Cas de conscience 3 - Le clochard

Patrick Mermaz

Cinq jeunes sortant d’un fast-food croisent le chemin d’un clochard. L’un deux décide de lui donner de l’argent. Quant aux quatre autres, leur générosité s’avère beaucoup moins évident.

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CAS DE CONSCIENCE 3 - LE CLOCHARD

de Patrick Mermaz

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5 personnages : 4 filles / 1 garçon

durée de la pièce : 10 minutes

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pièce pour les ateliers théâtre 9 / 11 ans

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Liste des personnages :

Vincent, collégien

Lilas, collégienne

Sophie, collégienne

Jade, collégienne

Sabrina, collégienne

 

Décors :

L'histoire se déroule dans une rue.

 

Costumes :

Aucun costume particulier.

 

SCENE 1 : VINCENT / LILAS / SOPHIE / JADE / SABRINA

 

Un groupe de collégiens sort d'un fast-food

 

SABRINA : J'adore les hamburgers !

JADE : J'en mangerai tous les jours si je m'écoutais.

VINCENT : Et tu deviendrais grosse comme une baleine.

LILAS : Bon allez, on rentre.

SOPHIE : On va pas au cinéma ?

LILAS : Trop cher, je suis pas Crésus.

SABRINA : C'est qui celui-là encore ?

LILAS : Laisse tomber, c'est de la culture.

SOPHIE : Eh regardez là-bas, il y a un clochard !

JADE : Il a l'air mal en point.

SOPHIE : Allez, passez-moi un peu de monnaie. On va lui donner quelques pièces.

SABRINA : Ça va pas la tête ! Tu ne crois pas sérieusement que je vais donner mon argent de poche pour nourrir un clodo ?

SOPHIE : Mais attend, tu ne vas pas me dire que tu ne peux pas donner un euros ou deux pour qu'il mange ?

SABRINA : Mes parents, ils me filent que dix euros par mois, je te ferais dire !

SOPHIE : T'en a toujours plus que lui.

SABRINA : Rien à faire, je donne pas mes sous.

SOPHIE : Et vous ?

LILAS (Fouillant ses poches): Nous, on veut bien lui donner quelques pièces mais on ne va pas le voir.

 

Jade et Lilas donne un peu de monnaie à Sophie.

 

SOPHIE : Mais pourquoi ça ? Il n'a pas l'air méchant.

LILAS : Mais tu n'as pas vu son chien à côté de lui ? A moi, il me fait super peur.

JADE : Et en plus, le clochard il doit avoir plein de maladies contagieuses. Ma mère m'a dit que certains d'entre eux ont la gale.

LILAS : C'est vrai, c'est contagieux. Nous, on ne veut pas attraper des boutons.

SOPHIE : Et toi, Vincent ? T'as pas un peu de monnaie pour lui ?

VINCENT : Fais gaffe Sophie. Dans un jeu vidéo, j'ai vu un vampire qui se déguise en clochard pour attraper ses victimes.

SOPHIE : Et alors ?

VINCENT : Et alors, il pourrait te bondir dessus, te mordre, se transformer en chauve-souris et s'enfuir dans les airs.

SOPHIE : N'importe quoi ! Tu devrais passer moins de temps devant ta télé et vivre plus dans la vraie vie… Bon alors, personne ne vient avec moi ?

SABRINA : Et qui te dis qu'il ne va pas utiliser ton argent pour s'acheter de l'alcool ou nourrir son cabot ?

SOPHIE : D'accord, eh bien, dans ce cas, si tu veux on retourne au fast-food et on lui achète à manger.

SABRINA : Pas le temps.

LILAS : Allez vient Sophie, on connait un raccourci. Comme ça, on n'est pas obligé de passer devant lui.

JADE : Moi, j'ai pas envie de me faire mordre. Qui te dit qu'il n'a pas la rage son chien ?

VINCENT : Dans un autre jeu vidéo, il y avait un policier qui s'était déguisé en clochard pour surveiller des gangsters…

SOPHIE : Ce n'est pas possible d'entendre des bêtises pareilles. Bon et bien puisque c'est comme ça, j'y vais toute seule.

JADE : Non, n'y va pas !

SABRINA : Laisse-là ! C'est son problème !

