Cas de conscience 1 - Le portefeuille de l'embrouile

Patrick Mermaz

Quatre adolescentes se retrouvent face à un choix en découvrant dans un parc un portefeuille rempli d’argent ? Doivent-elles l'amener à la police, garder l’argent ou le redéposer par terre ?

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CAS DE CONSCIENCE 1 - LE PORTEFEUILLE DE L'EMBROUILLE

de Patrick Mermaz

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4 personnages : 4 filles

durée de la pièce : 10 minutes

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pièce pour les ateliers théâtre 9 / 11 ans

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Liste des personnages

Adèle, collégienne.

Valentine, collégienne.

Judith, collégienne.

Charlotte, collégienne.

 

Décors

L'histoire se déroule dans le parc d'une ville. Un banc au milieu du parc.

 

Costumes

Aucun costume particulier.

 

SCENE UNIQUE : ADELE / VALENTINE / CHARLOTTE / JUDITH

Quatre collégiennes se promènent dans un parc. Sur leur chemin se trouve un portefeuille perdu devant un banc.

ADELE (en râlant) : Il était nul ce film !

VALENTINE (souriante) : Non, moi j'ai bien aimé. Et toi ?

CHARLOTTE (angoissée) : A vrai dire, j'ai eu un peu peur.

JUDITH (maussade) : Moi, j'ai rien compris.

VALENTINE (voyant le portefeuille) : Eh ! Regardez les filles ! Un portefeuille !... (Elle le ramasse et à la cantonade en levant le portefeuille en l'air) Quelqu'un a perdu un portefeuille !!!... Y'a un portefeuille par terre !... Personne !? Bon.

ADELE (intéressée) : Vas-y, ouvre-le qu'on voit ce qu'il y a dedans.

CHARLOTTE (inquiète) : Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée.

JUDITH (impatiente) : Bon, on y va oui ou non. J'ai pas que ça à faire, moi. En plus, j'ai l'impression qu'il va pleuvoir.

VALENTINE (faisant l'inventaire du portefeuille) : Alors, ce portefeuille appartient à monsieur Martin… Eh ben, il va être bien embêté… Regardez ça : carte de crédit, permis de conduire, carte d'identité, carte vitale, photos de famille… Et ?... holà ! Vous voyez ce que je vois : il y a au moins cent euros (ou dollars, ou la devise du pays où est jouée la pièce) en billets de dix là-dedans.

ADELE (se frottant les mains) : Génial !

CHARLOTTE (inquiète) : Ça sent pas bon tout ça. C'est surement un piège.

JUDITH (agacée) : Bon, moi si on ne se décide pas, j'y vais !

VALENTINE : J'ai une idée : il y a un commissariat pas très loin d'ici. Je propose qu'on ramène le portefeuille à la police, comme ça il se chargeront de retrouver monsieur Martin… Et qui sait, s'il est reconnaissant et généreux, il nous donnera peut-être une récompense. Qu'est-ce que vous en pensez ?

ADELE (horrifiée) : T'es malade ou quoi !... Tu sais ce qu'on peut faire avec cent euros !?... Non, non, on se partage le fric et on fout le portefeuille dans les égouts. Ni vu, ni connu, j't'embrouille et à nous la belle vie !

VALENTINE : N'importe quoi ! Tu sais comment ça s'appelle ce que tu veux faire ? Ça s'appelle du vol !

ADELE : Je m'en fiche complètement, il n'avait qu'à pas le perdre !

VALENTINE : Tu sais que ça coute beaucoup d'argent de faire refaire tout ce qu'il y a dans ce portefeuille. Et si c'était toi qui avais perdu ton portefeuille, tu aimerais qu'on te fasse la même chose ?

ADELE : Rien à foutre !

VALENTINE : Dans le fond, t'es qu'une racaille. J'me demande comment tu fais pour être ma sœur.

ADELE : Ouais, des fois j'me le demande aussi. Allez, passe l'argent et dépêche-toi.

VALENTINE (à Charlotte) : Et toi, t'en penses quoi ?

CHARLOTTE : Moi, je dis qu'il faut reposer le portefeuille par terre et s'en aller vite fait avant qu'on ait des ennuis.

