carnet de bord de Joseph l'ange gardien chap 8

fanche

Le dernier chapitre de la sage de jospeh, pour les plus courageux!!! écrit avec Nassiah 22

Je regarde autour de moi d'un air perdu. Observant dehors à travers la vitrine de la pizzeria, les passants ancrés dans leur quotidien paisible sur lesquels se superpose mon reflet marbré des marques rouges du livre sur lequel je m'étais assoupi.

Encore. M'installer à cette table avec de la lecture est devenu une habitude.
Je souris. Celui-ci c'est mon livre favori, je l'ai tellement lu que le pauvre tombe en miettes. C'est vraiment une bonne histoire même si le héros est  un cas...

Je ne comprends pas cette manière qu'ont les humains d'imposer de force leur façon de penser aux autres. Les guerres de religion et les dérives de la colonisation en sont un triste témoignage. Ils pensaient bien agir, les gens pensent toujours faire pour le mieux mais à partir du moment où on croit savoir mieux qu'une personne ce qui est bon pour elle alors on risque de s'égarer sur le chemin tortueux de la perdition. Parce que l'orgueil précède la Chute. Lorenzaccio, le personnage de cette pièce pensait agir pour le plus grand bien en commettant un meurtre mais la vérité c'est qu'il recherchait surtout la reconnaissance, il voulait sa place dans les livres d'histoire. C'était un jeune homme qui aimait les bouquins et les études et qui a décidé qu'il ne voulait plus de cette vie passive, il voulait devenir le héros plutôt que le spectateur. Il est devenu grand mais il fut surtout grandement détesté et grandement corrompu. Le diable disait : mieux vaut être Roi en enfer qu'esclave qu'au paradis

C'est une façon de penser mais inutile de vous dire qu'en tant qu'ange ce n'est pas la mienne.

Des rires de femmes s'échappent de la cuisine et je me dis que c'est ma bande son du bonheur, que la joie possède le même parfum de tomate qui empli cette gargote.

Je m'étire avec un grognement satisfait.

J'ai décidé d'être paresseux et de ne pas trop me fouler pour cette Mission. Sacré antéchrist, avec elle, le plus grand danger que court l'humanité c'est une razzia dans les magasins de fringues et un holdup up dans une confiserie..Bien sûr en tant que gardien, je demanderai ma part du butin.

Ma protégée est une gamine ordinaire avec ses défauts et ses qualités pas plus maléfique que n'importe quel humain. Je commence à la connaître depuis le temps... Ludmilla et moi, ça fait des années qu'on enchaîne les missions antéchrist sous différentes apparences, stagiaires, nouveaux voisins, correspondants étrangers... Les visages changent pas les bons moments, on l'a vu grandir cette gamine, elle est un peu comme notre fille....

Que les archanges aillent se faire voir avec leur délire paranoïaque et tant pis pour mes ailes, ça fait longtemps que je ne suis plus l'ange parfait car je suis un homme avant d'être le bon petit soldat de l'armée céleste , Ludmilla ne m'aimerai pas sinon.

Je les vois sortir de la cuisine avec des sourires jusqu'aux oreilles et le visage couvert de farine, elles ont l'air d'adorables fantômes.

_ Vous vous êtes bien amusés ?

_ Oh Josechou, tu n'es plus fâché ? Minaude ma démone en m'embrassant, effaçant en un clin d'œil l'agacement qui me prend à chaque fois qu'elle me gratifie de ce surnom idiot.

_ Le jetlag, tu le sais, me fait toujours dramatiser, ma petite sieste m'a fait du bien,  j'ai rêvé de toi...

Elle a un sourire coquin

_ Oh, dans ce cas je suis sûr que c'était un joli rêve

Je grimace un sourire en guise d'excuses pour mon attitude ronchonne de tout à l'heure. Je suis un homme après tout, avec l'orgueil qui va avec.

J'ai parfois du mal à accepter que ma femme se porte candidate sur les mêmes missions que moi car elle est persuadée que je suis incapable de me débrouiller sans elle. Il est vrai qu'elle doit régulièrement me sauver la peau comme cette fois où j'avais voulu pactisé avec un démon, erreur de jeunesse...

J'ai juste peur pour elle, que son empressement à m'aider l'amène à se trahir auprès de son supérieur démoniaque.

Je sais que je m'inquiète trop. Cela fait des années que nous arrivons à cacher notre relation à nos boss respectifs.

