des pompes funèbres, avec sa gueule de l'emploi et sa raie sur le côté. Je l'entends d'ici, le mec !

« Comme vous aimiez beaucoup votre papa, je vous propose ce magnifique cercueil en chêne imputrescible garanti 200 ans, avec une splendide patine, etc. etc. » Le mec, il essaie de vous coincer : si vous refusez sa proposition, vous sous-entendez que vous n'aimiez pas votre père ! Ça n'a rien à voir, mais il vous manipule. Il est très fort et vous très faible. Alors il en profite.

Alors comme vous ne voulez pas passer pour un ingrat, vous dites oui. Et le mec, il en remet une couche : « Alors bien évidemment, avec ce magnifique cercueil, je vous mets les poignées et la croix en titane qui seront du plus heureux effet. On ne peut absolument pas mettre de la pacotille avec un tel cercueil. Votre papa serait fier de vous. » Là, il verrouille. Impossible de faire marche arrière.

Mais ce n'est pas fini, il ne va pas s'arrêter en si bon chemin, il passe la troisième couche : « J'allais oublier, nous possédons de splendides capitons et coussins parfaitement assortis à ce bel ensemble. Je vous les mets, bien évidemment. » Il ne vous pose même plus la question. Il choisit pour vous.

Et pour que l'horreur soit à son comble, on va imaginer qu'il y a incinération. Je passe sur le vase, la coupe, je ne sais pas trop comment on appelle le cendrier qui sert à mettre les cendres des incinérés, qu'il va vous vendre en plus. Ce faux cul est même capable de vous faire 10 % dessus.

Pour ce qui va suivre, je ne suis pas un spécialiste, je n'ai jamais assisté à une incinération, mais j'imagine. Deux cas sont possibles.

Premier cas : on brûle tout. Le défunt, mais aussi le cercueil en chêne imputrescible garanti 300 ans (ça a augmenté entre-temps, on arrête pas le progrès !), les blings-blings en titane, les capitons en soie, tout. Une interrogation, quand même. Les poignées et la croix, qui sont en métal..., à ma connaissance, ça ne brûle pas très bien. Et si on les mettait fondues dans le cendrier, ça ferait bien deux kilos en plus, et ça se sentirait. Donc à mon avis, ils sont obligés de les enlever avant… et je suis prêt à parier qu'il ne doivent pas trop hésiter à les revendre au client suivant. Je sais, je suis mauvaise langue, mais on ne se refait pas.

D'autre part, si l'on réfléchit bien. Un corps humain, une fois enlevé la flotte, il ne reste pas grand chose. En cendre, ça fait encore moins. Donc dans l'urne (ça y est, le nom me revient) vous n'avez pratiquement que des cendres de chêne et de tissus, avec quelques traces de cendres du défunt ! Eh oui, ça ne fait pas plaisir, hein ? Mais je n'ai pas fini. Moi aussi je passe la deuxième couche.

Deuxième cas : on ne brûle que le mort. Comme ça, dans le cendrier, pardon, l'urne, vous n'avez que les cendres du défunt, pas d'arnaque. Mais le cercueil ? Les poignées ? La croix ? Les capitons et tout le tintouin ? Vous pariez que c'est retour à la boutique vite fait bien fait ? Arnaque, je vous dis ! Parce que vous n'allez pas les garder chez vous pour la prochaine fois ! Ça ne se fait pas... Et puis vous n'allez pas négocier la reprise en occasion ! Surtout que là, il n'y a pas d'offre gouvernementale sur la reprise des vieux cercueils et l'achat d'un cercueil neuf qui pollue moins...

Mais je ne suis pas entré dans tous les détails et je reviens à mon thanatopracteur. Ils vous vendent en plus des « soins » pour que le corps se conserve quelques jours, en attendant l'enterrement ou l'incinération. Notez bien qu'en été c'est pas mal, parce que ça cocotte vite. Les morts ne savent pas se tenir. Et qu'est-ce qu'ils font, nos gars de pompes funèbres ? En gros, il enlèvent tout ce qui se trouve à l'intérieur et qui peut sentir mauvais (intestins, vicères, organes, poumons, etc.) pour le remplacer par autre chose (genre boules de papier avec des vieux journaux ; je pousse un peu le bouchon, je sais). Ce qui fait que la moitié du défunt finit directement à la poubelle sans passer par la case enterrement ou incinération ! Bonjour le respect... Avec leur sourire de faux cul et leurs courbettes, ils doivent mettre tout ça dans des sacs en plastique dans leurs valises et ensuite, poubelle ! Je ne pousserai pas le mauvais goût jusqu'à supposer qu'ils ont en parallèle un élevage de chiens. Je sais me tenir, quand même. D'autant plus qu'avec tous les médicaments que nous prenons, je suis sûr que la SPA porterait plainte pour tentative d'empoisonnement. Et après ces fameux soins, quand il y a incinération, il reste encore moins de cendres du mort ! Juste la peau et les os ! Elle est pas belle, l'arnaque ? Si vous trouvez que j'exagère, n'oubliez pas que je parle aussi pour moi dans quelques années.

Et puis, ce qui me fait toujours hésiter entre le rire et les larmes, c'est le côté « commando » des porteurs. Toujours avec un costume qui ne leur va pas, trop grand ou trop petit, et une tête qui, elle, ne va pas du tout avec le costume... et cette façon militaire de se comporter, pleine de fausse dignité alors que tout le monde sait parfaitement qu'ils sont uniquement là pour faire semblant, probablement payés une misère pour faire ce sale boulot ! Le plus marrant, c'est quand le « chef » leur donne des ordres, on a l'impression de voir une extrait des « Bidasses en folie » avec les Charlots ! Franchement, autrefois quand c'était les proches du défunt qui portaient le cercueil, c'était beaucoup plus sympa.

Mais je m'énerve, je m'énerve… soyons constructif.

Qu'est-ce qui me ferait plaisir pour mon enterrement ? Ça n'arrive qu'une fois, alors autant que ce soit la fête. Soyons fous !

Côté cercueil, puisqu'il en faudra bien un, surtout pas de croix ! Pourquoi pas un pal, ou une guillotine ! Non, non. Et puis une caisse bricolée en bois déclassé, le genre qui se décompose le plus vite possible, ce sera le mieux. Si j'ai le temps, je le préparerai moi-même. Sinon, on en trouve en carton, maintenant. C'est moins cher et c'est plus écolo.

Ensuite, pas de porteurs. Franchement, c'est presque aussi idiot qu'incinérer un truc qui contient 70 % d'eau ! Je me permets de vous rappeler que la roue existe depuis déjà pas mal de temps. Elle n'a pas été inventée pour les chiens ! Je préconise donc, pour éviter toute peine inutile de munir mon cercueil de roues qui faciliteront son déplacement. C'est quand même pas compliqué ! Je ne comprends pas que personne n'y ait pensé. Il faudra d'ailleurs que je pense à faire breveter l'idée.

Si des facétieux ont envie de décorer ou peindre ce véhicule d'un genre nouveau, ils seront les bienvenus. On pourrait même imaginer un truc qui fasse « pouet, pouet ! » à chaque tour de roue, mais je connais les pisse-froid, il feront la gueule.

Si on veut faire l'économie des roues et des porteurs, on peut toujours mettre le cercueil sur un diable. Pratique et pas cher. Tout le monde a ça à la maison. Mais se faire accompagner dans le trou par un diable... même si on n'y croit pas...