ADELE : T'es malade ou quoi !?

CHARLOTTE : J'ai pas envie qu'on m'accuse de l'avoir volé. (Montrant subitement quelque chose devant elle) Là !!! Regardez ! Une caméra de surveillance ! Je suis sûre qu'ils ont déjà tout filmé… Et là-bas ! Un gyrophare de police !... Merde, merde ! Je sens qu'on va se faire embarquer par les flics !... Mes parents vont me tuer !

JUDITH : Vas-y, calme-toi !... Quelle trouillarde celle-là… C'est pas une caméra ça, c'est juste un lampadaire… Et ton gyrophare, c'est celui d'une ambulance… N'importe quoi, celle-là !...

CHARLOTTE : Oui, mais quand même ça fait flipper.

JUDITH : Vous commencez à me prendre la tête toutes les trois !

VALENTINE (à Judith) : Qu'est-ce que tu ferais, toi ? Miss je me fous de tout.

JUDITH : Mais vous faites ce que vous voulez avec votre truc, c'est votre problème. Moi, j'ai juste envie de rentrer et d'aller me coucher.

VALENTINE : C'est sûr que ton point de vue va beaucoup nous aider… Non, c'est décidé. Comme c'est moi qui ai trouvé ce portefeuille, je dis qu'on va aller au commissariat.

ADELE (hurlant) : Quoi !?

VALENTINE : Qui vient avec moi ?

CHARLOTTE : Non désolé, je ne veux pas être accusée de complicité, je ne tiens pas à aller en prison… Salut, je me casse.

Elle sort en courant.

VALENTINE : Et toi ?

JUDITH : Vous me soûlez avec votre histoire. Moi, je me barre. On se voit demain au bahut.

Elle sort en râlant.

ADELE : Ça y est, j'ai compris… bien joué !... T'as raison, vaut mieux partager en deux qu'en quatre, ça nous fera plus de pognon.

VALENTINE : Non, t'as vraiment rien compris… Je vais vraiment ramener ce portefeuille à la police et rien ne me fera changer d'avis.

ADELE : T'es une grande malade, tu sais ça !?... Si t'étais pas ma sœur, il y a longtemps que je t'aurais éclaté la gueule et que je me serais tirée avec le fric… Ça me fout en l'air des conneries pareilles… (En partant) Cent euros, j'y crois pas !...

Elle sort furieuse.

VALENTINE : Eh bien, sympa la frangine !

Elle va pour partir, se ravise, réfléchit et regarde autour d'elle. Ne voyant personne, elle ouvre le portefeuille, en sort l'argent et jette le portefeuille derrière le banc. Elle se met ensuite à compter les billets. Brusquement, elle s'arrête de compter et regarde les spectateurs.

VALENTINE : Quoi ?... Ça vous choque ?... Ah oui ?... (Elle met l'argent dans sa poche) Et vous, qu'auriez-vous fait à ma place ?.... Vous vous dite : quelle garce, cette fille !... Elle se fâche avec ses copines et sa sœur, leur ment et vole ce qui ne lui appartient pas… Bonjour la morale !... Vous, par contre, vous seriez allés au commissariat de police pour rendre et le portefeuille et l'argent... Allons, un peu de franchise et de sincérité… Tous les jeunes dans cette salle auraient fait comme moi… Et entre nous, je ne peux pas me permettre de faire la fine bouche devant six mois d'argent de poche… Mais peut-être que pour vous les adultes, la somme vous semble dérisoire et que cela ne vaut pas la peine de prendre des risques pour si peu… Rajoutons alors un petit zéro à ce billet de 100 euros et posez-vous la question de savoir si, par les temps qui courent, vous resteriez indiffèrent à 1000 euros en liquide… Je vous laisse méditer la dessus et celui ou celle qui me dira qu'il n'est pas tenté par cet argent est soit un hypocrite soit un saint… Bonne soirée.

Elle va pour sortir, s'arrête, réfléchit puis revient sur ses pas. Elle va derrière le banc où elle reprend le portefeuille.

VALENTINE (aux spectateurs) : On ne sait jamais, des fois que le propriétaire me récompense pour lui avoir rapporté son portefeuille.

Elle sort.

FIN

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