De toute façon elle est comme ça ma démone, toujours pétrie de bonnes intentions et même si celles-ci se soldent souvent par des catastrophes, je ne la changerai pour rien au monde.

_ Pas vraiment, je lui répond, mais tu contribuai à l''améliorer. J'ai rêvé de notre rencontre lors de la première mission antéchrist... Tu te souviens la fameuse fête qui s'est terminée en feux d'artifice quand toutes les grosses pontes ont débarqué ?

_ Comment est-ce ce que je pourrais l'oublier ?

Oui, en effet, comment ?
C'est cette nuit là qui avait signé le début de notre relation...

La lune nous regarde, tandis que nous observons la vue s'offrant à nous, parfait reflet du paradis  terrestre. Ici, nulle trace des  dégâts provoqués par les guerres que nous imposons aux humains, cela parait tellement loin...
La mama ayant sauté à la gorge de son ex après nous avoir fusillé du regard, Michaël en avait profité pour nous passer un savon sur notre irresponsabilité avant qu'un des lieutenants des enfers lui dise qu'il n'avait aucune remarque à faire à Ludmilla puisqu'elle n'était pas sous sa juridiction. C'était ensuivi une véritable bataille rangée anges et démons dans laquelle contre toute attente, la mama avait pris le parti de son ancien conjoint mais nous n'avions pas eu le temps de nous attarder sur son air triomphant. Me prenant par le bras, attrapant la petite de l'autre, Ludmilla nous avait téléporté loin de leurs bagarres d'adultes.

Je ramène mon regard  vers les deux "regazza".
Ludmilla caresse tendrement la tête de la fillette qui demeure un peu verte bien qu'elle ait déjà évacué une bonne partie de l'alcool lors de notre atterrissage pas très contrôlé... Je soupçonne la succube de l'avoir fait exprès...
Mais pas dans un but malveillant, a ce moment précis, elle n'est plus définie par son espèce, seulement par son sexe, cet instinct maternel franchit la barrière des races.
Malgré ses tentatives de perversion auxquelles je me soumets par stratégie, j'ai toujours su qu'elle était  capable de douceur, c'était imperceptible mais présent.
Sa mission est l'enfant, comme moi.
Je me prends à rêver, et si... Non c'est idiot de toute façon, ils nous retrouveraient...
Fuguer, c'est courant chez les ados...
Mais nous sommes des soldats, Ludmilla et moi, nous n'avons pas la même liberté que les jeunes mortels...
Perdu dans mon introspection, je ne me suis pas aperçu qu'elle
s'était approché en laissant la petite à sa contemplation.
Elle parait songeuse, sans sourire ou penser à exploiter son corps, je la trouve d'autant plus belle sans tous ses artifices.
Nos corps se frôlent...

- On est ennemis !

Ce n'est pas une question ni une affirmation d'ailleurs. À peine un constat désolant de notre relation.

-Tu en a marre de tout cela, tu es prêt a te corrompre. Regardes ce paysage!

Je ne comprend pas où elle veux en venir, sur mes gardes je la fixe.

- Tu veux renoncer à cela, cette beauté. Je n'ai pas toujours été déchue et moi aussi je ai marre, de ces combats, de cette souffrance, la mienne celle des autres. Et cet enfant elle n'a rien demander, qu'ils la laissent tranquille !

Je dois être ce qui se rapproche le plus de l'expression dites du Merlan frit. Mon sang se glace, elle tente une approche que je n'avais pas vu venir, un vrai retournement de situation.
J'ai joué avec le feu, prêt à me brûler les ailes et cela sans regret mais j'ai peur de ce qu'elle va m'annoncer.

-Elle n'a rien demandé, nous non plus, pourquoi subir encore et encore et puis il y  des choses, ces choses ici elle pointe son index vers son cœur -et ici elle montre sa tête, je ne les explique pas, c'est la première fois depuis si longtemps.

Je la regarde dans les yeux, il n'y a plus trace de perfidie, la
vache si elle joue la comédie, elle est très forte, non on ne joue
plus ni l'un ni l'autre, on est juste deux jeunes voulant vivre!

_"Vous aller me ramener à la maison?

-Non!

Cela sort plus du cœur que de nos bouches et surprend la fillette. Nous ne sommes plus ni ange ni démon ni antéchrist seulement des enfants, des enfants qui se regardent soudain d'un air entendu avant de s'éclipser en riant.


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