Et puis au moment final, celui de mettre mon corps dans le trou, ce qui serait sympa, en guise de cérémonie funèbre, c'est que quelques copains fassent un discours marrant. Quelques sketches, quoi. Ça changerait des discours des curés qui donnent à chaque fois l'impression que c'est un saint qui vient de mourir. Ras le bol de l'hypocrisie. Soyons honnêtes pour une fois. Parce que ce qui nous fout le plus les boules dans un enterrement, c'est que ça nous renvoie à notre propre mort qui viendra bien un de ces jours. Ça fout la pétoche.

Alors après mon enterrement, bien sûr, il faudra aller boire un coup à ma santé, au cas où les curés auraient raison et pour faire plaisir aux autres.

Je sais que ça fait bizarre de parler comme ça de la mort. Mais ce n'est pas parce que l'on est mort qu'il faut emmerder les autres ! Alors autant en profiter pour qu'ils fassent la fête, on en a pas tous les jours l'occasion.

Mais vous me faites parler, et je ne sais plus ce que je disais... Ah oui... Pôle emploi et la conseillère qui m'a reçu.

Finalement, elle a essayé d'être positive : « Mais vous savez, monsieur, finalement ce n'est pas si négatif que cela... comme vous n'avez aucune spécialité, vous pouvez aller dans n'importe quelle branche... » Moi j'ai surtout pensé aux branches pourries. Puis elle m'a dit au revoir en souriant comme un avocat à son client le matin de sa décapitation, et en me conseillant de regarder chaque jour les offres d'emploi... Tu parles !

Mais malgré ça, comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai trouvé du travail ! Eh oui ! Ça vous en bouche un coin, non ? Avouez...

Un super boulot en plus, je vais même peut-être devenir riche ! C'est un poste de commercial. Je vais dans les supermarchés, déguisé en saucisson... Non, écoutez, arrêtez de vous moquer de moi, vous allez me décourager avant de commencer. Je disais donc, je vais dans les supermarchés, déguisé en saucisson, et je fais goûter des petits morceaux de saucisson aux gens. Et ensuite, comme c'est un super saucisson - c'est mon chef qui me l'a dit - ils en achètent, forcément. Et je gagne le smic + 0,001 % de ce que je vends ! Et en plus, le soir, je peux emporter les restes de ce qui est coupé chez moi. C'est mes parents qui vont être contents. La seule chose qui me préoccupe un peu, c'est que mon chef veut que j'aille dans les supermarchés des quartiers musulmans. J'ai peur d'avoir du mal à leur vendre du saucisson. Enfin, on verra, je commence demain. Haut les coeurs !

(il sort son portable) Je vais annoncer la bonne nouvelle à ma copine... Parce que je ne vous ai pas dit, j'ai une copine. Giselle, elle s'appelle. Elle travaille à la Poste... Ça c'est un boulot qui a évolué, la Poste ! Vous vous souvenez, il y a quelques années ? A la Poste, on y allait pour poster du courrier, chercher des colis ou acheter des timbres. Et bien ça a drôlement changé ! D'abord vous avez des rayonnages comme dans les supermarchés. Avec des livres, de la musique, des films, des gadgets, des produits régionaux... C'est tout juste si ils ne mettent pas des caddies à l'entrée ! Et comme en plus ils ont organisé les guichets pour que vous attendiez longtemps, vous avez tout le temps pour regarder tout ça... et acheter. Alors parlons-en des guichets ! Prenons un bureau de poste avec 5 guichets, vous en avez 1 pour le courrier – avec en moyenne une demi-heure d'attente – et 4 pour les opérations bancaires ! Et si vous n'êtes pas content, vous avez des automates à l'entrée. Là, vous avez quelqu'un qui vous explique comment ça marche et qui vous dit que vous pouvez tout faire de chez vous sur internet. En gros, le gars il est payé pour vous aider à vous passer de lui et qu'on puisse le licencier plus vite... C'est un sacré vicieux, le chef de la Poste. Bon, mais ma copine, tout ça, elle s'en fout, elle est factrice. On lui a donné un vélo électrique tout neuf. Ça marche bien, hein... une demi-heure. Et le reste de la tournée, elle a 15 kilos de batterie en plus à porter ! Les crânes d'oeuf qui ont imposé ça, ils ont oublié que chez nous il y a des côtes ! C'est plus écolo que les cyclomoteurs, qu'ils disent... Tu parles, c'est comme les voitures électriques. Des voitures vertes, qu'ils disent... mais ils oublient de dire que l'électricité supplémentaire dont on va avoir besoin pour toutes ces voitures électriques, d'où est-ce qu'elle va venir ? Hein ? Puisque les centrales nucléaires qui vont bientôt nous sauter à la gueule sont déjà saturées ! Cette électricité supplémentaire, elle sera produite par les vieilles centrales à fuel, celles qui polluent le plus et qu'on garde en réserve ! Ou alors il faudra de nouvelles centrales nucléaires avec plein de déchets radioactifs ! Ça c'est de l'écologie ! Encore un coup des crânes d'oeuf...

Ah oui, je ne vous ai pas encore expliqué ce que c'est que les crânes d'oeuf.

Les crânes d'oeuf, c'est une société secrète, un peu genre franc-maçonnerie, mais en plus nuisible. Ils sont partout. Mais moi j'ai trouvé un moyen infaillible pour les repérer. Facile. Dès qu'un truc ne marche pas, dès qu'on remplace quelque chose qui marche bien par une nouveauté qui ne fonctionne pas, c'est qu'un crâne d'oeuf est intervenu. Les plus actifs sont dans les ministères. Ce sont eux qui donnent des tas d'idées géniales à nos dirigeants politiques. Eh oui, parce qu'on a tendance à imaginer que ce sont nos ministres qui ont les idées et prennent les décisions... Mais non, la plupart du temps c'est les crânes d'oeuf. Les ministres, eux, ils sont juste là pour vendre le produit. Un peu comme moi les saucissons. Sauf que eux ils ne sont pas déguisés en saucissons mais en andouilles ; enfin, je veux dire en ministre. Mais je reviens à mes crânes d'oeuf. La réforme des retraites, au hasard, c'est eux ! Mais vous en avez aussi dans le privé, dans l'industrie. Par exemple ceux qui vont inventer des emballages qu'il vous faut une demi-heure et une caisse à outils pour vous en sortir. Vous savez, par exemple les fameux bouchons de sécurité sur les bouteilles de produits dangereux ! Certains modèles, même à deux mains et après trois mois de musculation intensive, pas moyen d'ouvrir la bouteille. Ça c'est de la sécurité. Un jeune enfant n'est pas prêt de l'ouvrir, vous pouvez être tranquilles. Vous non plus, d'ailleurs... Et si vous voulez vous en servir, vous êtes obligés de scier complètement le goulot de la bouteille ou d'arracher à la sauvage le bouchon, et là... plus aucune sécurité. Je pense que s'il existe un prix Nobel chez les crânes d'oeuf, celui qui a inventé ce bouchon a dû l'obtenir. Autre performance bien connue des crânes d'oeuf... Avez-vous changé récemment une ampoule grillée sur un phare de votre voiture ? Ah, je vois des connaisseurs... Pas facile, hein ? Là je crois que les crânes d'oeuf se sont surpassés. Ils ont même dû faire un concours entre eux, parce que c'est pareil sur presque toutes les marques. Sur la voiture de mon beau-frère, par exemple, il faut carrément qu'il aille au garage, ils démontent le pare-choc et passent par en-dessous. C'est le seul moyen... Sincèrement, sans les crânes d'oeuf, la vie serait bien monotone...

