Cap d'espérance
Jean Claude Blanc
Cap d'espérance
Au bout de la jetée, là où se brisent les vagues
L'indicible horizon, dans la brume divague
Debout, les bras croisés, impassible, comblé
L'esprit figé, abstrait, du monde, suis le reflet
Résistant à l'ennui, à la mélancolie
Détaché de l'emprise, de mes mortels soucis
M'abreuve du roulis, des lames sur le rivage
Mouvements incessants, me renvoient mon image
Oublié, éconduit, j'en ai pris mon parti
Perclus de solitude, à l'ombre de mes nuits
Plus de haine, plus d'amour, plus d'envie, d'appétit
J'ai même renoncé, à plaire à mes Amis
Le blues, c'est ma tendance, souffrir en alternance
L'abime qui se profile, je l'ai prévu d'avance
Gardant par devers moi, mon cap d'espérance
Humaniste abusé, je dois prendre ma revanche
Est dépassé le temps, où je voulais dévorer
Cette vie à belles dents, de rêves extasiés
Ce n'était qu'illusion, bien mal m'en a pris
Pour les ans qu'il me reste, ranime mes énergies
Amère déception, pour nouvelle construction
Mon cœur va se forger, à la contradiction
Ces Etres qui m'entourent, qui m'ont tant fait la cour
M'en aperçois bien tard, la plupart des vautours
Sur mon embarcadère, qui s'ouvre sur l'océan
M'agrippe à mes idées, pour faire face au néant
Affronte mes épreuves, sans l'aide de personne
Ne voulant plus confier, mes tourments qui me sonnent
Alors, sans hésiter, je vais faire le ménage
Choisir mes fidèles, envoyer paitre les sages
Ces bandes de faux culs, qui vantent mes avantages
Lucide et silencieux, je mesure mon courage
Comme il faut mettre un nom, à tous mes états d'âme
M'attends aux commentaires, de ceux qui me condamnent
Pour mon oisiveté, à honorer les dames
Maniaque, torturé, pas bon à fréquenter
Inapte, invalide, pour vivre en société
J'ai pris une autre voie, ne plus me dévoiler
Sauf à quelques complices, triés sur le volet
Pas question de se plaindre, ni se congratuler
Seulement ensemble marcher, pour notre propre vérité
Apaisé philosophe, plus le goût de tancer
Mes soi-disant copains, apparemment intimes
En croyant les connaitre, n'y vois que des étrangers
Qui pour leurs intérêts, se fendent de combines
Assistant du social, sevré de mon passé
J'ai donné sans compter, aidé, réconforté
En retour, j'ai reçu, ma ration de soufflets
Mais ça m'a fait grandir, réaliste désormais
A plus de 60 ans, je touche à la vieillesse
La mienne, intérieure, je la pare de tristesse
Devenu paresseux, d'obsessions, libéré
Je vogue à l'improviste, selon mes codes secrets
Réserve à mes enfants, tendresse et connivences
Revenu au pays, en mon Auvergne chérie
Coutumes de mes ainés, ravivent ma conscience
Retiré, je le suis, mais sauvage insoumis
M'a fallu faire le vide, de lustres superflus
Pudique, difficile, de mettre mon cœur à nu
J'ai retrouvé enfin, l'état d'homme ordinaire
Cette fois, j'ai réussi, remettre les pieds sur Terre
Les femmes, les aventures, les laissent derrière moi
Promesses et prouesses, d'avenir, n'ai plus la foi
A force de revers, je ne sais plus aimer
Vieux garçon, endurci, me cache en mon terrier
Profite au jour le jour, ce qui peut m'exalter
Consultant mes humeurs, je fais ce qui me plait
Les serments pudibonds, me font rire, c'est du vent
Juste par condescendance, je joue le Don Juan
Sur ma digue suspendue, j'aspire l'occident
Là où le ciel se noie, dès que le soir descend
Moment de quiétude, l'espace d'un instant
Qui trouble mes pensées, de l'éternel enfant
Témoin de mon existence, je le serai toujours
Peut-être suis-je idéaliste, une sorte de vieux fou
Mon crâne en sa caverne, comme un génie s'éclaire
Balayant ses scories, à force de courants d'air
S'allument les étoiles, dans l'espace sidéral
Le crachin enveloppe, la mer de son voile
Mon angoisse s'estompe, au profond des ténèbres
Demain, il fera jour, et c'est pourquoi j'espère
Que je vais encore naitre, ravi et médusé
Serein et satisfait, de chimériques projets JC Blanc avril 2015