Caresse ennemie

Carine Valette Ayala

Poème prochainement publié dans un recueil franco-espagnol au Mexique.

Je n'aime pas tes distances. Que tu voyages.

Tu dis que tu veux respirer. Prendre l'air. Connaître le monde.

Mais le voilà.

Celui qui sera désormais notre monde.

Mon lit. Ton nouveau monde.

Ma main, ton nouvel horizon. Ton unique voyage.

Ma main. Ta menotte

elle sera douce parfois rude. Elle décide.

Elle s'aventure, en toi,

ferme les yeux et confond ton regard intérieur en excuse. Humide.

Elle s'étendra sur toi

comme une caresse ennemie. Toi qu'elle retient.

Sa force t'a nouée. A ce bois,

elle te somme de rester. Tes désirs

sont cloués à ses pulsations.

elle glisse un doigt dans cette bouche,

ferme les yeux et voyage dans ton antre.


Si tu la mords elle te gifle.

 

Je n'aimais pas quand tu partais.

Ton voyage est ici. Cloué à ce sommier.

Ma main est ton voyage

Ton unique horizon.

 

Si tu es sage elle écoutera tes mots

et tu pourras dicter où ses doigts glisseront.

Jeu, pupilles obéissantes, à toi de marcher dans son sens.

Ma main a le pouvoir.

Ni ton regard suppliant ni tes crachats

de haine ne pourront l'arrêter.

De haut en bas ma main imprime

ses mouvements à tes membres.

Les fait danser. Tu gigotes.

Dans le peu d'espace que le matelas t'octroie.

Tu te noies, mais si tu cesses tes jérémiades

pour accueillir ce nouveau monde

Alors tu ouvriras les yeux.

En écoutant ton corps, contre qui ma main joue.

Rien ne dévie son regard

Tactile.

Tes liens peuvent facilement se défaire

si tu accueilles l'évidence.

 

Alors tu ouvriras ton corps à cette main,

Ma main, experte. Celle du voyage. Inarrêtable.

Signaler ce texte