Mais je ne vous parle que de l'espèce la moins nuisible des crânes d'oeuf. Ceux qui s'amusent simplement à nous pourrir la vie au quotidien. Mais il y a les autres... Ceux qui sont payés pour imaginer des moyens de nous piquer notre pognon, comme dans la réforme des retraites. De vrais vicieux ceux-là... et ils s'imiscent partout dans notre vie. Allez, je vous donne quelques exemples. Le dentifrice. Ça a l'air inoffensif, un tube de dentifrice, mais c'est un piège à pognon. Vous savez ce qu'ils ont fait ? Ils ont simplement augmenté le diamètre du trou du tube de 1 ou 2 mm. Je vous explique... Ils se sont aperçus que les gens – vous, moi - mettent toujours la même longueur de dentifrice sur leur brosse. Mettons 1 centimètre. Sauf que 1 centimètre de dentifrice avec un diamètre de 4 mm avant, et avec un diamètre de 6 mm aujourd'hui, cela fait plus du double en volume ! Et qui c'est qui fait fonctionner le tiroir-caisse ? Le fabriquant ! Et qui c'est qui s'est fait rouler ? Hein ? On la ramène pas, hein ? Ça fait pas plaisir quand on s'aperçoit qu'on s'est fait rouler ! Mais ce n'est pas tout. Idem pour les brosses à dents. Il y a quelques décennies, une brosse à dents vous durait facilement 5 à 6 mois avant de s'user. Aujourd'hui, ils nous font des brosses high tech. Des super brosses avec tête chercheuse, poils ergonomiques, manche aérodynamique et tout le toutim, sauf qu'au bout de 3 semaines vous commencez à vous brosser avec le manche... Et qui c'est qui va racheter une autre brosse à dent ? Hein ? Merci le crâne d'oeuf ! Allez, un dernier exemple. Vous avez une imprimante jet d'encre ? Sympa comme produit. Ça fait tout : imprimante, scanner, photocopieur, télécopieur... bientôt elles vont cirer les chaussures. Et pas très cher, en plus. Sauf que là aussi les crânes d'oeuf sont intervenus. Avant, une cartouche d'encre, ça ne valait pas très cher et on pouvait imprimer pas mal de pages. Aujourd'hui, grâce aux crânes d'oeuf, c'est l'inverse. L'imprimante vaut le prix de deux cartouches et vous faites deux pages avec. J'exagère un peu, mais c'est l'esprit... C'est comme si vous achetiez une tire-lire, sauf que c'est le patron du crâne d'oeuf qui va empocher ce que vous mettez dedans. Bon. Vous avez compris le principe des crânes d'oeuf...

Mais qu'est-ce que je disais, déjà ? Vous me distrayez et je ne sais plus où j'en étais... Ah oui, je vous disais que la Poste, où travaille ma copine Gisèle, était devenue une supérette grâce aux crânes d'oeuf.

Mais ils ne vont pas s'arrêter là. C'est pas le genre, à ces nauséabonds. Je suis prêt à parier qu'ils vont s'attaquer, par exemple, au Pôle emploi. Il va falloir que les agences du Pôle emploi deviennent rentables (merci, saint Nicolas) - il faut bien financer le bouclier fiscal. Et je suis prêt à parier qu'ils vont louer leur espace d'accueil à des sociétés qui vont vendre au demandeurs d'emploi des services de relooking, des accès internet, des téléphones portables, des assurances complémentaires pour perte d'emploi... enfin plein de produits pour dépenser les allocations de chômage avant de les toucher... Vous pariez ? On en reparle dans cinq ans.

Idem aux urgences, à l'hôpital... pendant les longues heures d'attente, quel moment idéal pour vous vendre des assurances complémentaires, des assurances vie, des assurances supplémentaires pour compléter les assurances complémentaires... Puisqu'il y a de moins en moins de médicaments remboursés (merci, saint Nicolas)...

Parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais aujourd'hui, tout est assuré. Nous vivons dans une société de l'assurance. A chaque moment de votre vie, vous êtes assurés : le vol, l'incendie, les inondations, les accidents, la maladie, tout, vous dis-je... sauf une chose : la politique ! Hein ? Qui est-ce qui a dit "la connerie" ? C'est pas assuré non plus, mais là on y pense même pas, trop de boulot. Autant supprimer carrément l'humanité. Mais la politique, par contre...

D'ailleurs, j'ai pris une décision. Si mon boulot ne marche pas, je crée ma micro-entreprise. Ce sera une société d'assurance contre la politique. Si chaque Français cotisait un euro par mois, cela ferait environ 750 millions d'euros par an ! Largement de quoi financer une campagne politique pour changer de dirigeants et en choisir de moins mauvais. J'ai pas dit des bons ; je suis quand même réaliste. Parce que le fond du problème, c'est que pour être élu il faut être malhonnête, et pour bien gérer ensuite, il faudrait être honnête. Vous comprenez pourquoi ça marche jamais ? Finalement, on ne devrait pas voter pour des candidats, mais les recruter sur CV, analyse psychologiques, etc. Remplacer tout le bazar des campagnes électorales par l'envoir d'un dossier complet sur chaque candidat. Et après, on choisirait en connaissance de cause.

Parce qu'on ne s'en est pas rendu compte, mais on s'est bien fait rouler, en 1789... C'est le peuple qui a fait la révolution, qui est allé au charbon quitte à se faire tuer. Mais qui c'est, qui a pris le pouvoir ? C'est le tiers-état qui a pris le pouvoir. Et le tiers-état, c'était qui ? Ce n'était pas le peuple, non, comme on veut nous le faire croire dans les livres d'histoire, mais les bourgeois, les marchands, les négociants, les avocats, les notaires et compagnie. Et aujourd'hui, ce sont toujours eux qui sont au pouvoir. Anciens avocats, anciens de l'ENA, et copains comme cochons avec les grands patrons... et qui embauchent des crânes d'oeuf pour nous pourrir la vie. Lesquels crânes d'oeuf ont transformé la Poste en supérette. La Poste où travaille ma copine Gisèle qui va être contente parce que je me déguise en saucisson. Vous voyez que je m'y retrouve !

Je dis ça, mais Gisèle elle s'en fout, elle m'aime comme je suis. Mais vous comprenez, depuis l'époque des cavernes, c'est l'homme qui va tuer le mammouth et ramener la viande, alors maintenant que je vais ramener du saucisson à Gisèle, je vais me sentir vraiment un homme, pas une lopette ! Je sais que c'est con comme raisonnement, mais si j'ai envie d'être con, ça me regarde. De toute façon, je ne serai pas le seul... (regard vers le public) On dit qu'il y a un cochon qui sommeille dans chaque homme, moi que crois plutôt qu'il s'agit d'un con, et qu'il a le sommeil léger. Voire de l'insomnie chez certains (regard appuyé vers une partie du public).

Mais je ne voudrais pas passer pour un mysogine... les femmes ne sont pas épargnées par la connerie. Dans ce domaine je suis pour l'égalité des sexes !

