Carnaval et maçonnerie
oserlesmots
J'ai au fond de l'âme comme un goût de désespoir et en plein jour, parfois je me pare du noir de cette vie que je ne veux plus voir. Mais dans un sursaut d'effronterie, j'ai décidé de ne pas déposer les armes et à la place, je continue ce combat. Une bataille perpétuelle entre mon coeur et mon âme qui sont en duel. Alors de quelques briques, j'en ai fait un mur bien solide. Un bien opaque où on peut éventuellement entendre la rumeur de cette fête qui se joue de l'autre côté sans jamais en être l'invité. Cap maçonnerie en poche, je me suis également inscrite à un module de maquillage. Sait-on jamais, c'est toujours bien d'avoir plusieurs talents.
D'un nuage de poudre et d'un trait de crayon, de quelques estompes et autres artifices colorées, je grime ce visage où d'un sourire je l'habille sans sourciller. Brave petit soldat sur la première ligne qui fait tout pour préserver son unité. Rien ne doit paraître. Dans l'effort, ça transpire un peu. Evidemment. Forcément. Mais malgré tout, faut continuer de lutter et devant le soleil faut continuer à se prosterner même si en soi, c'est l'orage, la grêle et un écoulement de lave. Tout à la fois.
Bien sûr, ça ne se dit pas tout ça ou alors si difficilement car chacun ira de son commentaire, de son mot de réconfort pendant qu'en son for intérieur, on attend le silence et le vide. Pas que j'ai envie de diffuser un air de déprime, un petit air latin m'irait bien à moi aussi. Dans la danse, je me perd à la recherche de mes repères quand la musique est fini. Je sors de la sallle et le monde m'assaille. Fini de danser, voilà je recommence à trop penser. Oppressée je suis. Douleur dans la poitrine. Vacarme sous mon crâne.
Une aspirine...du sommeil...du dialogue....rien...tout...trop. Mutique, telle sera la délivrance. D'un masque j'invente le rouge, le jaune, le bleu...j'invente les couleurs primaires qui manquent à mon tableau qui a fini par devenir morose. Tiens, une syllabe qui a la teinte de mes joues les jours de grande bonté quand j'oublie tout ce ramdam.
De ma tête à mon coeur, j'ai creusé un sillon. Un trou bien profond. Un où à cache-cache personne ne pensera à me trouver. Foutaise de dire que ça va quand on joue au semblant toutes dents devant. Infinie tristesse de voir ce temps qui fout le camp. Inexorable fuite de mon humeur qui sans cesse subit les outrages de mes émotions. S'il s'agissait que d'un caprice, il serait sans doute plus simple de me raisonner. Peine perdue, la béance est réelle et ma raison s'écartèle. Une seule solution, retirer ce masque, détruire ce mur et m'abandonner à mon silence. Retraite nécessaire.
Derrière la porte on ignore tout de ce qu'il se passe. Inutile de vouloir jeter un oeil à travers le trou de la serrure. Il n'y aura rien à voir. J'ai éteint la lumière et je suis la seule à avoir accès à l'interrupteur.