Californication (illustration)

ju1139

Vous connaissez la série Californication ? Rencontre, sexe et adieu en sont les maîtres mots. Les images sont ici mises à mots.

Ses yeux s'ouvrent. Doucement les paupières se relèvent et la douce lumière de l'aube pénètre ses petits yeux fatigués. Morphée le rappelle mais il lutte contre cette force supérieure des ténèbres de la nuit. Il était bien dans les bras de Morphée. Mais il préfère nettement la chaleur du corps de cette jeune blonde allongée à ses côtés. C'était sa conquête d'hier soir. Et son passe-temps de la nuit surtout. Dans cette position il ne voyait pas son visage, juste ses cheveux. Ses cheveux blond, long et soyeux. D'une splendeur inégalable. Ils étaient baignés de cette petite lumière rose que le matin offre. Il voyait aussi une partie de son corps. C'était son dos. Cette peau brune soyeuse avait l'air douce comme de la soie. Peu à peu, des morceaux lui revenaient de sa nuit dernière. Dispute, cœur brisé, chagrin noyé dans l'alcool, drogues, rencontre, drogues une nouvelle fois, sexe puis Morphée l'a emporté. Il se souvenait mais ne voulait pas. Il ne voulait pas se souvenir, il ne voulait pas se retrouver avec cette blonde dont il ne connaissait même pas le prénom, il ne voulait pas tomber dans cette vie de débauche. Tout lui échappait, il le savait mais sa vie partait en vrille quand même. Il s'était redressé pour observer la jeune fille mais se laissa retomber sur le lit d'un seul coup. Ses yeux verts brillaient. Des larmes venaient. Mais ça non plus il ne le voulait pas. Il devait partir, s'enfuir, prendre l'air, se noyer dans un bain d'eau salé, se retrouver avec lui-même, reprendre sa vie en main. Il devait. Mais il ne le fait pas. Il préférait attendre la jeune fille, qu'elle se réveille, pour lui faire le coup habituel. Mais ça non plus il ne le voulait pas. Tout ce qu'il voulait lui, c'était voir sa femme. Enfin ex-femme. Ou plutôt ex future femme. Car il ne l'a jamais épousé. Il l'a laissé attendre, espérer, se languir puis tout abandonner. Pourtant la bague était là, posée sur l'étagère en face du lit. Enfin posée dans un des tiroirs de l'étagère. Il n'a jamais osé. C'est pas qu'il ne le voulait pas, juste qu'il avait peur. Non pas cette peur du refus ou la peur de se jeter dans le vide sans élastique pour le rattraper. Non c'était rien de tout ça. C'était juste la peur du changement. La peur de dénaturer leur relation. Ils étaient heureux, en apparence seulement. Leur amour était physique, intellectuel, psychique et merdique. Chacun était l'amour de la vie de l'autre. Ils étaient trop attachés. Elle était belle, intelligente, cultivée, chic et un peu coincée. Mais lui avait réussi à révéler son côté sexe, drogue et rock'n roll. Et surtout, ils s'aimaient. Ils vivaient une vie digne de Kurt Cobain, une idylle dont Woodstock serait la meilleure illustration. Mais elle l'avait quitté. Quitté pour un autre. Son opposé en fait. C'était le prince charmant. Pas au niveau physique, mais intellectuellement et socialement. Il était diplomate, riche, cultivé et un peu coincé. Comme elle.

-          ‘'Hey''.

C'était une petite voix endormie, douce mais abîmée qui venait de parler. C'était la jeune blonde, la petite fée allongée à ses côtés.

-          ‘'Dis, tu vas pas me faire le coup de me baiser puis de me jeter le matin au réveil ?'' ajoute-t-elle.

-          ‘'Non. Tu peux prendre un café avant de te barrer.'' Lui répondit-il tendrement.

Il n'avait aucune pitié pour ses filles qu'il baisait. Tout ce qu'il voulait, lui, c'était l'amour de sa vie, celle qui manque à ses jours comme à ses nuits, qui ne partage plus ses cris et ses rires. Sans elle il était un peu perdu, déboussolé. Il se réfugiait dans une vie de débauche, un océan d'alcool et de fesses dont il n'avait pas vraiment envie. Mais c'était ainsi, c'était un moyen de s'échapper de la réalité, de ne pas sombrer. Mais pour lui, c'était ça sombrer.

            Soudain uns voix féminine le retira de ses pensées tristement laconiques. ‘'Connard. Enfoiré. Sale con. Enculé !'' lançait la blonde tout en se rhabillant et en quittant l'appartement. Cela ne le troublait pas, il en avait l'habitude à force. Une fois seul dans sa petite maison il se leva tranquillement, doucement, sans se presser. Il s'alluma une cigarette, s'ouvra une bière et se dirigea sur la terrasse. Debout, appuyé sur la petite barrière, il avait une vue sur la plage qui était de l'autre côté de la rue. C'est là-bas qu'il allait surfer à la belle époque. C'est là-bas qu'il faisait le con avec sa belle avant. C'est là-bas qu'il a passé ses plus beaux moments. Mais c'est aussi là-bas qu'il a passé ses pires nuits d'errance. Il marchait sur cette plage pendant des heures, une bouteille de whisky dans chaque main. Il pleurait toutes les larmes de son corps et se réveillait le lendemain matin à moitié noyé par les vagues californiennes. Là, en regardant cette plage il y repensait. Cette période de bonheur ultime, cette période de dépression, puis maintenant.

            Il se tourna pour se mettre dos à la mer. Il regardait son appartement. C'était sale, bordélique et sans couleur. C'était ça la débauche. Il ne lavait plus ses affaires, il préférait racheter pour remplacer. Les mégots de cigarette lui servaient de moquette. Les bouteilles d'alcool vides jonchaient le sol comme du maïs jonche un champ de maïs. Il ne restait plus que son ordinateur, là-bas, posé sur la table. Il était ouvert. Une page blanche était affichée. Il devait écrire. C'était son métier mais il n'y arrivait plus. Il était bloqué, comme sans force depuis la perte de sa femme. Elle n'était pas morte mais leur amour si. La flamme qui brûlait entre eux n'était plus qu'une fumée pâle et sans saveur. Il avait perdu son inspiration, sa  muse, sa femme et sa vie. Un adieu et c'était toute sa vie qui s'était envolée.

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