La connerie ne connaît ni sexe, ni âge, ni nationalité, ni religion. Finalement, si on devait créer un parti politique, on devrait le baser sur la connerie. (à quelqu'un du public) Vous dites ? C'est déjà fait ? Bon ben tant pis... j'ai dit une connerie....

Mais je reviens à mes moutons, ou plutôt à mes saucissons. Si j'en vends assez, je vais enfin pouvoir réaliser mon rêve.

Je vais m'offrir la nouvelle console de jeu, la Non-on (inverse de la ouiii) ! Ouiii, c'est géant, la Non-on. Elle est couplée à une caméra et connectée à internet ! Comme ça vous pouvez jouer à des tas de jeux avec vos copains sans sortir de chez vous. Vous pouvez même prendre un pot avec eux à distance ! Avant, il fallait se réunir, se mettre autour d'une table, c'était chiant. Maintenant, on fait ça chacun dans son canapé, sans bouger de chez soi. La Non-on, ça rapproche les gens. Pareil pour le sport, plus besoin de sortir de chez soi, de retrouver les autres, on fait ça à domicile, au chaud. On peut même se regarder comme dans un miroir ! Fantastique...

J'en vois qui se moquent de moi. Je les entends d'ici : « ces machins c'est des jeux pour les gamins, ce mec c'est un ado pas fini ! ».

Hé, hé ! Tout faux, les gars, vous n'avez rien compris...

La Non-on, c'est l'avenir de l'humanité ! La révolution est en marche ! Avec la Non-on, bientôt, on va pouvoir tout faire ! On va retrouver ses amis sans sortir de chez soi. On va faire du sport, jouer au bowling, nager, faire un billard, du tennis, du handball, à la maison. Je suis sûr qu'un jour ils vont nous inventer un truc pour faire l'amour. On va faire ses achats à domicile. Avec la Non-on et des automates partout, on va travailler de chez soi. Avec la Non-on plus personne pour encombrer les magasins, les rues, les trottoirs... Plus personne dans le stades, dans les salles de spectacles, dans les musées, dans les expositions d'art ! La vie rêvée ! Tout à domicile. Vous n'êtes pas d'accord ?

Non ? Ça vous choque ?

Ouf ! Tant mieux ! Ça veut dire que vous êtes encore vivants. Je voulais juste vous faire peur. Mais si vous avez une de ces saletés de consoles de jeu à la maison, détruisez la d'urgence. Et continuez de vous retrouver avec vos amis autour d'un bon repas ou d'un jeu de société, continuez d'aller au spectacle, dans les musées, les expos. Restez vivants, que diable !

Résistez, parce que je ne sais pas si vous avez remarqué les publicités pour ces saloperies depuis un certain temps...

Avant on essayait de vendre ça aux jeunes. Et ça marchait. Trop bien, même. Vous les avez tous vus, ces ados skotchés à ces saloperies. Une vraie drogue. Plus moyen de la lâcher ! Mais cela ne suffisait pas aux marchands, maintenant que les jeunes sont drogués aux consoles de jeux, ils s'attaquent aux adultes ! Et ça fait encore plus de clients, et plus de pognon.

Ah, les publicités... Voilà encore un truc qui me fait râler. Je ne sais jamais si je dois en rire ou en pleurer. Une chose est sûre, on nous prend pour des cons. Parce que franchement, si vous avez besoin d'une voiture, vous êtes au courant, non ? Vous êtes le premier à le savoir, il me semble. Alors est-ce que vous avez vraiment besoin que monsieur Peugeot, Citroën ou autre vous dise qu'il faut en acheter une ? Et vous êtes assez grand pour aller vous renseigner chez les différents marchands, chercher sur internet et dans les magazines spécialisés pour choisir. Je n'en connais pas beaucoup qui regardent une pub et téléphonent aussitôt chez le concessionnaire commander le modèle qu'ils viennent de voir à la télé... « Allo, monsieur le concessionnaire ? Je viens de voir la publicité pour la nouvelle voiture. Superbe ! Vraiment. Alors vous m'en mettez trois pour la semaine prochaine...» D'autant plus que c'est toujours bidonné. Ils vous indiquent en très gros le prix du modèle de base, et ils vous montrent la photo du modèle haut de gamme... Vraiment, on nous prend pour des cons... Et le pire c'est que c'est nous qui payons ces publicités en achetant ces saloperies ! Quand vous voyez le budget que doit mettre Loréal, pour ne pas les citer bien sûr, en publicité, il vaut mieux ne pas acheter leurs produits. On n'arrête pas de voir leurs publicités partout. Certains jours ils doivent bien faire la moitié du budget pub de TF1. Avec en plus des mannequins célèbres qui ne doivent pas faire du bénévolat. Alors quand vous achetez un de leurs produits, si vous enlevez : le coût de l'emballage, celui de la publicité, les frais de gestion, de transport, la marge du commerçant, il ne doit pas rester plus de 5 % pour le produit... autant dire qu'il ne vaut pas grand chose, que c'est de la saloperie et qu'il vaut mieux ne pas l'acheter. «Parce que vous le valez bien !». C'est sûr, parce que le produit, lui, il ne vaut rien...

Et alors le pire du pire dans le foutage de gueule des publicitaires, c'est au niveau des vêtements de marque. Parce que là, non seulement vous payez plus cher pour avoir la marque « Ducon » marquée sur votre fringue, mais en plus vous allez leur faire gratuitement de la publicité. Vous allez vous balader avec une fringue sur laquelle sera marqué bien en évidence le mot Ducon pour que tout le monde sache bien que vous avez assez d'argent pour acheter du Ducon et que vous faites partie de l'élite de la nation. Vous payez deux fois : le vêtement + la publicité du vêtement, et en prime vous leur faites de la publicité gratuitement ! Homme sandwich bénévole ! Chapeau ! Continuez comme ça, vous êtes sur la bonne voie.

Dans les publicités, vous avez aussi celles pour les lessives. Autrefois, c'était à celle qui lavait le plus blanc. Aujourd'hui, c'est dépassé. Vous en trouvez encore qui prennent le blanc comme argument, mais c'est rare, c'est des loosers. N'oublions pas que le but principal de la publicité c'est de nous piquer notre oseille.

Ils ont commencé par inventer les lessives concentrées. Argument : ça prend moins de place, et l'emballage coûte moins cher. Sauf qu'ils nous ont refait le coup du tube de dentifrice. La majorité des personnes ne se servent pas du bouchon doseur et versent au pifomètre... Résultat, on consomme davantage de lessive et c'est jackpot pour le fabriquant !

Mais ce n'est pas la seule stratégie. Avant on avait une lessive et plusieurs programmes sur la machine à laver en fonction du linge. Depuis plus de 50 ans, ça marchait très bien. Maintenant, grâce aux crânes d'oeuf, il faut plusieurs lessives. Une pour le linge blanc, une pour le linge noir et une pour le linge en couleurs. Celle pour le linge blanc, on connaît, c'est la même depuis des décennies. Celle pour le linge noir, par contre, c'est nouveau. Mais l'idée est géniale. Là, je m'incline devant tant d'imagination. Réfléchissons. En fait, pour que le linge reste bien noir, il ne faut tout simplement pas le laver. Au contraire, il faut le salir. Vous venez de comprendre : ils vous vendent une lessive qui salit le linge ! J'espère que vous aviez fait la déduction vous-même, quand même... Elle ne doit pas leur coûter cher, celle-là... Et la dernière, celle qui « respecte les couleurs », c'est le top du foutage de gueule... C'est la lessive intelligente. Elle reconnaît les couleurs. Elle va laver entre les couleurs ! " Attention, les gars, là c'est blanc on touche pas ! Toi, tu vas à droite, il y a du bleu, et toi à gauche, il y a du vert. T'as ton nuancier, pour remettre la même couleur ? " Et encore plus fort, elle est tellement intelligente, qu'elle fait la différence entre le rouge de l'imprimé et le rouge du ketchup ! Si, si, je vous assure !

