Catapulte

clouds6

Si je pouvais envoyer mon âme au Diable, la catapulter aux enfers.

Connais-tu cela, toi ?
Le vide qui t'enserre le cœur à chaque respiration, les fantômes qui t'accompagnent et s'engouffrent en toi, le silence assourdissant de mille cymbales dans ton crâne, l'écho qui résonne de toutes ces voix depuis longtemps perdues. Connais-tu l'amour qui meurt, le coeur qui sèche, les yeux sur lesquels plus rien ne s'attarde, le bout des doigts qui ne palpe plus que l'ombre ?
Sais-tu comme il est dur de rester éveillé dans un monde où tout s'est éteint ? Où tout a basculé, comme il est dur de rester debout ? L'esprit sens dessus dessous.
Ils sont loin ces moments de lumière, et aussi furent-ils brefs qu'ils étaient intenses...
Alors, toi aussi, tu as les cils inondés de douleur ? Les draps gelés d'être un spectre au cœur de glace, le dos en sueur de devoir t'allonger là au-dessus du vide, les oreilles qui bourdonnent de n'entendre que l'absence...
Les souvenirs sont terribles car si lointains et si vifs pourtant. À quel siècle sommes-nous déjà ? Depuis combien de temps suis-je ici ? Tapie dans le noir à attendre que tu comprenne. À patienter, que le dégoût de toi et que le dégoût de moi s'accordent enfin à disparaître.
Sais-tu comme les dents peuvent claquer de ne plus savoir sortir un son de cette bouche ? Comme le regard peut ternir, comme l'envie peut moisir. Comme abdiquer est souvent la seule solution...
Je te souhaite de le connaître. Cet état végétatif de l'âme qui croupit.


Peut-être ainsi te haïrais-je un peu moins.

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