Canicule à risque

Il faisait chaud. Très. Les corps s'affaissaient sous un air en sueur et au chômage. Les toiles cirées sur le point de fondre, grinçaient sous les éponges. Les rayons coulaient lentement le plomb goutte à goutte dans une moiteur dégoutante. Elle courrait presque pourtant, suivant l'itinéraire décidé pour cette soirée. Un peu pincée, aux aguets, elle n'aimerait quand même pas que ce soit la dernière. Entre les délires que lui offraient ses journées étouffantes de bureau et l'alarme de ce coup de fil, elle avançait presque trop vite. 

La situation était dramatique à souhait.

Une nouvelle vague de chaleur lui broya le crâne.

L'aveugle dans son coin pianotait sa musique. Chaque élément pouvait déborder. Et si elle avançait en hâte vers le mauvais chemin? Excitant. De la peur ? Pervers. En sachant que la seconde d'après pouvait virer au cauchemar, l'enfer allait-il rester sage ce soir, faisant croire encore à un instant répit ? Les boucles restaient collées à sa peau de laine qu'elle voudrait balancer loin. Elle brinquebalait tout dans son sac d'os, entre ses carnets griffonnés, des bijoux qu'on ne peut pas toucher et les graines qui lui restait dans une poche, après la distribution sincère et éphémère dans le coeur des âmes qu'elle croisait. Si peu de trésors brillants. Ses petits coffres qui n'enferme rien ni personne. Les ventres chauds qui broient du pain et du noir. Une lune trop ou pas assez pleine. Tout bougeait lentement, s'enfonçait dans les abîmes. Les tresses dans le temps, les nudités coupables et les ruisseaux sur les pommettes. Et alors ?

Tout pourrait se volatiliser, maintenant. 

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