Mais bon, je ne vais pas faire le tour exhaustif de toutes les publicités débiles inventées par nos crânes d'oeuf, on serait encore là demain.

Mais quand même, quand je regarde la télé et que je vois ça, je râle... Sauf les chaînes du service dit public, où il en a moins.

C'était d'ailleurs un coup génial de saint Nicolas, celui-là ! Sous une apparence d'assainissement de la télévision, de développement culturel, il a enlevé des budgets publicitaires aux chaînes publiques pour donner le pognon à ses copains des chaînes privées ! Et tout ça sans se cacher ! Merci saint Nicolas. Et dans quelques années, compte tenu du déficit probable ou du coût devenu trop important des chaînes publiques, il en supprimera une ou deux... Comme ça, il y aura un peu moins de journalistes qui ouvriront leur gueule pour le critiquer. Quoiqu'il ne se gêne pas pour les faire taire, on a pu le constater.

Cela dit, les chaînes publiques essaient de se défendre pour contourner le problème. On n'a plus de publicités après 20 heures, mais des parrainages, des partenariats... On a la météo avec les maisons Trucmuche... Le générique du film avec les voitures Machin, le film avec la banque Duchmol... enfin ils font ce qu'ils peuvent. Bientôt, ils vont découper la météo. Le nord de la France avec un annonceur, enfin, avec un partenaire, il n'y a pas de publicité, et le sud avec un autre...

Tandis que sur les autres chaînes, c'est la fiesta depuis cette opération sarkosienne. Certains soirs, on a même l'impression que c'est le film qui interrompt les publicités tellement il y en a... déjà que la télévision n'éveillait pas les esprits, ce n'est pas en train de s'arranger. Merci saint Nicolas.

Je m'aperçois que je ne vous ai pas encore vraiment parlé de la télévision... Ah, la télévision ! Hé, hé, hé, la télévision... La machine à décerveler ! Le conditionnement collectif programmé ! L'hypnose industria-lisée ! Le bourrage de crâne élevé au rang d'institution nationale !

Je vous explique. Lorsque vous lisez un livre ou un journal, vous pouvez arrêter quand vous voulez et réfléchir à ce que vous lisez. Mais avec la télévision, il faut suivre, vous ne pouvez pas vous arrêter ! Vous devez gober tout ce que l'on veut vous faire gober. Je vous donne un exemple. Imaginez que l'on filme les gens faisant la queue devant un magasin pendant les soldes ou devant une boulangerie renommée un jour de grande affluence, et que l'on diffuse cela dans un pays pauvre. Eh bien ils vont croire que les Français sont aussi pauvres qu'eux, que c'est la pénurie, et ils n'auront plus envie de faire la révolution ! Imaginez encore que l'on fasse un reportage sur les grandes fortunes de France sans préciser qu'il ne s'agit que des grandes fortunes, eh bien même chose, on pourra faire croire que tout le monde en France est riche à milliards ! C'est à peine exagéré ! Tout est faux à la télé, tout ! Surtout l'information.

Et alors l'information... Vous avez remarqué, j'espère, dans quel ordre on nous distille les informations sur les grandes chaînes... Premier titre, le plus important, celui qui risque de bouleverser la face du monde, de figurer plus tard dans les livres d'histoire : le résultat du dernier match de l'équipe de France. Puis en informations diverses : la pollution, la fonte de la banquise, la faim dans le monde, les virus qui deviennent résistants et autres vétilles de peu d'importance...

Même chose, s'il y a un catastrophe photogénique, genre tremblement de terre avec plein de cadavres et des enfants qui pleurent. Pendant une semaine, ils ne vont parler que de ça. Et ils ne se gênent pas pour passer les images en boucles et garder l'antenne pendant des heures sans rien nous dire de nouveau... Le voyeurisme n'a plus de limite. Plus c'est triste, plus ils vendront de publicités avant les infos. Mais il suffit que l'équipe de France de foot gagne un match (je sais, c'est de la science-fiction) pour que l'on oublie complètement le tremblement de terre. Aussitôt, tout le voyeurisme sur les malheureux sinistrés, la grande cause humanitaire soutenue par tous nos hommes politiques, tout cela disparaît au profit du cocorico franchouillard. La grandeur de la France, les valeurs transmises par le sport... valeurs essentiellement financières, soi-dit en passant, vu les salaires pratiqués.

Dans ce domaine, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais des salaires pareils pour jouer à la ba-balle, même si on joue bien, c'est ahurissant. Ils jouent bien, on est d'accord. Mais vous ne croyez pas que celui ou celle qui bosse huit heures par jour à l'usine ne fait pas autant d'efforts ? N'est pas aussi fatigué ? Ne finira pas sa vie bien plus usé ? Avec une retraite à 67 ans au lieu de l'avoir à 40 ans ? Vous, je ne sais pas, mais moi cela me colle des boutons...

Et les salaires des grands patrons aussi, vous savez. D'accord, ils sont payés moins chers que les sportifs, et ils travaillent davantage. Le problème c'est que eux, ils sont payés pour licencier du monde. Et plus ils licencient, mieux ils sont payés. Une prime au rendement, si vous voulez. Et le rendement, c'est de nous mettre au chômage. Là aussi, je ne sais pas pour vous, mais moi cela me chatouille quelque part. Merci saint Nicolas.

A propos de saint Nicolas, vous avez vu qu'il nous a dit que la crise était finie ! Bon, d'accord, la chômage augmente, le pouvoir d'achat est en berne et les avantages sociaux fondent comme neige au soleil... Mais nous sommes, selon l'Insee, sortis de la crise puisque nous avons retrouvé la croissance. Et vous vous demandez bien où elle est cette fichue croissance qui est là mais que vous ne voyez pas, hein ? C'est tout simple. Je prends un exemple. Prenez une entreprise cotée en bourse. Le pdg annonce le licenciement de 500 salariés. En fait, il a rusé. Pour pouvoir en licencier 500 sans passer pour un monstre, il a d'abord annoncé 1 000 : levée de bouclier des syndicats, des médias, vraie-fausse intervention de saint Nicolas... finalement, il revoit ses ambitions à 500 et passe pour un gentil patron. C'est ignoble mais c'est pratique courante. Je continue ma démonstration. Comme il licencie 500 employés français pour faire travailler à la place 200 Chinois payés 50 fois moins, ses actionnaires vont espérer des super-bénéfices à la fin de l'année. Normal. Donc, l'action en bourse de cette société va grimper en flèche. Et quand vous avez une dizaine d'entreprises qui font la même chose, comme ce sont les plus importantes de France, c'est suffisant pour faire semblant de redonner de la croissance au pays. Une croissance uniquement basée sur la spéculation d'une hypothétique distribution de dividende dans plusieurs mois. Et pour finir de vous mettre en colère, les banquiers, qui savent maintenant qu'ils n'auront pas à payer leurs conneries de 2009 puisque que c'est nous qui allons payer pour eux, eh bien les banquiers recommencent à jouer au poker menteur avec notre argent !

