carnet de bord de joseph l'ange gardien chap 2

fanche

Le deuxième chapitre

Ce qu'il me faudrait c'est un miracle, je pense, tandis que j'émerge suant de la cuisine. Les cheveux en bataille, des traces de rouge à lèvres partout sur les joues, je me recoiffe furieusement avec les mains au moment où les deux furies surgissent derrière moi, se faisant un plaisir de me décoiffer à nouveau. L'archange devrait être content, je me suis rapproché de la jeune fille, j'ai la place très enviée de souffre douleur attitré...
Je suis à ça du découragement quand je remarque un livre abandonné sur une table...

L'air coupable, je l'ouvre et le feuillete, un passage me parlant comme une douce amie, je le lis à voix haute :

Suis-je un Satan ? Lumière du Ciel ! Je m'en souviens encore ; j'aurais pleuré avec la première fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire. Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de la fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J'avais commencé à dire tout haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant; à Philippe ! J'entrai alors dans la vie, et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard ; l'humanité souleva sa robe et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueuse nudité. J'ai vu les hommes tels qu'ils sont, et je me suis dit : Pour qui est-ce donc que je travaille ?

Le voilà mon miracle, le signe que j'attendais. Il me faut me retrousser les manches et plonger dans la fange si je veux réussir à me rapprocher de ce Fléau de l'humanité en devenir. Je ne parviendrai pas à accomplir ma mission sans me salir les mains.
Ce texte sonne comme un avertissement contre les dangers d'une telle entreprise mais je ne me fais aucun souci. En tant qu'ange, je suis bien plus résistant à la tentation que l'un de ces faibles humains. Je saurai arpenter le fil étroit qui surplombe le vide de la déchéance sans tomber dans la corruption la plus totale.
C'est comme l'un de ces flics infiltrés dans les gangs, le tout c'est de ne pas oublier qui je suis.
Souriant, je disparais pour réapparaître quelques minutes plus tard...

_ Excusez mon retard !

_ Entres ! Dépêches-toi !

Je pousse la porte de la cuisine et regarde avec satisfaction Ludmilla figée la bouche grande ouverte. Mon nouveau look fait son petit effet, cheveux en pétard, Jean destroy, boots noires et tee-shirt anarchie, je suis vulgaire, négligé et totalement à la mode. Ça vous en bouche un coin hein ? Je gratifie la démone d'un clin d'œil
La guerre ne fait que commencer...


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