Cap ou pas cap ?
Gabriel Souleyre
Du haut de mes 33 ans je m'apprêtais pour la première fois à courir plus de vingt kilomètres et qui plus est dans les collines autour de mon village.
Trente kilomètres avec ce froid et ce vent, il fallait que je me trouve une occupation pendant ma course pour ne pas m'ennuyer !
J'eus alors la bonne idée quelques minutes avant mon départ de lancer Deezer pour passer les trois prochaines heures en compagnie de Jordi Savall et de G.F Haendel, que demander de mieux ?
Ce fût un départ frisquet mais agréable, accompagné par cette magnifique musique dans les sous bois de Saint Paul Les Fonts.
Tout ce passait comme sur des roulettes...oups des baskets, jusqu'au moment où le silence prit place dans mes écouteurs, m'expulsant de cet air baroque pour revenir à l'air glacial !
Il fallait s'y attendre, après vingt minutes de petites foulées j'étais à présent suffisamment éloigné de la civilisation pour ne plus recevoir le réseau et toutes les belles ondes qui vont avec !
Quel dommage de ne jamais avoir pris le temps de mettre un peu de musique sur mon téléphone, mais je lançais à tout hasard le lecteur audio au cas où...
Au programme musical, la bande son de la série Alf, Wild Child de Scorpion et Escualo de Piazzolla interprété par les frères Assad !
Le dernier morceau me donna un peu de peps pour continuer mon périple mais après l'avoir écouté en boucle quelques fois il fallait que je trouve une autre idée …
Mon mobile s'en chargea et me proposa toute la bande son de Samsung et de ses sonneries...
Les vingt minutes de foulées qui suivirent furent donc rythmées par les sonneries de mon téléphone jusqu'à ce que saturation se fasse et que j'éteigne définitivement mon appareil !
Mon système auditif fût suffisamment marqué par ces dernières minutes pour qu'elles deviennent source d'inspiration si je me mets un jour à la composition !
Arrivé à un nouveau palier, deux options s'offraient à moi :
L'appel à un ami, mais en ce jeudi parmi les deux qui auraient pu répondre, le premier avait pris la bonne résolution de travailler son mémoire et l'autre était plongé dans un sommeil profond pour la journée, pas de bol !!
Je pris l'autre option qui était la plus adéquat sur le moment, profiter de la nature environnante, des odeurs et du chant des oiseaux, qui n'étaient d'ailleurs pas très bavards en ce matin d'hier !
Je bondissais alors de pierre en pierre, essayant de me fondre dans le décors pour ne faire plus qu'un avec la nature malgré mon coupe vent bleu fluo et mes chaussures roses flash !
Madame nature en avait décidé tout autrement et m'arrêta net dans mon élan par le biais d'une jolie petite rivière qui bloquait l'accès à la suite du parcours.
Faire demi tour n'était pas prévu dans mon planning, impossible de rebrousser chemin si je voulais respecter les quatre vingt kilomètres imposés par le coach pour cette semaine !
Avec plusieurs rondins parsemés par très loin, je pus me confectionner un petit passage pour traverser et mon téléphone en profita par la même occasion pour essayer son premier saut à l'élastique !
Heureusement il manquait quelques centimètres à la longueur du câble de mes écouteurs pour qu'il puisse prendre son bain !
Un fois de l'autre côté, malgré le fait de m'être perdu de multiples fois et d'avoir passé un bon moment à faire des boucles dans un mini labyrinthe, je pus continuer sans encombres à arpenter les collines et sous bois de la région, bien que les derniers kilomètres furent douloureux et le sont toujours !
Sur ce je vous dis bonne soirée et « Vive le vent, vive le vent d'hiver ! »
Notes pour plus tard :
Ne jamais aller faire les courses avec trente kilomètres et plus de 650m de dénivelé dans les jambes, je me suis retrouvé à la caisse avec un caddie plus rempli que celui d'une famille de quatre personnes !
Lorsque tu pars avec un timing serré pour aller travailler et que la voiture tombe à moitié en panne (impossible de dépasser les cinquante kms/h) tu te dis que tu aurais plutôt dû faire ce trajet là en courant !