Non, ce qu'il nous faudrait un bon président de gauche bien couillu ! Je ne dis pas que saint Nicolas ne l'est pas, couillu... au contraire, même. Le problème c'est qu'il les a toutes les deux à droite, et bien à droite. Et comme cela fait bientôt 5 ans qu'il se fait des couilles en or en nous tondant la laine sur le dos, ça commence à le gêner. Ça pèse lourd, une paire de couilles en or ! C'est pour ça, les petits mouvements d'épaule (imitation) ça lui tire du côté droit, alors il essaie par de discrets mouvements de l'épaule de les recentrer. Il y en a un autre assez célèbre qui a eu le même problème. A droite aussi. Un certain Hitler. Mais lui, il levait carrément le bras. Mais notre saint Nicolas national est sur le chemin et un jour, qui sait...

C'est pour cela qu'il nous en faut un vraiment couillu mais qui porte les deux à gauche, histoire de changer. Mais des belles, hein ! Des qui auraient inspiré Edmond Rostand !

Ah ! Non ! C'est un peu petit, jeune homme !

On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...

En variant le ton, - par exemple, tenez :

Agressif : "moi, monsieur, si j'avais de tels attributs,

Il faudrait sur le champ que je les évacue !"

Amical : "mais elle doivent tremper dans vos WC :

Pour chier, faites-vous fabriquer un harnais !"

Descriptif : "Ce sont des mandarines ! ... des oranges ! ... des melons !

Que dis-je, des melons ? ... Ce sont des citrouilles !"

Curieux : "de quoi servent ces opulentes couilles ?

De lest, monsieur, ou bien de garde-boue ?"

Gracieux : "aimez-vous à ce point les poux

Que partenellement vous vous préoccupâtes

D'offrir ce nichoir à leurs petites pattes ?"

Truculent : "ça, monsieur, lorsque vous pissez

N'en faites-vous point une telle quantité

Sans qu'un passant ne craigne de s'y noyer ?"

Prévenant : « gardez-vous, votre cul entraîné
Par ce poids, de tomber en arrière sur le sol ! »
Tendre : « faites-leur faire un petit cache-col
De peur que le froid n'y provoque une panne ! »
Pédant : « l'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle hippocampelephantocamélos
Dut avoir entre les jambes tant de chair sans un seul os ! »
Cavalier : « quoi, l'ami, ces boules sont à la mode ?
Pour jouer au bilboquet, c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « aucun vent ne peut, couilles magistrales,
Vous faire osciller, excepté le mistral ! »
Dramatique : « quand elles se vident c'est une tempête de neige! »
Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Respectueux : « souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « hé, ardé ! C'est-y des couilles ? Nanain !
C'est queuqu'citrouille ou ben queuqu'balot nain ! »
Militaire : « boulets contre cavalerie ! »
Pratique : « voulez-vous les mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Les voilà ces testicules qui du fondement de leur maître
Ont détruit l'harmonie ! Elles en rougissent, les traîtres ! »

Enfin vous voyez le calibre qu'il faudra pour compenser toute l'oeuvre de saint Nicolas.

Mais assez parlé de la politique, je vais finir par vomir, et ce serait dommage pour les spectateurs des premiers rangs...

D'ailleurs, j'ai failli oublier de vous parler d'un autre sujet qui m'est cher au niveau des informations nuisibles à la télévision : les sondages ! S'il y a un truc qu'il faudrait bien supprimer, c'est bien les sondages.

On a deux catégories de sondages. Un : les sondages idiots. Exemple : 72 % des Français pensent que l'équipe de France de foot va perdre contre le village de Saint-Christophe-sur-Loire (432 habitants) et 38 % pensent qu'elle va gagner ; ou encore : 48 % des Français pensent qu'il fera plus chaud en juillet qu'en août et 52 % pensent l'inverse. Commentaire personnel : on s'en fout ! Et de toute façon cela ne changera rien. Alors quand vous pensez que l'on paye des gens (en partie avec notre argent, quand même) pour faire ces conneries... Les crânes d'oeuf ne sont pas loin, croyez-moi !

Deuxième catégorie : les sondages dangereux. Ceux-là sont en général politiques et souvent bidonnés à la base au niveau des questions. Exemple de questions tordues :

«Pensez-vous :

A : que le président de la république va être réélu en 2012 ?

B : que le candidat ou la candidate du PS va être battu(e) en 2012 ?

C : sans opinion »

Vous avez remarqué l'astuce ? On a l'impression que A c'est pour la réélection du président et B contre... Sauf qu'en réalité les questions A et B veulent dire la même chose... On vous dira alors avec un grand sourire au journal de 20 heures que 78 % des Français pensent que le président de la république sera réélu en 2012 (le total des réponses A et B). (le comédien peut imiter un journaliste donnant le résultat du sondage)

Conséquence : ceux qui vont écouter cela vont se dire que si la majorité des gens sont prêts à soutenir le président c'est qu'il fait du bon boulot et ils vont voter pour lui... sans réfléchir, bien sûr. Merci la télé et saint Nicolas. Et le président sera réélu... (silence)

C'est une blague ! Je déconne, n'ayez pas peur ! Il ne sera pas réélu. Enfin c'est vous qui voyez...

Mais quand même, méfiez-vous des sondages.

Bref, virons la télé. La preuve, vous êtes bien mieux ici ce soir à m'écouter qu'à regarder la télé, n'est-ce pas ? (silence du public) rire gêné du comédien

Mais je ne sais plus ce que je vous disais. Vous n'arrêtez pas de me couper, je suis perdu. Ah, oui ! Je vous parlais de ma copine Giselle qui va être contente parce que j'ai trouvé du travail...

Parce que Giselle elle est écolo. Et elle voudrait qu'on vive ensemble et qu'on se fasse construire une maison passive. Je vous explique. Une maison passive, c'est le contraire d'un mec passif. Une maison passive, c'est une maison qui va produire plus d'énergie qu'elle n'en dépense ; un mec passif c'est le contraire. Un peu comme moi, quoi...