SOPHIE : On se voit demain au collège. Salut !

 

Sophie sort.

 

LILAS : Je ne sais pas si on fait bien de la laisser y aller toute seule ?

JADE : Peut-être pas, mais en tout cas, le chien, il me fait trop peur.

SABRINA : Attention Jade ! Derrière toi !

JADE (se retournant brusquement): Quoi ! Qu'est-ce qui y'a !?

SABRINA : Fait attention !… Y'a ton ombre.

 

Sabrina éclate de rire.

 

JADE : Ça, c'est malin !

VINCENT : On va quand même l'attendre… Je voudrais voir le moment où le gars va se métamorphoser en zombie.

SABRINA : Tu peux pas nous lâcher avec tes jeux.

LILAS : Regardez, le clochard se lève.

JADE : Qu'est-ce qu'il a à s'exciter comme ça le chien ?

LILAS : On dirait qu'il lui fait la fête. Il n'a pas l'air si terrifiant que ça ton molosse.

SABRINA : Elle ne va pas lui faire la bise quand même !

JADE : Ah trop dégoutant !

LILAS : Ça a quand même l'air de lui faire plaisir l'argent qu'elle lui donne.

SABRINA : Tu m'étonnes ! Il ne va pas lui cracher dessus non plus.

 

Sophie revient.

 

SOPHIE : Vous êtes encore là vous autres ? Ça va, vous n'avez pas eu trop peur ? Le spectacle vous a plu ?

VINCENT : C'est nul, il ne s'est rien passé !

SOPHIE : Tu t'attendais à quoi ? A ce qu'il se transforme en super-héros ou en monstre poilu ?

VINCENT : Ça aurait pu être rigolo.

SOPHIE : Pour toi seulement. Ce que tu vois là, c'est juste la réalité de tous les jours. Il y a des gens qui sont heureux et d'autres qui le sont moins, comme ce monsieur par exemple.

SABRINA : C'est ça, allez vas-y, balance-nous une tartine de morale. T'essaye quoi au juste ? De nous culpabiliser ou quoi !? Tu veux pas qu'on pleure aussi !?... C'est bon, maintenant que t'as soulagé ta conscience, on se casse !

SOPHIE : De toute manière, toi t'as pas de cœur.

SABRINA : Moi, j'aurai du cœur quand j'aurai de l'argent. En attendant c'est chacun sa merde !

SOPHIE : Laisse tomber, tu veux même pas essayer de comprendre.

LILAS : En tout cas, grâce à nous, tu viens de faire une bonne action.

SOPHIE : Eh ben, tu ne manques pas de culot, toi !

LILAS : Ben quoi, c'est vrai. C'est notre argent que tu lui as donné.

JADE : Attend ! Ça veut dire que nous aussi alors on a fait une bonne action.

LILAS : T'as raison, c'est maman et papa qui vont être fiers de nous !

JADE : Tu crois qu'on leur dira ?

LILAS : Pourquoi ? Tu penses qu'on pourrait se faire disputer ?

SABRINA : Sophie, regarde. Y'a ton copain qui te fait signe.

 

Sophie lui renvoi son salut.

 

SABRINA : C'est beau l'amitié… Bon, ça me saoule ! Moi je te laisse avec ton nouveau pote. Et je ne te fais pas la bise, on ne sait jamais ce que t'as pu chopper.

 

Sabrina sort.

 

SOPHIE : En voilà une qui ne risque pas de travailler dans l'humanitaire.

LILAS : C'est moche comme mentalité.

SOPHIE : Un monde parfait, ça n'existe pas, que veux-tu.

VINCENT : Si, j'ai un jeu comme ça moi, ça s'appelle « Perfect World II ».

JADE : Toi, le jour où les martiens débarqueront, tu ne seras pas dépaysé.

VINCENT : Tiens justement en parlant de martiens, il y a un super jeu vidéo qui vient de sortir. C'est « Invasion Aliens VI ». Mais, il me manque dix euros pour me l'acheter. Vous ne pourriez pas me prêter un peu d'argent.

 

Les filles lui lancent un regard noir et s'en vont sans lui adresser la parole.

 

VINCENT : Ben quoi, qu'est-ce que j'ai dit ?

 

FIN

 

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