Alors une maison passive c'est une maison super isolée. Par exemple, vous avez un avion qui s'écrase à côté, ou Mireille Mathieu qui vient chanter dans la quartier : vous n'entendez rien ! Dans le deuxième cas, c'est plutôt une chance... Notez bien que si c'est Carla Sarkozy qui vient chanter dans le quartier, maison passive ou pas, vous ne serez pas dérangé par le bruit. (à quelqu'un du public) Comment ça, « mauvaise langue » ? De toute façon, pour vivre à côté de l'autre agité, fallait une chanteuse pas trop dérangeante mais très décorative. Mission accomplie. Bref. Et puis hiver comme été, il fait bon à la maison. Grâce au puits canadien qui réchauffe l'air en hiver et le rafraîchit en été. Vous ne connaissez pas le puits canadien ? Je vous explique, c'est un truc qu'ils ont découvert par hasard, les Canadiens. Et ils ne devraient pas s'en vanter d'ailleurs, même si ça marche bien. Tout ça parce qu'un Canadien un peu con, même franchement con (il avait dû regarder un peu trop la télé...) a voulu creuser un puits dans son jardin pour arroser ses légumes. Alors chez nous, quand on veut creuser un puits, on va chercher l'eau en profondeur. On descend. Mais le mec un peu con (celui qui avait trop regardé la télé) il trouvait ça pas pratique, fatigant. Alors il a creusé horizontalement. Il a creusé comme ça 5 mètres... pas d'eau. «Bon, on continue». «10 mètres, pas d'eau». «Tiens ? Continuons un peu pour voir». «15 mètres... toujours pas d'eau». «20 mètres, rien». (accent canadien pour les commentaires du chercheur d'eau) Du coup, il s'est arrêté. Mais c'est sa femme, qui lui apportait ses bières à l'entrée du puits qui s'est aperçue du phénomène («Tiens, mon nounours, je t'amène ta caisse de bière avec le sirop d'érable»). Elle s'est aperçue que l'air sous terre reste plus ou moins à la même température et est donc plus chaud que l'air extérieur en hiver et inversement en été. Du coup ils s'en sont servi pour leur maison, et ça s'est propagé dans le monde entier sous le nom de puits canadien. Tout ça à cause d'un fainéant qui trouvait moins fatiguant de creuser horizontalement que verticalement ! Finalement j'ai peut-être raison d'être fainéant. Je vais sûrement inventer un truc terrible un de ces jours... A condition de me mettre à la bière avec du sirop d'érable...

Alors la maison passive elle aura aussi des panneaux solaires et une éolienne pour faire de l'électricité. Et puis comme elle pense à tout, elle a aussi prévu un salon avec des vélos d'appartement qui produisent de l'électricité. Comme ça on peut lire, écouter de la musique, prendre l'apéritif en pédalant et produire du courant sans s'en rendre compte. C'est bon pour la santé et très convivial, qu'elle dit. Mais je ne suis pas sûr qu'on recevra beaucoup de copains si on les fait pédaler... Ou alors pour regarder le tour de France à la télé. Là, c'est juste pour blaguer, parce que Giselle, elle est comme moi, elle veut pas la télé.

Y aura pas besoin de beaucoup de chauffage grâce au puits inventé par l'autre andouille, mais il y aura quand même un poêle à bois pour les temps très froids. Alors le chauffage au bois, c'est super économique. Parce que quand vous avez été couper et fendre le bois pour le poêle, puis que vous l'avez rentré à la maison, vous avez tellement chaud, vous avez tellement transpiré que vous n'avez plus besoin de chauffer... c'est pour ça que c'est très économique le chauffage au bois.

C'est pareil pour l'eau. D'abord on récupérera le maximum d'eau de pluie, et ensuite on en consommera le minimum. Par exemple, comme WC, on aura des toilettes sèches. Les toilettes sèches, je vous explique, en gros c'est la caisse du chat avec un siège percé au-dessus. L'essentiel c'est de faire attention à ce que le chat ne soit pas en-dessous quand on va faire. Et puis faut pas tirer la queue du chat en pensant qu'on tire la chasse d'eau. J'ai essayé, il n'aime pas. Et après tu vas vider ça au fond du jardin sur ton compost ; pour l'odeur... Mais ce qui n'est pas facile avec les toilettes sèches, c'est qu'il faut que ça reste sec. On met juste un peu de sciure de bois dessus pour que ça ne sente pas à la maison et que ça se décompose plus vite. Alors faut pas pisser dedans ! Facile à dire, mais pas facile à faire. Nous encore, les hommes, compte tenu de notre équipement, on peut y arriver. On se munit d'un entonnoir, on met une bouteille devant et le tour est joué. On fait le solide derrière, le liquide devant. Je ne vous garantis pas qu'on a l'air très malin, mais on est écolo où on ne l'est pas ! Mais vous, les femmes, qui êtes sous-équipées dans ce domaine, il faut absolument séparer les deux opérations dans le temps. Faut le prévoir au planning. Le matin vous buvez, le soir vous mangez. Comme cela, les deux flux seront séparés dans le temps. Mais faut bien calculer quand même. Allez, bon courage, les filles.

Pour les eaux usées, pareil, on fera écolo : du lagunage. Là aussi, il faut que je vous explique. Les eaux qui sortent de la maison, qui sont très sales... je n'entre pas dans le détail de ce qu'il y a dedans, je ne voudrais pas créer de malaise. Ces eaux, donc, vont dans un premier bassin dans le jardin. Là, ça va se décanter un peu. Alors on met des plantes pour faire joli, et ensuite, l'eau qui sera un peu moins sale, va passer dans un deuxième bassin, lui aussi avec des plantes, même des poissons, et ainsi de suite, jusqu'à la piscine. Et après on se baigne dans de l'eau de vaisselle propre. Rigolez pas, quand vous vous baignez à la mer ou dans un lac, vous ne savez pas ce qu'il y a dans l'eau. Les poissons n'ont pas de toilettes sèches, eux. Même pas des toilettes mouillées. Alors ils font tout dans l'eau, et vous nagez dedans. Vous buvez la tasse, même, des fois. C'est dégoûtant, hein ?

Et c'est pire sur les plages. Parce qu'il n'y a pas que les poissons. Il y a vous. J'ai fait un rapide calcul. Prenons une plage qui fait 100 mètres de long sur 30 mètres de large. Imaginons qu'il y ait 4 mètres carrés par personne. Déjà vous savez que vous n'êtes pas à Saint-Tropez. Là-bas c'est plutôt l'inverse : 4 personnes par mètre carré. J'exagère, je sais. Bref, je reprends mon calcul. Cela nous fait environ 750 personnes qui vont passer environ 5 heures sur la plage. En 5 heures, ces personnes vont aller deux fois se soulager dans l'eau. Ne me dites pas le contraire, vous l'avez tous fait. A raison de 40 centilitres environ par mixion, cela nous fait donc grosso modo 600 litres d'urine qui vont se répandre dans les quelques mètres d'eau qui bordent la plage. Sympa, non ? Et pour Saint-Tropez, je n'ose pas faire le calcul ! Faut dire que là-bas, c'est de l'urine de riche, elle est meilleure. Parfumée au n°5 de chez Chanel.

De toute façon, moi j'aime pas la plage. Je préfère ma piscine. A la plage, d'abord, l'eau est salée. Vachement salée, même. C'est dégueulasse à boire, sans parler de tout ce qu'on trouve dedans, et quand vous ressortez, vous êtes tout collants ! Moi, ce que je dis toujours, c'est que l'eau salée c'est juste bon pour faire cuire les nouilles. Suivez mon regard (vers le public)... Agréable, non ? Obligés de se doucher après s'être baigné. Bon et après la baignade, on fait quoi ? On prend des coups de soleil pour continuer les choses agréables. Mais le pire, c'est le sable. Vous en avez partout. Vous prenez un livre, il est plein de sable. Vos chaussures, vos vêtements : pleins de sable. Vous voulez manger ? Tout ce que vous mangez est croquant... Et vous ramenez tout ça dans la voiture, bien sûr. C'est bien simple, vous allez une fois à la plage, vous êtes sûr de retrouver du sable dans la voiture jusqu'à l'année suivante quand vous y retournez. L'horreur. Alors que la solution est si simple, on a l'eau, le sable, il ne manque plus que quelques sacs de ciment pour bétonner tout ça et ne plus être emmerdé. Là aussi, je suis étonné que je sois le seul à avoir cette idée géniale.

De toute façon, Gisèle et moi, on aura notre piscine à l'eau de vaisselle, alors la plage, on s'en fout.

Tout écolo, qu'elle veut, ma Gisèle. Et : déformation professionnelle, elle veut tout faire en vélo. Plus de bagnole. Ça pollue, qu'elle dit, et ça rend con. Déjà qu'il y a la télé, si en plus il y a la voiture, ça ne va pas s'arranger...

Remarquez, elle n'a pas entièrement tort.

Déjà le choix de la voiture. Si je vous demande à quoi ça sert, une voiture, vous allez me dire : à se déplacer. Alons, allons... Seriez-vous hypocrites ? Parce que la voiture, aujourd'hui, c'est aussi et surtout un moyen de montrer sa place dans la société. C'est la même chose que le couvre-chef des indiens. C'est devenu le symbole de la place du mâle dans la tribu. Un signe extérieur de grosses couilles, pour faire court. Sauf que si du temps des indiens on pouvait juger de la valeur d'un homme au nombre de plumes qu'il portait sur la tête, pour la voiture, c'est plutôt l'inverse... Plus la voiture est grosse, moins il y en a dedans. Un phénomène de compensation, en quelque sorte. Je dis «un homme» parce que cela touche beaucoup plus les hommes que les femmes. J'ai l'immense regret de devoir reconnaître que dans ce domaine les femmes nous sont supérieures.

Mais c'est beaucoup plus qu'une expression de virilité ! Vous avez les voitures de jeunes et les voitures de vieux, celles de riches et celles de pauvres, celles de gauche et celles de droite, celles pour les hommes et celles pour les femmes, bref, c'est comme les fringues, mais en plus cher. Bien plus cher, même. Quant vous voyez à quelle vitesse une voiture perd de la valeur ! C'est bien simple, vous la prenez neuve au garage, vous rentrez chez vous, vous venez de perdre 1 000 euros si vous voulez la revendre. Enfin bon, si ça vous rend heureux...

Mais ce qui peut sembler amusant mais qui est souvent affligeant, c'est le changement psychologique qui intervient en prenant le volant. Une sorte de mutation. Comme dans le film «the mask». Vous avez vu, ce film ? Le gars, quand il mettait un vieux masque, il devenait un autre personnage. Eh bien en voiture c'est pareil. Vous prenez quelqu'un de normal, ou à peu près, vous le mettez dans une voiture, et observez bien la différence... (mimer) Le mouton devient loup ! «Tu vas la virer ta caisse, pauvre tarlouze !» «J'te grille la priorité et je t'encule, pédé !» «Regarde-moi celui-là ! C'est un arabe, bien sûr, il sait pas conduire !» Vous connaissez, hein ? Vous-même, monsieur, je bien sûr que parfois... Mmmm ? Moi-même, d'ailleurs, il m'arrive d'avoir quelques écarts de langage lorsque je conduis. Si, si, je vous assure. Même moi. Certes, c'est alors doté d'un humour confondant qui compense l'agression, mais quand même...

J'ai d'ailleurs noté un autre phénomène étrange lié à l'influence de l'automobile sur le comportement humain. Prouvé statistiquement. Il s'agit de l'influence de la coiffure sur le comportement du conducteur. Prenez pas cet air surpris, vous allez comprendre. Par exemple, quasiment 100 % des conducteurs qui portent un casque intégral conduisent très vite. Ils sont en général d'ailleurs parqués sur des circuits fermés où ils sont entre eux. Heureusement. Parce que s'ils étaient lâchés en pleine ville, imaginez les dégâts ! A l'inverse, une très forte majorité des conducteurs portant un béret, voire une casquette à l'ancienne conduisent très lentement. Vous vérifierez vous-mêmes, c'est surprenant. C'est un peu comme si la coiffure influait sur la manière de conduire. Parce que la casquette genre Nike, elle, incite à rouler plus vite... Moi, je serais responsable de la sécurité routière dans le gouvernement, au lieu de mettre des flics et des radars partout, je rendrais le port du béret obligatoire, un peu comme la ceinture de sécurité, et tout serait réglé. Tout le monde roulerait doucement et il n'y aurait plus de morts sur les routes. Pas compliqué. Je me demande pourquoi personne n'y a pensé. A quoi ils servent, les crânes d'oeufs ?

Un autre truc marrant que j'ai remarqué en voiture, mais qui n'est vrai qu'en centre-ville ou dans les endroits où il y a du monde, c'est que quand un conducteur met la musique très fort dans sa voiture, vous savez, quand ça fait boum-boum-boum de loin, eh bien aussitôt les vitres descendent ! Si, si, vous vérifierez. Je pense que ce sont les vibrations de la musique qui font descendre les vitres, ou quelque chose comme ça. Et bien sur, ça tombe toujours sur des jeunes, ceux qui ont le moins d'argent pour faire réparer les vitres de leur voiture !

Mais moi, je n'ai pas de problème de vitesse, j'ai une ligier sans permis, alors... Vous moquez pas, hein ! Je sais que ce n'est pas la peine que j'aille sur l'autoroute ! Mais comme je vais jamais bien loin... Mais c'est bien quand même, ces petites voitures. Ça se gare partout, à condition de ne pas rencontrer Shrek, bien sûr. Mais sur la route, des fois j'ai la pétoche. De loin les autres ne voient pas que je roule doucement, et quand ils s'en rendent compte, ils arrivent très vite et très près. Encore heureux que je ne porte pas un béret, à force d'aller moins vite, je ferais carrément marche arrière ! Et puis c'est marrant comme voiture. Quand vous montez à la place conducteur, ça penche à gauche. Alors vous vous dites, je vais faire monter un copain, pour équilibrer. Le seul problème c'est qu'avec 70 kilos de plus, la voiture n'avance plus ! A condition encore que votre copain enlève aussi son béret, bien sûr... Alors j'essaie de rester tout seul et de m'habituer à rouler penché (mimer). Des fois, ça va mieux. Il suffit que le vent vienne de la gauche, et hop, ça se redresse. Je suis presque droit. Mais si par malheur le vent vient de la droite, c'est terrible... J'ai l'impression que je vais rouler sur les jantes. Le mieux, c'est le vent de derrière. Là, je fais au moins du 70 dans les descentes ! Génial ! J'ai pas mis la radio, parce qu'avec le bruit que fait le moteur, c'est même pas la peine d'essayer. Vous prenez l'avion derrière, vous ne sentez même pas la différence. Sauf pour la vitesse, même avec un béret. Ah oui ! Le coup du béret, ça ne marche que pour les voitures, pas pour les avions.

Mais ce qu'il me manque, dans ma petite voiture, c'est un GPS. Parce que, si j'avais eu un GPS, je suis sûr que j'aurais pu me garer plus près du théâtre, ce soir. Tandis que là, je reste à causer avec vous et j'oublie qu'il va me falloir au moins une demi-heure avant d'y être ! Et puis si je croise Shrek, je lui dis de venir faire un tour par ici. Je parie que vous n'êtes pas tous bien garés... Non, je plaisante ! Je ne suis pas comme ça. Je vais plutôt essayer de l'éviter, le monstre.

Allez, je vous laisse, je vais retrouver ma Ligier. Bonjour chez vous et à une prochaine fois.

Signaler ce texte